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Cemetery Boys - Les secrets d'écriture d'Aiden Thomas
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Cemetery Boys - Les secrets d'écriture d'Aiden Thomas

A l'occasion de la sortie de Cemetery Boys en France, aux éditions Actusf, Aiden Thomas a accepté de répondre à quelques questions.
Best-seller du New York Times, ce roman aborde des sujets sensibles et d'actualités tels que l’acceptation des personnes LGBTQI+ ou encore le racisme.

Actusf : Pouvez-vous vous présenter rapidement ?

Aiden Thomas : Bonjour ! Je m’appelle Aiden Thomas et je suis un·e auteurice transgenre et latinx qui écrit de la fiction young adult.

Actusf : Pouvez-vous nous dire quelques mots sur votre roman pour les personnes qui ne l’ont pas encore lu ?

Aiden Thomas : Cemetery Boys est une histoire de fantômes, qui se change en comédie romantique, avec pour personnage principal Yadriel – un garçon trans qui essaie de prouver à sa famille et à sa communauté de brujx qu’il est un vrai brujo, mais, parce qu’il est trans, ses proches ne sont pas convaincus que les rites de passage traditionnels fonctionneront pour lui. Déterminé à leur montrer qu’ils ont tort, Yadriel se lance seul dans le rituel des quinces et invoque accidentellement Julian Diaz, le bad boy qui hante son école. Yadriel et le fantôme sont coincés ensemble jusqu’à ce qu’ils découvrent ce qui est arrivé à Julian pour que ce dernier permette à Yadriel d’envoyer son esprit dans l’au-delà.

Actusf : Pourquoi avez-vous décidé d’écrire une histoire de fantôme ?

Aiden Thomas : Enfant, j’étais obsédé·e par les histoires qui font peur, surtout celles de fantômes. Quand j’étais petit·e, Casper, où une jeune fille emménage dans une maison hantée et y rencontre un fantôme du nom de Casper, était mon film préféré. C’est un film vraiment drôle, avec beaucoup d’humour et une pincée de romance. Ça a été une grande inspiration pour Cemetery Boys.

Actusf : Comment vos personnages principaux sont-ils nés ? Ils sont tellement uniques dans leur manière de s’exprimer et de vivre cette aventure !

Aiden Thomas : Pendant la création de l’intrigue de Cemetery Boys, je voulais écrire un livre que j’aurais aimé avoir quand j’étais enfant. Je voulais que Yadriel soit le reflet de mon propre vécu, c’est pour ça qu’il est mexicain et cubain, transgenre et gay. Sur le papier, Yadriel ressemble énormément à l’enfant que j’étais, mais en beaucoup plus courageux.
Yadriel est anxieux et timide, alors quand le moment est venu de créer son crush, je savais qu’il fallait non seulement que ce soit quelqu’un qui fasse exploser sa bulle, mais aussi quelqu’un qui lui accorderait le soutien et le réconfort qu’il n’a jamais reçu de la part de sa famille. Et c’est comme ça que Julian a été inventé ! Son dynamisme et son assurance aident Yadriel à se sentir à la fois plus courageux et plus sûr de lui tandis que le calme de Yadriel permet à Julian de mieux gérer sa colère. Julian était un personnage très cool à écrire parce qu’il est chaotique et prend beaucoup de place.

Actusf : Comment avez-vous choisi les noms de vos personnages ?

Aiden Thomas : Pour tout vous dire, j’avais déjà les noms des personnages de Cemetery Boys avant même d’avoir une intrigue digne de ce nom ! À l’époque, j’avais tweeté pour demander à d’autres auteurices s’iels avaient des prénoms qu’iels aimeraient utiliser dans un roman, sans toutefois s’y résoudre, parce que ces noms ont une trop grande importance à leurs yeux. J’ai dit que Yadriel et Julian était deux de mes prénoms favoris, et une des éditrices de Swoon Reads (ma maison d’édition américaine) m’a encouragé à utiliser les deux pour Cemetery Boys ! Par chance, le livre a fonctionné, je pense avoir réussi à leur rendre justice !

