Plus de cent vingt ans après le livre de H.G. Wells et presque quinze ans après le film, c’est une production française qui se colle à l’adaptation en série de La guerre des mondes. Difficile de rivaliser avec Spielberg et un casting trois étoiles (Tom Cruise, Dakota Fanning, Justin Chatwin). Malgré ses imperfections, la série tient la route.
Une production artistique soignée pour une classique revisité.
C’est Léa Drucker Gabriel Bryrne qui portent les huit épisodes d’une heure. Dans la veine post-apocalyptique de ces derniers temps, si l’histoire n’a rien d’original, le traitement apposé au récit est déformé par le format. Deux réalisateurs différents par ailleurs se partagent la série : Gilles Coulier pour les quatre premiers, Richard Clark pour les derniers. Les deux regards apportent une complexité dans la vision d’une histoire pourtant déjà vue et revue, notamment sur grand écran où les scénarii catastrophes se multiplient.
Le synospis reste donc inchangé : une meute d’humains qui essaient tant bien que mal de survivre face à une vie extra-terrestre intelligente. Quels enjeux, quels espoirs mais aussi quel avenir pour ceux qui ont déjà tout perdu ?
Autant ne pas comparer la série au blockbuster original : les effets spéciaux ne peuvent rivaliser avec les moyens mis en place par les industries américaines. La fluidité n’est pas toujours au rendez-vous, malheureusement. Pour autant, et c’est là où la découpe de la série est intéressante, le temps apporté aux différentes lignes narratives primaires et secondaires permettent aux personnes de prendre en ampleur et en épaisseur, grâce au développement en plusieurs épisodes qui appellent une saison 2.
Le suspens est instauré intelligemment dans ce paysage dystopique. Un mélange d’angoisse et d’espoir instillé dans la vie des petites gens : des retrouvailles familiales, la mort de proches, l’amour de l’autre. Comme souvent dans les productions post-apocalyptiques, la petite histoire rencontre la grande. Les français sont peu impliqués dans le genre en général mais Canal + s’en sort relativement bien. Les scènes en grand-angle sont extrêmement plaisantes avec des lieux de tournages variés et esthétiques aident à entrer dans l’ambiance de la série. Le passage entre les deux langues est fluide, construit. Le jeu d’acteur porte le projet à merveille et, même si quelques longueurs scénaristiques et quelques écueils ne sont pas évitées, la série reste selon moi une réussite.
Gaëlle Giroulet
