Robert Charles Wilson, né en 1953, est un écrivain de science-fiction qui n'a plus rien à prouver. Auteur d'un roman qui a reçu le prix Hugo et le Grand Prix de l'Imaginaire (Spin), chacune des parutions de ses livres est un événement et Gallimard a visiblement entrepris la réédition de tous ses romans dans sa collection SF (Les Chronolithes, Blind Lake, Le Vaisseau des voyageurs, Les Fils du vent...). L'édition d'Axis par Denoël dans la collection Lunes d'Encre est un des événements littéraires SF de la fin d'année 2009.
Une fenêtre ouverte sur d'autres mondes
L'homme a découvert par hasard une technologie quantique permettant d'observer des planètes dans d'autres systèmes solaires. Il y a un « Œil » à Crossbank et un autre à Blind Lake. Sur la planète observée par ce dernier vivent des extraterrestres. L'un d'entre eux, le Sujet, est l'objet d'études poussées.
La routine de Blind Lake va soudainement être bouleversée par des événements à la fois sur Terre et sur la planète du Sujet. Ce dernier se lance dans ce qui semble être un pèlerinage mortel. Quant aux habitants de Blind Lake, ils se retrouvent enfermés dans la ville mise en quarantaine. Pourquoi ? C'est la question que tous se posent...
Une même très bonne recette que pour les autres Wilson
Robert Charles Wilson est un auteur de belle renommée, à qui l'on reproche parfois d'écrire toujours la même histoire, avec seulement des éléments scientifiques et un contexte différents. Certes, on y trouve à chaque fois des personnages pris dans la tourmente d'événements qui bouleversent notre planète, que ce soit l'apparition de monuments à la gloire d'un chef de guerre du futur (Les Chronolithes) ou la disparition des étoiles dans le ciel (Spin). Ces personnages verront les relations qui les unissent se déchirer, ou encore se renforcer. Ils apprendront des choses vitales sur eux-mêmes, mais encore sur le monde et les gens qui les entourent.
Blind Lake n'échappe pas à la règle. L'histoire se déroule dans une ville construite autour d'un centre de recherches disposant d'un Œil, appareil « télescopique » quantique braqué sur une planète où vivent des extraterrestres. Les habitants de Blind Lake se retrouvent enfermés suite à la mise en quarantaine de la ville par l'extérieur. Parmi les citadins, on trouve notamment Marguerite Hauser, qui étudie le Sujet, extraterrestre que l'Œil suit dans chacun de ses mouvements. Elle a une fille, Tessa, âgée d'une dizaine d'années et qui montre des signes de troubles psychologiques. Marguerite a été mariée à Ray Scutter, administrateur incompétent travaillant à Blind Lake et qui se retrouve, avec la quarantaine et l'absence des dirigeants du centre de recherches partis à un congrès juste avant les événements, la plus haute autorité de la ville. Enfin, trois journalistes scientifiques, Chris Carmody, Sebastian Vogel et Elaine Coster sont présents, venus écrire des articles sur Blind Lake mais piégés, eux aussi, par le blocus.
Chacun des personnages du roman joue un rôle majeur dans l'histoire, est un rouage sans qui la machine ne fonctionne pas. C'est là toute la force de Robert Charles Wilson, qui décrit bien plus que des protagonistes : des individualités crédibles, convaincantes, qui vont être malaxées, qui vont muter au contact d'événements formidables avec une authenticité palpable. On s'attache sans difficulté à la détresse de Marguerite, à la solitude de Tessa et à la culpabilité de Chris. Ray nous dégoûte proprement et simplement de lui-même par sa suffisance et ses réactions de mauvaise foi. Robert Charles Wilson n'est pas un écrivain qui maîtrise une écriture d'un haut niveau stylistique, mais il sait parfaitement doser l'humanité de ses personnages, les faire interagir pour en retirer le meilleur, au service d'une histoire où ils jouent un rôle bien plus central que le sujet scientifique science-fictionnesque qui sert de base au récit.
Dans Blind Lake, Robert Charles Wilson expose le concept des ordinateurs quantiques qui font tout le travail demandé seuls, sans intervention humaine. Ce travail, c'est celui de récupérer des émissions – des images – en provenance de lointaines planètes. Mais problème : personne ne comprend vraiment comment ces machines, les processeurs O/BEC, fonctionnent. Les techniciens qui veillent dessus se contentent de les maintenir en état, de contrôler leur maintien à la température du zéro absolu et de les approvisionner en énergie.
C'est là la force de l'aspect scientifique de Blind Lake – et de façon plus générale de tous les romans de Wilson. L'incompréhension des détails du fonctionnement des O/BEC est une véritable chance pour l'auteur : il ne va pas ennuyer le lecteur peu au fait des choses scientifiques avec des explications techniques poussées. Il expose le problème, dévoile les hypothèses des experts, mais il ne va pas plus loin. Il ne le peut d'ailleurs pas.
Mais à la fin du roman, il doit tout de même au lecteur une explication. Or, c'est là qu'il s'emmêle les pinceaux, du moins que son roman s'achoppe quelque peu : on croit moyennement aux explications qu'il donne, il y a une ou deux incohérences qui peuvent être relevées et les questionnements ultimes sont vite expédiés – notamment les conséquences de tous les événements décrits dans le roman.
Mais ce n'est pas là une faute grave de la part de l'auteur. On se passionne pour les personnages, on est absorbé par le suspense qui imprègne le roman. On se contente des explications finales, quelle que soit leur qualité, encore enthousiasmé par notre lecture.