Actusf : Il semblerait que vous ayez créé une belle communauté avec Cemetery Boys, aviez-vous imaginé qu’une telle chose se produirait ?

Aiden Thomas : Pour être honnête, je n’avais JAMAIS imaginé que Cemetery Boys connaîtrait un aussi grand succès ! Je pensais sincèrement que ce serait un roman discret. Mon objectif était d’atteindre ne serait-ce qu’une seule personne, et qu’elle se sente reconnue ; si c’est le cas, alors, j’ai fait mon boulot. Le succès du roman a dépassé de loin mes rêves les PLUS FOUS ! À chaque fois que j’atteins un nouveau pallier, que je reçois une nouvelle critique ou qu’on m’envoie un fanart, ça devient la chose la plus incroyable qui me soit jamais arrivée. Je suis constamment abasourdi·e par cette expérience, et tellement reconnaissant·e !

Actusf : Vous avez écrit un livre qui participe à normaliser la représentation des personnes queer et latinx dans les romans young adult. Qu’est-ce que cela vous fait de savoir ça ? Était-ce l’une de vos motivations lors de l’écriture du roman ?

Aiden Thomas : La représentation est primordiale et peut sauver des vies chez les jeunes queer et latinx. C’était aussi très important pour moi d’écrire l’histoire de Yadriel, car je voulais un livre dans lequel les jeunes queer, trans et latinx pourraient se voir eux-mêmes sous les traits de puissants héros. Là, tout de suite, ces jeunes vivent dans un monde où iels reçoivent beaucoup de haine et de violence. Je voulais écrire un livre sympa, avec des représentations positives, dans lequel iels pourraient s’échapper. Je voulais qu’iels se sentent aimé·e·s et soutenu·e·s pour qui iels sont.

Actusf : Cemetery Boys est sorti en italien, en espagnol, en allemand… et paraîtra tout bientôt en français aux éditions ActuSF. Qu’est-ce que ça fait de voir son roman voyager si loin ?

Aiden Thomas : C’est incroyable, et tellement fou ! Je suis vraiment ravi·e que Cemetery Boys puisse être lu et partagé dans toutes ces langues, tous ces pays, toutes ces cultures. J’adore recevoir des messages de mes lecteurices en dehors des États-Unis, qui me disent à quel point ils ont aimé le roman !

Actusf : Vous travaillez souvent avec Mars Lauderbraugh (qui dessine vos couvertures et vos personnages), pourriez-vous nous en dire plus sur votre collaboration ?

Aiden Thomas : Bien avant que le premier jet de Cemetery Boys ne soit terminé, j’avais commandé à Mars Lauderbraugh des dessins de mes personnages que j’ai adoré et montré à mon équipe éditoriale. Quand le temps est venu de réfléchir à la couverture, elle m’a envoyé une liste d’artistes non binaires, trans et/ou racisé·e·s. Mars était dedans, parce que nous aimions tous beaucoup son travail, et j’ai immédiatement souhaité que Mars s’occupe de la couverture officielle. Les dessins de Mars correspondent exactement à l’image que j’ai de Yadriel et de Julian ! Nous travaillons également ensemble sur le design des personnages de mon prochain roman, The Sunbearer’s Trials, et j’ai hâte de partager tout ça !

Actusf : À quoi ressemble votre processus d’écriture ?

Aiden Thomas : Je planifie à fond ! Je planifie absolument tout ce qui se passera dans mes livres, chapitre par chapitre, scène par scène, et même dialogue par dialogue. Quand j’ai terminé le plan de Cemetery Boys, il faisait soixante-deux pages ! Je trouve ça plus facile – et plus rapide – d’écrire un livre si j’ai un plan très détaillé, c’est grâce à ça que j’ai pu écrire le premier jet de Cemetery Boys en six semaines.

Actusf : Vous avez écrit un « guide de survie pour la sortie d’un livre » (disponible sur votre site internet), il est très complet, pragmatique, mais aussi très drôle. Qu’est-ce qui vous a poussé à écrire ce guide ? En quoi était-il important pour aider d’autres auteurices ? On trouve beaucoup de « guides pour être publié », mais très peu d’écrits sur ce qui vient après.

