Une des meilleures autrices françaises de science-fiction

Informaticienne, Catherine Dufour s’est faite connaître comme avec le roman Le goût de l’immortalité qui a obtenu le grand prix de l’imaginaire en 2007. Elle est aussi une remarquable nouvelliste et on se souvient de L’accroissement mathématique du plaisir. Elle revient ici au Bélial avec justement un recueil de nouvelles, L’arithmétique terrible de la misère, qui bénéficie d’une préface enthousiaste et militante d’Alain Damasio (et d'une belle couverture de Caza), membre comme elle du collectif Zanzibar.

Un recueil très varié

Dans le registre militant, on notera justement la nouvelle titre, qui traite de l’accueil des migrants et qui fera plaisir du côté des sympathisants d’extrême-droite. Il y a aussi Une fatwa de mousse de tramway, très bonne nouvelle d’anticipation sur le traitement des risques nucléaire et sanitaire dans une société néolibérale. Plus intimiste, Enemy isinme voit un gosse inventer une appli qui lui permet de voir les traces des morts … et il finit par découvrir qu’il a eu un frère, plus exactement un clone génétique, décédé. Ses parents ont voulu avoir le même enfant, lui. Il meurt et ses parents meurtris lancent un procès contre la firme responsable du clonage. Ils ne gagneront que le droit que d'avoir un nouveau clone de leur enfant: glaçant.

Inversons les rôles !

Nous trouvons aussi deux nouvelles, Un temps chaud et lourd comme une paire de seins et La Tête raclant la lune sont construites autour de la policière Ulalee Giampietro où les rôles sont inversés : ce sont les hommes qui sont le sexe faible et victimes de meurtres commis par des femmes violentes. C’est très bien construit et efficace. Le recueil se termine avec Coucou les filles !, narrant l’histoire d’une tueuse en série d’hommes. Violent et plein d’ironie. Notons aussi un récit portant sur la vie (sexuelle) d’Alfred de Musset… qui donne envie de le relire.

Voici de nouvelles preuves du talent de Catherine Dufour !

Sylvain Bonnet