Qui êtes-vous Camille Leboulanger ?
Voici un auteur original, amateur de hard rock et de bière de son propre aveu, qui a publié ces dernières années Enfin la nuit (L’atalante, 2013), Malboire (La volte, 2018) et Le chien du forgeron (Argyll, 2021), tous des romans jugés singuliers par les lecteurs. Ru, sorti l’année dernière, s’inscrit comme on va le voir dans ce sillon.
L’humanité s’adapte à tout
Il y a deux siècles, un géant nommé Ru s’est endormi sur une partie du territoire. Ru a été rapidement exploré et son corps gigantesque colonisé par les hommes : il faut dire qu’il prend de la place et qu’il fallait bien compenser cette perte de place. On fait ici connaissance avec Youssoupha, arrivé très jeune dans Ru où il essaie de se faire une place, avec Alvid, un cinéaste à la recherche de son mari disparu et de Coré, une jeune femme qui a quelques difficultés. On croyait Ru assoupi pour toujours mais le bruit des manifestations sociales le réveille. Le géant quitte le continent, emportant sa population humaine (du moins les survivants) avec lui. Vont-ils survivre ?
Un roman très singulier
L’histoire proposée emprunte autant au conte philosophique qu’au film fantastique. Car il va s’en passer des choses dans le corps de ce monstre. Peut-on seulement survivre longtemps à l’intérieur ? On sympathise avec les personnages, tous attachants, et l’histoire réserve son lot de surprises. On a aussi parfois l’impression d’être embarque dans un voyage initiatique, fait d’hallucinations sortis des tableaux de Francis Bacon ou de Goya. A essayer.
Sylvain Bonnet