Le petit Ayerdhal vient au monde en 1959. Très vite, il dévore la bibliothèque paternelle qui pour une bonne part est remplie de SF. Au fil de ses lectures, il tombe amoureux de Frank Herbert, au point que lorsque celui-ci partira pour d'autres cieux, Ayerdhal s'arrêtera de lire pendant 4 ans (à part quelques BD, et encore). C'est dire si l'auteur de Dune tient une place importante dans sa vie. D'ailleurs, on retrouve très nettement l'influence d'Herbert dans ses écrits. Son ombre plane franchement sur des œuvres comme L'Histrion, et dans une moindre mesure, La Bohème et l'Ivraie, au point qu'un journaliste parlera de mimétisme en ce qui concerne L'Histrion, sans qu'Ayerdhal semble gêné. Il faut dire que ce roman possède un goût prononcé pour la géopolitique et la description approfondie des différentes factions, thématiques largement utilisées par Frank Herbert. La similitude devient flagrante lorsque les paragraphes s'ouvrent sur une petite phrase dignes de Dune et quand Ayerdhal rend hommage à Frank Herbert dans les premières pages. Mais n'allons pas trop vite en besogne dans sa vie littéraire. Pour l'instant, nous n'en sommes pas encore là. Ayerdhal est encore enfant, ne s'est pas trouvé de pseudonyme et se contente simplement d'ingurgiter de nombreux bouquins...
Ses débuts dans l'écriture semblent très spontanés. Lorsqu'on lit l'interview qu'il nous a accordé en 2000, on a l'impression qu'il s'est décidé d'un seul coup, comme une décision qu'on prend le matin au réveil du genre "tiens, et si je faisais écrivain aujourd'hui" ! Il est difficile de voir la part de vérité là dedans (le processus a certainement été plus long), par contre, il semble bien n'avoir pas suivi le chemin traditionnel des auteurs de SF avec la publication préalable de nouvelles dans différents fanzines, avant de passer au roman. Non, pour Ayerdhal, la première oeuvre éditée fut un roman et quel roman !
1990 : le désert !
Souvenons nous du contexte. Nous sommes en 1990 et on ne peut pas dire qu'il fasse véritablement bon d'être écrivain de SF dans l'hexagone. A part le Fleuve Noir et sa collection Anticipation, peu d'éditeurs publient de romans français. Et encore posent-ils de nombreuses conditions préalables. Les livres du Fleuve ne doivent pas dépasser les 250 pages (180, c'est même mieux...) et comporter leur indispensable quota d'actions et de rebondissements. Côté presse, à part quelques fanzines et l'agonisant magazine Fiction, il n'y pas grand chose non plus. Bref, pour les auteurs français, c'est le désert...
C'est dans ce contexte qu'Ayerdhal arrive sur l'échiquier. Et dès le départ, il fait fort ! Loin de se contenter des 250 pages classiques, il livre pour son premier roman un pavé de 1000 pages, La Bohème et l'ivraie. Second coup de tonnerre, ce livre a pour destination les étoiles, alors que le Space Opéra semblait être un privilège réservé aux seuls anglo-saxons (à l'époque...). Bien sûr, ce roman sera saucissonné en quatre, mais il annonce un retour au space opéra et une explosion du format. L'année d'après, en 1991, il remet ça en livrant Mytale à la tronçonneuse du Fleuve qui en fera 3 tomes. Ne supportant pas ces découpages et la politique de l'éditeur, il saisit l'opportunité en 1993 de partir du côté des éditions J'ai Lu. La situation de notre auteur et le contexte en France pour la SF ont alors légèrement évolué. La Science Fiction est saisie d'un nouveau souffle et les ventes augmentent. De plus Ayerdhal vient de recevoir en 1993 le Grand Prix de l'Imaginaire pour son roman Demain une oasis. En trois ans passés au Fleuve Noir, il aura livré cinq romans et onze volumes !
