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Célestopol, le recueil d'Emmanuel Chastellière de retour en poche
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Célestopol, le recueil d'Emmanuel Chastellière de retour en poche

Actusf : Comment est née l'idée de Célestopol ? Vous avez imaginé l'univers d'abord ou s'est-il dessiné nouvelles après nouvelles ?

Emmanuel Chastellière : Eh bien, Célestopol est née de l'envie de me frotter au steampunk, avec la nouvelle Fly Me To The Moon - que l'on retrouve dans le recueil et quelques mois plus tôt dans l'anthologie Gentlemen mécaniques. Je crois qu'elle porte les graines de ce que l'on retrouve à l'échelle du livre : la place des automates, une certaine noirceur, une touche d'uchronie, le contexte russe plutôt que d'opter pour Londres ou Paris... C'était aussi l'une de mes envies : en réalité, je ne suis pas un grand connaisseur en matière de courant steampunk, je l'admets volontiers, mais je savais déjà ce que je ne voulais pas, à savoir un steampunk de pacotille, si je puis dire.
Ensuite, l'univers s'est aussi étoffé en cours d'écriture, je ne prétendrai pas avoir absolument tout planifié en amont !

Actusf : Vos 15 nouvelles ont une cohérence. D'ailleurs c'est mieux de les lire dans l'ordre du recueil. Comment avez-vous composé ces nouvelles ? Les aviez-vous toutes en tête dès le départ ?

Emmanuel Chastellière : Toutes, non. Disons que j'avais en tête les grands axes, les nouvelles-pivots qui allaient servir de fil conducteur du début à la fin du recueil. J'ai encore dans mes carnets des concepts de nouvelles que j'imaginais intégrer dans Célestopol et qui finalement ne sont pas apparues dans la table des matières. Soit parce que je n'ai pas trouvé comment développer ce qui n'était parfois qu'un synopsis de 3 ou 4 lignes, soit parce que je considérais après réflexion qu'elles ne pourraient pas s'insérer dans l'ensemble avec cohérence. D'autres me sont parfois venues très vite et de façon totalement spontanée.
Beaucoup restent autonomes à mon avis, mais l'expérience de lecture est plus agréable si on les lit dans l'ordre, c'est vrai. En tout cas, il a fallu faire attention à conserver le bon équilibre en passant d'un texte à l'autre.

Actusf : Certaines critiques parlent de la ville comme d'un personnage à part entière ? C'est également votre sentiment ? Comment l'avez-vous construite ?

Emmanuel Chastellière : De façon... "empirique" ? Non, j'avais une idée assez précise de ce que je voulais obtenir. Je suis un très grand fan de La Cité des saints et des fous de Jeff VanderMeer ou de Ararat de Felix Gilman, que j'avais eu le plaisir de traduire pour ce dernier. C'était ce genre de cités que j'avais envie d'arpenter, de visiter moi-même. Je ne voulais surtout pas de décors de théâtre.
Bien sûr, elle reste proche de Saint-Pétersbourg sur un plan architectural, mais ses particularités "lunaires" et technologiques la distinguent. Et oui, c'est l'une des protagonistes du recueil, assurément.

Actusf : Il y a une note slave. Quelles ont été tes influences pour ça ?

Emmanuel Chastellière : La littérature russe, évidemment, notamment Dostoïevski, pour n'en citer qu'un. Je suis très sensible aux passions et aux fêlures que l'on retrouve dans cette prose. Je trouvais aussi qu'il y avait des éléments à creuser du côté de la mythologie locale. C'est quelque chose qui reste encore sous-utilisé et qui peut surprendre le lecteur. Tout ce que je peux espérer, c'est leur avoir rendu un bel hommage.

Actusf : On a plusieurs personnages qui reviennent. Est-ce que vous pourriez nous en présenter certains comme le Duc Nikolaï, Li Chen ou les mercenaires Arnrún et Wojtek ?

Emmanuel Chastellière : Ah, le duc ! C'est la figure centrale de la ville, et du livre. En tout cas, il ressort dans de nombreuses chroniques. Nikolaï, c'est avant tout quelqu'un qui n'accepte pas son sort. Et prêt à tout pour sa cité. Li Chen est un personnage bien plus secret, puisqu'il dirige le casino flottant de la concession chinoise en ville. Je dirai que ce sont surtout les hommes et les femmes qui gravitent autour de lui, à sa solde ou non, qui suscitent l'attention. Arnrún Hjartardóttir a dû quitter son Islande natale, devenant finalement mercenaire, souvent au service du duc, qui n'hésite pas à lui confier des enquêtes sensibles. Wojtek, un ancien soldat dont le cerveau a été transplanté dans le corps de son bourreau, un ours, est son partenaire. Tous les deux ont un caractère bien différent mais il forme un duo complémentaire. J'aime beaucoup leur dynamique.
Si jamais, je présente d'autres personnages sur mon blog.

Actusf : Il ressort en poche ces jours-ci. Quel effet cela vous fait-il cette deuxième vie pour votre livre ?

Emmanuel Chastellière : Un immense soulagement, déjà, surtout quand on connaît le sort des éditions de l'Instant... Et j'éprouve aussi un mélange d'impatience et d'appréhension. Célestopol chez Libretto, c'est l'assurance qu'il soit enfin disponible partout, et même en numérique, mais c'est aussi bien sûr de nouveaux regards dessus. Je les espère dans la lignée de la quasi-intégralité des précédents, mais on ne peut pas plaire à tout le monde pour autant !

Actusf : Est-ce que vous reviendrez dans l'univers de Célestopol ? Pour un roman peut-être ?

Emmanuel Chastellière : Oui, je compte bien y revenir. J'y suis même déjà revenu en fait, puisque j'ai passé ces derniers mois à travailler sur le projet Célestopol 1922. Ce n'est pas un roman, mais un nouveau recueil de textes, basé sur le même concept, soit avec un fil rouge. Si ce n'est que toutes les nouvelles se déroulent au cours de l'année... 1922, sauf la première et la dernière.
Je l'ai mis en pause pour le moment car d'autres chantiers m'ont rattrapé, mais il me manque deux ou trois nouvelles seulement pour boucler le tout. Et on va dire que si je me fie à l'avis de mes bêta-lecteurs, je suis plutôt rassuré sur la bonne tenue de l'ensemble. Avis aux amateurs... car, évidemment, le projet ne se fera pas aux éditions de l'Instant.
J'aimerais aussi faire vivre Célestopol dans le cadre d'un roman, mais je n'ai pas encore trouvé lequel, si je puis dire.

Actusf : Quels sont vos projets, sur quoi travaillez-vous ?

Emmanuel Chastellière : Eh bien, sur quelques nouvelles ne concernant pas Célestopol, mais surtout depuis quelques semaines sur mon prochain roman à paraître en février 2020 chez Critic ! Ce n'est pas une suite de L'Empire du Léopard, mais l'histoire se situe dans le même univers, 25 ans plus tard. Et j'ai repris Steven Erikson côté traduction !

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