Voici un premier roman, exercice toujours délicat pour un critique car on a parfois peur d’être dur, trop dur, devant un travail qui a pu demander plusieurs mois (voire plus) à un auteur. Le programme Lazare, paru chez Hachette dans la collection « Le rayon imaginaire », vaut-il le coup ?
Un programme de réhabilitation qui va loin
Marjorie, jeune fille innocente, est assassinée par un maniaque. Ses parents ne s’en remettent pas et la société non plus. Car un nouveau programme existe désormais, ayant pour but d’alléger la douleur des familles : prolonger virtuellement la vie de leurs enfants morts. Pour cela, les criminels sont regroupés dans un lieu secret et doivent travailler à redonner « vie » à leurs victimes. Ainsi le meurtrier de Marjorie se retrouve baptisé Frère Marjorie et doit imaginer et contrôler la vie de l’avatar (virtuel ou réel via des comédiens) de sa victime. Ce qui n’est pas sans conséquences pour la vie des parents qui confondent au fond deux réalités, obérant ainsi leur travail de deuil. Beaucoup de dérives sont alors possibles…
Un roman éprouvant
Le programme Lazare de Brice Reveney, cher lecteur, n’est pas d’une lecture facile ! Et, soyons honnêtes, tel devrait être l’ambition de l’auteur qui souhaite alerter sur les dérives consumériste ou trans-humaniste qui travaillent notre société depuis longtemps. On est frappé par les efforts déployés par l’auteur pour peindre tous les efforts fournis par l’État (et les coupables) pour « reconstruire » les victimes, sans égard, paradoxalement, pour leurs familles…. Cela mène loin. On finit par être gêné par certains passages. Reste que la conclusion du roman laisse pantois et nous invite à réfléchir sur nous-mêmes et la façon dont nous envisageons notre société : de la bonne science-fiction ? À vous de lire !
Sylvain Bonnet
La Chronique de 16h16