Chez J'ai Lu, il commence alors une oeuvre ambitieuse, l'Histrion, premier tome de 400 pages d'une histoire inspirée par l'oeuvre d'Herbert, et complétée par Sexomorphoses. Désormais, à part un dernier roman au Fleuve (Polytan), Ayerdhal restera chez J'ai Lu. Il peut y faire les romans de la longueur qu'il souhaite, et en plus, il a entraîné son ami Francescano derrière lui pour illustrer ses livres.
Chef de file !
Ce passage, exceptionnel à l'époque pour un auteur français, et les oeuvres publiées par la suite font de lui une tête d'affiche. Très vite, on le considère comme le chef de file de la SF française. Cette étiquette lui colle tellement à la peau que les éditions J'ai Lu (à moins que cela ne soit de sa propre initiative) lui demandent de réaliser une anthologie d'auteurs Français. Genèses est né ! Ce recueil, dans lequel on retrouve Richard Canal, Serge Lehman, Jean-Marc Ligny, Jean-Claude Dunyach... fit grand bruit à l'époque. Pensez donc ! C'était la première anthologie francophone depuis près de quinze ans !
Grâce à elle, et à tout ce que nous avons évoqué avant, Ayerdhal va être souvent cité désormais comme l'auteur qui, avec Pierre Bordage, a relancé l'intérêt du public pour les auteurs français de SF. Cette image de tête de file perdure encore aujourd'hui. C'est ainsi que le journal Le Monde lui a consacré un portrait lors de la publication de deux de ses nouvelles au mois d'Août 99, et Serge Lehman, dans l'anthologie Escale sur l'Horizon écrit : " C'est donc avec humilité et gratitude que l'anthologiste (et ami) qui rédige ces lignes paye sa dette : sans Ayerdhal, nous ne serions pas là. Ni vous, ni moi ". C'est dire si l'image du sauveur lui colle à la peau !
De rééditions en nouveautés...
Pendant ce temps, Ayerdhal continue à écrire bien sûr, et les éditions J'ai Lu comme le Fleuve Noir rééditent très régulièrement ses livres, signe que c'est un auteur dont les ventes marchent bien. Ce phénomène de réédition, qui a commencé en 1994-95, continue encore aujourd'hui. Et depuis quasiment tous ses romans ont été republiés sous de nouvelles maquettes, que ce soit Parleur (devenu dans la foulée Chroniques d'un rêve enclavé), Demain une Oasis, La Bohème et L'Ivraie ou bien encore Cybione ou Balade Chroïale. Des œuvres engagées pour la plupart et qui lui vaudront d'être choisit par Jean-Bernard Pouy pour inaugurer la collection Macno aux éditions Baleine. Une série qui se voulait de gauche et de science fiction.
L'un des grands coups d'Ayerdhal remonte à mai 1999, avec la publication d'un roman fleuve : Etoiles Mourantes. Ecrit en collaboration avec son ami Jean-Claude Dunyach, ce livre ambitieux a entraîné des réactions fantastiques d'enthousiasme ou au contraire, de rejet épidermique. Toujours est-il que ce roman a reçu le prestigieux (et bien payé) prix Tour Eiffel 1999 et a montré, s'il en était encore besoin, que des français pouvaient faire du space opéra imposant tant en taille qu'en profondeur. La suite fut un petit peu moins rose. Car depuis cette date et jusqu'à Transparence, Ayerdhal n'avait presque plus rien publié. En tout cas plus rien de véritablement marquant au regard de la qualité de sa bibliographie. Les fans se sont bien sûr jetés sur L'homme aux semmelles de foudre et les suites de Cybione, mais il n'y avait pas là de quoi crier aux chefs d'œuvres ou retrouver la force de ses romans précédents. Seule véritable éclaircie, la publication par Imaginaires sans frontière d'un recueil de ses nouvelles : La logique de l'Essaim.
