Mathieu Gaborit est l'un des auteurs français d'heroic fantasy qui a le plus marqué ces dernières années. Passionné de jeux de rôles, il a écrit plusieurs livres dont les univers étaient liés au monde du jeu. À partir de son cycle des Crépusculaires fut créé le jeu Agone et il a écrit des livres liés à des figurines de jeu de plateau.
Ayant participé à la création du jeu de rôle Ecryme, c'est naturellement qu'il a plongé entre 1997 et 1998 sa plume dans ce monde pour en tirer deux romans, Les Rives d'Antipolie et Revolutsya. Ces deux volumes viennent d'être réédités sous le titre Bohème, l'Intégrale.
Un monde bureaucratique noyé dans l'acide
Le monde d'Ecryme est en gros le début du vingtième siècle pour nous. Mais une brume épaisse a envahi toute la surface de la Terre, cachant tout sous une fine couche de brouillard. Le problème est que ce produit (l'Ecryme) est acide et a fâcheusement tendance à tuer ceux qui tombent dedans. Les hommes ont dû se réfugier sur des passerelles et des traverses surélevées pour survivre et voyager. De même les villes sont protégées de la brume et reliées entre elles par voie aérienne.
Tout cet univers sent franchement la refonte de celui de G. J. Arnaud dans sa série fleuve de La Compagnie des Glaces. On y retrouve les humains parqués dans des enclaves et tributaires de moyens de transports (ici, trains et dirigeables) pour leurs déplacements.
La ressemblance est encore plus forte en observant les gouvernances des villes, les structures politiques et administratives. Même contrôle de l'état, petits potentats et révolutionnaires qui voudraient bien tout faire éclater.
Donc à première vue, il y a peu de chance d'en tirer des histoires nouvelles.
Et le fantastique ?
C'est là où le talent de Gaborit intervient. Loin de se contenter de nous promener dans un univers carcéral, froid et sans espoir, il ajoute la petite touche de magie qui permet aux héros malmenés de garder foi en l'avenir, d'espérer et de rêver.
À partir de ce monde vide et au bord du gouffre, il nous dépeint des humains avec des désirs, des envies et qui se battent non seulement pour eux-mêmes, mais pour des idéaux qui les dépassent, dont parfois ils ne comprennent le sens qu'à la fin de leur quête. Avec les miracles qui leur permettent de ne pas lâcher prise.
Ces histoires sont sombres, comme toujours avec cet auteur. Mais il laisse cette fois passer la fantasy au second plan pour nous parler plus de l'âme humaine et, en filigrane, de notre Terre et du respect que nous devrions avoir pour elle. Ce livre tranche avec les autres œuvres de Mathieu Gaborit, montrant une facette plus humaine, plus réfléchie de l'auteur.
Ce volume n'est pas, comme cela aurait pu être, une introduction ou une fan-fiction du jeu d'Ecryme, mais une histoire qui se tient, existant par elle-même, agréable à lire.
Ayant participé à la création du jeu de rôle Ecryme, c'est naturellement qu'il a plongé entre 1997 et 1998 sa plume dans ce monde pour en tirer deux romans, Les Rives d'Antipolie et Revolutsya. Ces deux volumes viennent d'être réédités sous le titre Bohème, l'Intégrale.
Un monde bureaucratique noyé dans l'acide
Le monde d'Ecryme est en gros le début du vingtième siècle pour nous. Mais une brume épaisse a envahi toute la surface de la Terre, cachant tout sous une fine couche de brouillard. Le problème est que ce produit (l'Ecryme) est acide et a fâcheusement tendance à tuer ceux qui tombent dedans. Les hommes ont dû se réfugier sur des passerelles et des traverses surélevées pour survivre et voyager. De même les villes sont protégées de la brume et reliées entre elles par voie aérienne.
Tout cet univers sent franchement la refonte de celui de G. J. Arnaud dans sa série fleuve de La Compagnie des Glaces. On y retrouve les humains parqués dans des enclaves et tributaires de moyens de transports (ici, trains et dirigeables) pour leurs déplacements.
La ressemblance est encore plus forte en observant les gouvernances des villes, les structures politiques et administratives. Même contrôle de l'état, petits potentats et révolutionnaires qui voudraient bien tout faire éclater.
Donc à première vue, il y a peu de chance d'en tirer des histoires nouvelles.
Et le fantastique ?
C'est là où le talent de Gaborit intervient. Loin de se contenter de nous promener dans un univers carcéral, froid et sans espoir, il ajoute la petite touche de magie qui permet aux héros malmenés de garder foi en l'avenir, d'espérer et de rêver.
À partir de ce monde vide et au bord du gouffre, il nous dépeint des humains avec des désirs, des envies et qui se battent non seulement pour eux-mêmes, mais pour des idéaux qui les dépassent, dont parfois ils ne comprennent le sens qu'à la fin de leur quête. Avec les miracles qui leur permettent de ne pas lâcher prise.
Ces histoires sont sombres, comme toujours avec cet auteur. Mais il laisse cette fois passer la fantasy au second plan pour nous parler plus de l'âme humaine et, en filigrane, de notre Terre et du respect que nous devrions avoir pour elle. Ce livre tranche avec les autres œuvres de Mathieu Gaborit, montrant une facette plus humaine, plus réfléchie de l'auteur.
Ce volume n'est pas, comme cela aurait pu être, une introduction ou une fan-fiction du jeu d'Ecryme, mais une histoire qui se tient, existant par elle-même, agréable à lire.