Aiden Thomas : En toute honnêteté, il y a énormément de choses que les auteurices ignorent sur le monde de l’édition, alors j’ai voulu écrire un guide pour répondre à plusieurs questions que les auteurices se posent quand un de leurs romans sort (surtout si c’est un premier roman) ! J’y parle du planning éditorial, des cover reveals, et des campagnes de précommande. Comme publier un livre peut être stressant et effrayant, j’ai souhaité partager ce que j’avais appris après la sortie de deux de mes romans.

Actusf : Vous avez également écrit Lost in the Never Woods (déjà sorti en version originale) et The Sunbearer Trials (à paraître en version originale) et deux autres titres ont été annoncés… Pouvez-vous nous en dire plus sur ces projets ?

Aiden Thomas : Oui ! Je suis tellement content·e de tous mes projets à venir ! The Sunbearer Trials est le premier tome d’un diptyque. C’est une sorte de « quand Percy Jackson rencontre Hunger Games » d’inspiration mexicaine, où des demi-divinités sont choisies tous les dix ans pour s’affronter lors des Sunbearer Trials. Le ou la gagnant·e remporte l’honneur de revitaliser le soleil, tandis que la personne qui arrive en dernier doit être sacrifiée.
Ce sera ensuite au tour de mon premier roman young adult contemporain, dont le titre provisoire est Just Max, de sortir. Ça parle d’un jeune homme nommé Max, dont l’entourage ne sait pas qu’il est trans, et de sa première année à l’université. À la suite d’un problème technique, au lieu d’avoir son propre appartement sur le campus, il se retrouve dans un dortoir mixte. Il y a beaucoup de passages fun sur les petites manies qu’on peut avoir quand on est trans, et Max est également en crush sur son voisin de palier qui lui propose de l’aider en maths.
Le dernier de mes projets à venir, est mon tout premier roman de science-fiction ! Il n’a pas encore de titre, mais je l’appelle le « Titanic gay dans l’espace ».

Actusf : Pensez-vous que ces trois projets ont quelque chose en commun ?

Aiden Thomas : Ce n’est pas évident de trouver des points communs entre tous mes livres parce que j’y explore différents sujets et genres littéraires ! Mais s’il faut vraiment choisir, je dirais que toutes mes histoires s’intéressent à des sujets sérieux et souvent difficiles, mais avec humour. Je pense que, dans l’écriture, la comédie constitue une bonne approche pour les thématiques plus sombres et qu’elle les rend plus faciles à lire, notamment pour les jeunes lecteurices.

Actusf : Cemetery Boys puise dans les récits mythologiques, Lost in the Never Woods est une réécriture de Peter Pan, The Sunbearer Trials parle de semidios… les récits fondateurs constituent-ils une source d’inspiration pour vous ?

Aiden Thomas : J’ai toujours été inspiré·e par la mythologie et le folklore ! Je trouve les réécritures super intéressantes parce que des auteurices différents ont des points de vue différents sur les récits classiques, et j’adore voir ce que ça donne. Reprendre une histoire connue et en prendre le contrepied ou la situer dans un contexte nouveau et captivant, c’est tellement bien !

Actusf : Un joli souvenir de votre collaboration avec votre équipe éditoriale à nous raconter ?

Aiden Thomas : Oh mon Dieu, j’ai littéralement la meilleure équipe éditoriale qui soit ! Je pense que mon souvenir préféré date de ma chirurgie du torse, il y a quelques années. Mon équipe éditoriale, ainsi que les autres auteurices de Swoon Reads, m’avait envoyé un paquet-surprise pour me souhaiter un bon rétablissement, avec une carte. C’était super gentil, et honnêtement, certaines des choses qu'iels m’ont envoyé m’ont bien servi ! J’ai toujours la carte.

Actusf : Des lectures à nous recommander ?

Aiden Thomas : J’ai toujours des livres à recommander ! Parmi mes meilleures lectures récentes, il y a :
Blood Like Magic de Liselle Sambury
Fifteen Hundred Miles from the Sun de Jonny Garza Villa
The Witchery de S. Isabelle

Gaëlle Giroulet

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