Sans doute Ayerdhal a-t-il été très occupé ces dernières années. D'abord par la révolte et la contestation dans le but d'améliorer la condition des auteurs. En 2000 il a en effet tapé du poing sur la table en rédigeant le Droit du serf, plaidoyé pour de nouvelles relations avec les éditeurs et surtout de nouveaux contrats. Une initiative qui a mobilisé bon nombre d'auteurs de science fiction. Ensuite il s'est lancé dans Transparences, projet qui lui a demandé un travail phénoménal. Mais quel roman ! En 550 pages il livre un trhiller d'une intensité qui fera date dans sa carrière. Reste maintenant à voir la suite. Est-ce un tournant ? Une nouvelle voie qu'il va emprunter ? Apparemment pas forcément si l'on en croit son interview. Et finalement pas la peine de tirer des plans sur la comète. Seul Ayerdhal sait de quoi son avenir littéraire sera fait et ce qu'il nous prépare comme suprises.
Ses débuts dans l'écriture semblent très spontanés. Lorsqu'on lit l'interview qu'il nous a accordé en 2000, on a l'impression qu'il s'est décidé d'un seul coup, comme une décision qu'on prend le matin au réveil du genre "tiens, et si je faisais écrivain aujourd'hui" ! Il est difficile de voir la part de vérité là dedans (le processus a certainement été plus long), par contre, il semble bien n'avoir pas suivi le chemin traditionnel des auteurs de SF avec la publication préalable de nouvelles dans différents fanzines, avant de passer au roman. Non, pour Ayerdhal, la première oeuvre éditée fut un roman et quel roman !
1990 : le désert !
Souvenons nous du contexte. Nous sommes en 1990 et on ne peut pas dire qu'il fasse véritablement bon d'être écrivain de SF dans l'hexagone. A part le Fleuve Noir et sa collection Anticipation, peu d'éditeurs publient de romans français. Et encore posent-ils de nombreuses conditions préalables. Les livres du Fleuve ne doivent pas dépasser les 250 pages (180, c'est même mieux...) et comporter leur indispensable quota d'actions et de rebondissements. Côté presse, à part quelques fanzines et l'agonisant magazine Fiction, il n'y pas grand chose non plus. Bref, pour les auteurs français, c'est le désert...
C'est dans ce contexte qu'Ayerdhal arrive sur l'échiquier. Et dès le départ, il fait fort ! Loin de se contenter des 250 pages classiques, il livre pour son premier roman un pavé de 1000 pages, La Bohème et l'ivraie. Second coup de tonnerre, ce livre a pour destination les étoiles, alors que le Space Opéra semblait être un privilège réservé aux seuls anglo-saxons (à l'époque...). Bien sûr, ce roman sera saucissonné en quatre, mais il annonce un retour au space opéra et une explosion du format. L'année d'après, en 1991, il remet ça en livrant Mytale à la tronçonneuse du Fleuve qui en fera 3 tomes. Ne supportant pas ces découpages et la politique de l'éditeur, il saisit l'opportunité en 1993 de partir du côté des éditions J'ai Lu. La situation de notre auteur et le contexte en France pour la SF ont alors légèrement évolué. La Science Fiction est saisie d'un nouveau souffle et les ventes augmentent. De plus Ayerdhal vient de recevoir en 1993 le Grand Prix de l'Imaginaire pour son roman Demain une oasis. En trois ans passés au Fleuve Noir, il aura livré cinq romans et onze volumes !
Chez J'ai Lu, il commence alors une oeuvre ambitieuse, l'Histrion, premier tome de 400 pages d'une histoire inspirée par l'oeuvre d'Herbert, et complétée par Sexomorphoses. Désormais, à part un dernier roman au Fleuve (Polytan), Ayerdhal restera chez J'ai Lu. Il peut y faire les romans de la longueur qu'il souhaite, et en plus, il a entraîné son ami Francescano derrière lui pour illustrer ses livres.
Chef de file !