Blind Lake est donc un livre qu'on peut qualifier, simplement, de très bon. Auteur incontournable à l'heure actuelle, il faut lire Wilson, y compris ce roman passionnant, qui marie parfaitement aspects scientifiques – abordables – et humains – émouvants –, ce qui n'est pas si courant.
Une fenêtre ouverte sur d'autres mondes
L'homme a découvert par hasard une technologie quantique permettant d'observer des planètes dans d'autres systèmes solaires. Il y a un « Œil » à Crossbank et un autre à Blind Lake. Sur la planète observée par ce dernier vivent des extraterrestres. L'un d'entre eux, le Sujet, est l'objet d'études poussées.
La routine de Blind Lake va soudainement être bouleversée par des événements à la fois sur Terre et sur la planète du Sujet. Ce dernier se lance dans ce qui semble être un pèlerinage mortel. Quant aux habitants de Blind Lake, ils se retrouvent enfermés dans la ville mise en quarantaine. Pourquoi ? C'est la question que tous se posent...
Une même très bonne recette que pour les autres Wilson
Robert Charles Wilson est un auteur de belle renommée, à qui l'on reproche parfois d'écrire toujours la même histoire, avec seulement des éléments scientifiques et un contexte différents. Certes, on y trouve à chaque fois des personnages pris dans la tourmente d'événements qui bouleversent notre planète, que ce soit l'apparition de monuments à la gloire d'un chef de guerre du futur (Les Chronolithes) ou la disparition des étoiles dans le ciel (Spin). Ces personnages verront les relations qui les unissent se déchirer, ou encore se renforcer. Ils apprendront des choses vitales sur eux-mêmes, mais encore sur le monde et les gens qui les entourent.
Blind Lake n'échappe pas à la règle. L'histoire se déroule dans une ville construite autour d'un centre de recherches disposant d'un Œil, appareil « télescopique » quantique braqué sur une planète où vivent des extraterrestres. Les habitants de Blind Lake se retrouvent enfermés suite à la mise en quarantaine de la ville par l'extérieur. Parmi les citadins, on trouve notamment Marguerite Hauser, qui étudie le Sujet, extraterrestre que l'Œil suit dans chacun de ses mouvements. Elle a une fille, Tessa, âgée d'une dizaine d'années et qui montre des signes de troubles psychologiques. Marguerite a été mariée à Ray Scutter, administrateur incompétent travaillant à Blind Lake et qui se retrouve, avec la quarantaine et l'absence des dirigeants du centre de recherches partis à un congrès juste avant les événements, la plus haute autorité de la ville. Enfin, trois journalistes scientifiques, Chris Carmody, Sebastian Vogel et Elaine Coster sont présents, venus écrire des articles sur Blind Lake mais piégés, eux aussi, par le blocus.
Chacun des personnages du roman joue un rôle majeur dans l'histoire, est un rouage sans qui la machine ne fonctionne pas. C'est là toute la force de Robert Charles Wilson, qui décrit bien plus que des protagonistes : des individualités crédibles, convaincantes, qui vont être malaxées, qui vont muter au contact d'événements formidables avec une authenticité palpable. On s'attache sans difficulté à la détresse de Marguerite, à la solitude de Tessa et à la culpabilité de Chris. Ray nous dégoûte proprement et simplement de lui-même par sa suffisance et ses réactions de mauvaise foi. Robert Charles Wilson n'est pas un écrivain qui maîtrise une écriture d'un haut niveau stylistique, mais il sait parfaitement doser l'humanité de ses personnages, les faire interagir pour en retirer le meilleur, au service d'une histoire où ils jouent un rôle bien plus central que le sujet scientifique science-fictionnesque qui sert de base au récit.
Dans Blind Lake, Robert Charles Wilson expose le concept des ordinateurs quantiques qui font tout le travail demandé seuls, sans intervention humaine. Ce travail, c'est celui de récupérer des émissions – des images – en provenance de lointaines planètes. Mais problème : personne ne comprend vraiment comment ces machines, les processeurs O/BEC, fonctionnent. Les techniciens qui veillent dessus se contentent de les maintenir en état, de contrôler leur maintien à la température du zéro absolu et de les approvisionner en énergie.
C'est là la force de l'aspect scientifique de Blind Lake – et de façon plus générale de tous les romans de Wilson. L'incompréhension des détails du fonctionnement des O/BEC est une véritable chance pour l'auteur : il ne va pas ennuyer le lecteur peu au fait des choses scientifiques avec des explications techniques poussées. Il expose le problème, dévoile les hypothèses des experts, mais il ne va pas plus loin. Il ne le peut d'ailleurs pas.
Mais à la fin du roman, il doit tout de même au lecteur une explication. Or, c'est là qu'il s'emmêle les pinceaux, du moins que son roman s'achoppe quelque peu : on croit moyennement aux explications qu'il donne, il y a une ou deux incohérences qui peuvent être relevées et les questionnements ultimes sont vite expédiés – notamment les conséquences de tous les événements décrits dans le roman.
Mais ce n'est pas là une faute grave de la part de l'auteur. On se passionne pour les personnages, on est absorbé par le suspense qui imprègne le roman. On se contente des explications finales, quelle que soit leur qualité, encore enthousiasmé par notre lecture.
Blind Lake est donc un livre qu'on peut qualifier, simplement, de très bon. Auteur incontournable à l'heure actuelle, il faut lire Wilson, y compris ce roman passionnant, qui marie parfaitement aspects scientifiques – abordables – et humains – émouvants –, ce qui n'est pas si courant.