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Body Snatchers - L'Invasion des profanateurs

Langue d'origine : Anglais
Date de parution : 16/06/2022  -  livre
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Body Snatchers, l'invasion des profanateurs est-il toujours aussi angoissant ?

Body snatchers est un classique de la science-fiction horrifique. Il est certainement plus connu pour ses adaptations cinématographiques que pour le roman de Jack Finney. Ce livre a une histoire un peu particulière. Il a été écrit par l'auteur en 1955, puis adapté l'année suivante au cinéma. Il fut traduit une première fois en France vingt ans plus tard. En 1978, Jack Finney procéda à une actualisation de son roman en enlevant certains éléments (tabagisme, sexisme) et déplaça l'intrigue en 1976 au lieu de 1953. Les éditions Le Bélial' ont décidé de dépoussiérer la traduction en partant du texte définitif produit par l'écrivain. La très belle illustration de couverture, aux accents lovecraftiens, est signée Aurélien Police. Le livre est augmenté d'une postface de Sam Azulys consacrée à la descendance cinématographique du roman.

La figure du simulacre

Même si le titre du roman a connu plusieurs traductions en français, il symbolise bien le thème du roman: le remplacement d’humains par des extra-terrestres volant leur vie et leur apparence. Miles Bennett habite la petite ville de Mill Valley en Californie. Il est médecin généraliste tout comme l'était son père avant lui. Il connait presque tout le monde dans cette charmante petite ville où il a grandi. Aussi, est il plutôt intrigué quand plusieurs patients viennent le voir en étant persuadés que leurs proches ont été remplacés par des doubles. Plus inquiétants, ces doubles sont semblables en tout points, autant physiquement qu'au niveau des souvenirs ou habitudes. Mais un petit quelque chose fait qu'ils apparaissent différents. Tout d'abord septique, le docteur Bennett va faire d'étranges découvertes en compagnie de Becky, une amie. Ils vont ainsi essayer de comprendre l'origine de ce mal collectif.

Miles Bennett est le narrateur du roman. Toute l'histoire est racontée selon son point de vue. Le début du récit joue beaucoup sur le doute, avec la possibilité d'une hallucination collective. Puis l'angoisse monte peu à peu, transformant la ville en huis-clos, prenant au piège ses habitants. L'auteur donne à l'horreur un visage humain, faisant de nos proches des inconnus malfaisants. On se méfie de tous, on doute, on ne sait pas quoi penser ni comment agir. Miles Bennett est un scientifique, et pourtant il remet constamment en question ce qu'il voit, envisageant de nombreuses possibilités avant de croire en la possibilité d'une invasion extraterrestre. Jack Finney créé une histoire véritablement angoissante et paranoïaque, pourtant sans aucune scène sanglante. Tout est dans l'incertitude, la tension, le questionnement. L'écriture est très scénaristique et le roman se lit d'une traite sans temps mort.

Un classique de Sf horrifique

L'histoire est très ancrée dans les années 50, et cela ressort sur plusieurs points. Premièrement la thématique principale du simulacre très présente à cette époque en science-fiction. Mais aussi par les technologies présentes comme le téléphone. Par le rôle des femmes qui il faut bien l'avouer sont souvent là pour être sauvées ou pour soutenir le héros. Mais il a aussi le charme suranné de cette époque, faisant penser aux épisodes de la quatrième dimension. La peinture de Mill Valley, petite ville américaine typique vaut aussi le détour. Sous l'influence de l'invasion extra-terrestres, la ville dépérit, elle mute au même titre que la population. La mutation devient la normalité et elle est ainsi terrifiante. Jack Finney parle ainsi de l'angoisse de la normalisation, en se servant d'une petite ville américaine typique. Tous ces éléments combinés à la peur des autres font que le roman est devenu un classique de la science-fiction horrifique, où chacun est potentiellement l'ennemi. On se questionne sur ce qu'est la nature humaine, sur ce qui nous différencie des extra-terrestres, sur ce qui est propre à l'humanité. Le récit met en place des éléments devenus des canons du récit d'angoisse se déroulant dans les petites villes où l'horreur peut surgir n’importe où.

Body snatchers est ainsi un roman particulièrement angoissant et efficace. En peu de pages, Jack Finney propose un récit qui dérape peu à peu vers le surnaturel et l'horreur. La tension psychologique est à son comble, tout comme la paranoïa. Après la lecture, on ne regarde plus tout à fait les autres de la même manière.

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