Ce passage, exceptionnel à l'époque pour un auteur français, et les oeuvres publiées par la suite font de lui une tête d'affiche. Très vite, on le considère comme le chef de file de la SF française. Cette étiquette lui colle tellement à la peau que les éditions J'ai Lu (à moins que cela ne soit de sa propre initiative) lui demandent de réaliser une anthologie d'auteurs Français. Genèses est né ! Ce recueil, dans lequel on retrouve Richard Canal, Serge Lehman, Jean-Marc Ligny, Jean-Claude Dunyach... fit grand bruit à l'époque. Pensez donc ! C'était la première anthologie francophone depuis près de quinze ans !
Grâce à elle, et à tout ce que nous avons évoqué avant, Ayerdhal va être souvent cité désormais comme l'auteur qui, avec Pierre Bordage, a relancé l'intérêt du public pour les auteurs français de SF. Cette image de tête de file perdure encore aujourd'hui. C'est ainsi que le journal Le Monde lui a consacré un portrait lors de la publication de deux de ses nouvelles au mois d'Août 99, et Serge Lehman, dans l'anthologie Escale sur l'Horizon écrit : " C'est donc avec humilité et gratitude que l'anthologiste (et ami) qui rédige ces lignes paye sa dette : sans Ayerdhal, nous ne serions pas là. Ni vous, ni moi ". C'est dire si l'image du sauveur lui colle à la peau !
De rééditions en nouveautés...
Pendant ce temps, Ayerdhal continue à écrire bien sûr, et les éditions J'ai Lu comme le Fleuve Noir rééditent très régulièrement ses livres, signe que c'est un auteur dont les ventes marchent bien. Ce phénomène de réédition, qui a commencé en 1994-95, continue encore aujourd'hui. Et depuis quasiment tous ses romans ont été republiés sous de nouvelles maquettes, que ce soit Parleur (devenu dans la foulée Chroniques d'un rêve enclavé), Demain une Oasis, La Bohème et L'Ivraie ou bien encore Cybione ou Balade Chroïale. Des œuvres engagées pour la plupart et qui lui vaudront d'être choisit par Jean-Bernard Pouy pour inaugurer la collection Macno aux éditions Baleine. Une série qui se voulait de gauche et de science fiction.
L'un des grands coups d'Ayerdhal remonte à mai 1999, avec la publication d'un roman fleuve : Etoiles Mourantes. Ecrit en collaboration avec son ami Jean-Claude Dunyach, ce livre ambitieux a entraîné des réactions fantastiques d'enthousiasme ou au contraire, de rejet épidermique. Toujours est-il que ce roman a reçu le prestigieux (et bien payé) prix Tour Eiffel 1999 et a montré, s'il en était encore besoin, que des français pouvaient faire du space opéra imposant tant en taille qu'en profondeur. La suite fut un petit peu moins rose. Car depuis cette date et jusqu'à Transparence, Ayerdhal n'avait presque plus rien publié. En tout cas plus rien de véritablement marquant au regard de la qualité de sa bibliographie. Les fans se sont bien sûr jetés sur L'homme aux semmelles de foudre et les suites de Cybione, mais il n'y avait pas là de quoi crier aux chefs d'œuvres ou retrouver la force de ses romans précédents. Seule véritable éclaircie, la publication par Imaginaires sans frontière d'un recueil de ses nouvelles : La logique de l'Essaim.
Sans doute Ayerdhal a-t-il été très occupé ces dernières années. D'abord par la révolte et la contestation dans le but d'améliorer la condition des auteurs. En 2000 il a en effet tapé du poing sur la table en rédigeant le Droit du serf, plaidoyé pour de nouvelles relations avec les éditeurs et surtout de nouveaux contrats. Une initiative qui a mobilisé bon nombre d'auteurs de science fiction. Ensuite il s'est lancé dans Transparences, projet qui lui a demandé un travail phénoménal. Mais quel roman ! En 550 pages il livre un trhiller d'une intensité qui fera date dans sa carrière. Reste maintenant à voir la suite. Est-ce un tournant ? Une nouvelle voie qu'il va emprunter ? Apparemment pas forcément si l'on en croit son interview. Et finalement pas la peine de tirer des plans sur la comète. Seul Ayerdhal sait de quoi son avenir littéraire sera fait et ce qu'il nous prépare comme suprises.
