Inconnu en France en tant que poète et presque oublié en tant qu’auteur de science-fiction, Thomas Disch fut pourtant l’un des écrivains les plus remarquables du genre, qu’il préférait désigner du terme de fiction spéculative. Bien qu’Américain, il fut associé à la new wave et à la revue de Michael Moorcock, New worlds. Il se fit d’abord remarquer par un formidable roman apocalyptique, Génocides, qui est devenu un des grands classiques du genre. Figurant en bonne place parmi ses meilleurs livres, Camp de concentration se présente sous la forme d'un compte-rendu d’une densité assez extraordinaire pour avoir, d’après une rumeur tenace, incité Philip K. Dick lui-même à dénoncer son auteur au FBI, dans une lettre de 1974. Voilà une recommandation qui en vaut bien d’autres ! Pas rancunier, Thomas Disch fut le principal initiateur du désormais incontournable Philip K. Dick award.
La Connaissance a un prix…
L’Enfer se trouve bel et bien sur Terre : entre délire psychotique et génie, il n’y a que l’épaisseur d’une satanophanie. Dans cette fable terrible qui rappelle les légendes de Faust et de Prométhée, Louie Sacchetti, poète et objecteur de conscience, est incarcéré en raison de ses opinions. Les autorités lui proposeront de devenir le chroniqueur de l’expérience sans précédent qui est en cours au Camp Archimède, un institut militaire de recherches top secret. Une variante de la syphilis y est injectée à des cobayes humains, ce qui provoque chez eux une augmentation incroyable de leurs facultés intellectuelles accompagnée d'une mort certaine au bout de quelques mois. L’offre est intéressante, mais le sera-t-elle suffisamment pour que le poète accepte de collaborer avec un système qu'il récuse ?
Les génies aussi sont mortels…
Écrit en pleine guerre du Viet-Nam, Camp de concentration possède évidemment une dimension politique aisément transposable de nos jours. La quête du savoir mène parfois, nous en faisons tous l’amère expérience, à de sombres résultats. Reflet de la nouvelle vague d’auteurs de science-fiction des années soixante, Thomas Disch a réussi le pari difficile d’écrire un livre intelligent sur l’intelligence augmentée, une gageure que peu d’auteurs pouvaient se risquer à soutenir en évitant de sombrer dans le ridicule. Le récit est constitué du journal de Louie Sacchetti, poète sarcastique, dans lequel on ne peut s’empêcher de reconnaître l‘auteur puisque Thomas Disch, outre ses récits de science-fiction, était également connu pour son œuvre poétique, très favorablement accueillie par la critique anglo-saxonne. Le choix de la vocation de son principal protagoniste n’est probablement pas seulement autobiographique : seul un poète pouvait donner à voir cette région mentale qui se trouve au-delà de l’intelligence moyenne et s’ouvre sur l’inconnu, l’indicible, et que seules des intuitions fugaces rendent accessibles aux esprits moins performants. Le style narratif du journal de Louie Sacchetti explore ce bouillonnement intellectuel dans un foisonnement d’entrées apparemment désordonnées où abondent références et symboles. Si la lecture n’en est pas toujours facile, cela vaut largement la peine de s’obstiner (et le livre est relativement bref…). Au cours de l’histoire de la science-fiction, Thomas Disch n’a pas été le seul à tenter l’aventure de l’intelligence augmentée. Des noms aussi fameux que Frederick Pohl ou Daniel Keyes ont donné d'excellents romans sur le sujet. Mais Camp de concentration propose, sous une forme adaptée à ses ambitions, une théorie aussi inédite qu’intéressante : et si le génie était une aberration, une maladie mentale ? Tout ce que nous pourrions alors souhaiter, c'est de rester en bonne santé ! Voilà une expérience de lecture gratifiante (et peut-être dotée de vertus prophylactiques) dont il serait dommage de se priver…
La Connaissance a un prix…
L’Enfer se trouve bel et bien sur Terre : entre délire psychotique et génie, il n’y a que l’épaisseur d’une satanophanie. Dans cette fable terrible qui rappelle les légendes de Faust et de Prométhée, Louie Sacchetti, poète et objecteur de conscience, est incarcéré en raison de ses opinions. Les autorités lui proposeront de devenir le chroniqueur de l’expérience sans précédent qui est en cours au Camp Archimède, un institut militaire de recherches top secret. Une variante de la syphilis y est injectée à des cobayes humains, ce qui provoque chez eux une augmentation incroyable de leurs facultés intellectuelles accompagnée d'une mort certaine au bout de quelques mois. L’offre est intéressante, mais le sera-t-elle suffisamment pour que le poète accepte de collaborer avec un système qu'il récuse ?
Les génies aussi sont mortels…
Écrit en pleine guerre du Viet-Nam, Camp de concentration possède évidemment une dimension politique aisément transposable de nos jours. La quête du savoir mène parfois, nous en faisons tous l’amère expérience, à de sombres résultats. Reflet de la nouvelle vague d’auteurs de science-fiction des années soixante, Thomas Disch a réussi le pari difficile d’écrire un livre intelligent sur l’intelligence augmentée, une gageure que peu d’auteurs pouvaient se risquer à soutenir en évitant de sombrer dans le ridicule. Le récit est constitué du journal de Louie Sacchetti, poète sarcastique, dans lequel on ne peut s’empêcher de reconnaître l‘auteur puisque Thomas Disch, outre ses récits de science-fiction, était également connu pour son œuvre poétique, très favorablement accueillie par la critique anglo-saxonne. Le choix de la vocation de son principal protagoniste n’est probablement pas seulement autobiographique : seul un poète pouvait donner à voir cette région mentale qui se trouve au-delà de l’intelligence moyenne et s’ouvre sur l’inconnu, l’indicible, et que seules des intuitions fugaces rendent accessibles aux esprits moins performants. Le style narratif du journal de Louie Sacchetti explore ce bouillonnement intellectuel dans un foisonnement d’entrées apparemment désordonnées où abondent références et symboles. Si la lecture n’en est pas toujours facile, cela vaut largement la peine de s’obstiner (et le livre est relativement bref…). Au cours de l’histoire de la science-fiction, Thomas Disch n’a pas été le seul à tenter l’aventure de l’intelligence augmentée. Des noms aussi fameux que Frederick Pohl ou Daniel Keyes ont donné d'excellents romans sur le sujet. Mais Camp de concentration propose, sous une forme adaptée à ses ambitions, une théorie aussi inédite qu’intéressante : et si le génie était une aberration, une maladie mentale ? Tout ce que nous pourrions alors souhaiter, c'est de rester en bonne santé ! Voilà une expérience de lecture gratifiante (et peut-être dotée de vertus prophylactiques) dont il serait dommage de se priver…