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Chant d’Etoile

Michel Weyland (Scénariste, Dessinateur), Nadine Weyland (Coloriste)
Cycle/Série : 
Langue d'origine : Français
Aux éditions : Collection :
Date de parution : 31/01/2005  -  bd
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Chant d’Etoile

Michel Weyland pensait-il qu’il consacrerait sa vie à une seule et unique héroïne, Aria ? Mis à part une petite infidélité en 1988 avec Yvanaëlle, la Dame de Mordorez (Le Lombard), il narre inlassablement les aventures d’un des personnages les plus connus de la bande dessinée pour adolescents. Durant sa dernière année de formation en Arts plastiques à l’Institut Saint-Luc de Bruxelles, il tente de percer dans la bande dessinée avec Stereo-Land publié dans Tintin entre 1968 et 1969, mais il abandonne rapidement. Née en 1980 dans le magazine Tintin, la série Aria signe le retour à la bande dessinée de Weyland après dix ans d’absence.

Les prémonitions d’une mère

La belle Aria parcourt comme toujours les chemins défoncés de son vaste monde, mais en cette douce soirée, son âme est plutôt d’humeur mélancolique. Son fils Sacham lui manque terriblement et le désir de le revoir se fait plus pressant. Elle installe son campement sans joie mais avec une certaine ruse, et bien lui en prend puisqu’elle manque de se faire assassiner par un maraudeur. Dans les affaires de ce dernier, elle trouve le couteau qu’elle avait autrefois offert à son fils. Elle en est désormais certaine, quelque chose est arrivé à Sacham, son Chant d’Etoile. La piste n’est pas dure à trouver, le nom de Sacham est connu grâce à sa qualité de guérisseur, pourtant en arrivant près de Kervaudan, l’hostilité à l’égard de son fils est plus vive. Les dons de son fils semblent s’être transformés en outil de mort. Aria va devoir faire vite pour sauver son fils.

Sous des aspects naïfs, Aria est une bonne série d’héroïc fantasy

Sur les 27 tomes, quatre concernent directement les relations d’Aria et de son fils Sacham : La Fleur au ventre, La Griffe de l’Ange, La Voie des Rats et bien sûr ce vingt-septième album, c’est peu. Ces histoires prennent donc un relief bien particulier, elles sont plus sensibles encore que les autres. Notre jolie héroïne est déjà mère et le petit a vite poussé, devenu rapidement adulte, il a pris son envol avec sa douce amie pour exercer ses dons de guérisseur de par le vaste monde. Une douce amie qui l’a quitté, de là vient le mal qui le ronge. Les peines de cœur sont les plus inconsolables, sauf pour une mère comme Aria. Sa maternité l’a douée d’une hyper-sensibilité et ses rêves, ses pressentiments se transforment en cauchemars.

En excellent conteur, Weyland nous donne à voir beaucoup plus que ce que l’on perçoit au premier abord. Derrière le décorum de la fantasy et de l’aventure se cachent des réflexions plus profondes, perceptibles à un autre niveau de lecture. La sexualité est au cœur de ce dernier tome avec la fleur carnivore qui nous ramène au mythe du vagin denté. Cette figure représente la femme comme un être cruel et castrateur alors que le cœur de Sacham, meurtri, développe une excroissance affreuse et pourrie. La mort de la fleur carnivore qui coïncide avec la guérison du fils d’Aria présage d’une sexualité à nouveau épanouie et heureuse. L’étrangeté du récit résulte dans le fait que ce soit la mère qui participe à ce rééquilibrage. Aria est une figure féminine très forte, elle se suffit à elle-même, joue de l’épée, en un mot elle est castratrice. Peut-être est-ce pour libérer son fils de l’emprise qu’elle a inconsciemment sur lui qu’elle doit l’opérer ? Ainsi, les récits d’Aria sont beaucoup moins naïfs qu’ils n’y paraissent et c’est avec bonheur que l’on retrouve chaque année la belle aventurière dans des intrigues, certes cousues de fil blanc mais là n’est pas l’essentiel.

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