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Cherudek

Valério Evangelisti ( Auteur), David Sala (Illustrateur de couverture), Serge Quadruppani (Traducteur)
Langue d'origine : Italien
Aux éditions : Collection :
Date de parution : 31/01/2005  -  livre
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Cherudek

Anciennement chercheur en sciences politiques à l’Université de Bologne, Valerio Evangelisti a vite été propulsé chef de lance du renouveau de la littérature de l’imaginaire quand paraît le tome 1 de la série des Eymerich qui remporta en 1994 le prix Urania. En France d’autres prix octroyés aux opus suivants sont venus renforcer cette consécration : le prix Tour Eiffel en 1998 et Le Grand Prix de l’imaginaire en 1999. Evangelisti a cependant su s’éloigner de son personnage fétiche en écrivant notamment Black Flag. Il s'est également attelé à l'écriture d'une autre série, Le Roman de Nostradamus, dont trois tomes ont été traduits aux éditions Payot.

Epopée d’un buveur d’eau célestine

An 1358, en Occitanie les Franciscains dissidents au service de l’Ecclesia spiritualis sont légion et l’on colporte d’étranges rumeurs sur des armées de morts-vivants. L’inquisiteur Nicolas Eymerich est envoyé pour éradiquer cette double menace. Désigné comme la deuxième grenouille par l’Ecclesia spiritualis il devra combattre pour sa survie dans un maelström de manipulations où orientation spirituelle, pouvoir politique et opérations militaires sont intimement liés. Sur un autre plan, dans une cité brumeuse trois hommes en noir se démènent pour percer les secrets du labyrinthe organisé autour d’une église qui abrite le crâne de Saint-Mauvais. Ils organisent le sacrifice des trois dernières incarnations d’un ancestral principe féminin malgré la rébellion de l’une des jeunes femmes qui veille sur une fillette coupable d’un acte horrible. Elle finira par s’apercevoir qu’elle est enfermée dans son rôle comme l’inquiétant et savant narrateur l’est entre des parois de bronze.

L’Eymerich nouveau est arrivé

Certains lecteurs se plaignaient qu’Evangelisti ne se renouvelait pas assez d’un volume à l’autre. Cherudek devrait les réconforter. En effet, Evangelisti réserve la dimension hard-science de son récit à des interventions limitées du narrateur qui ponctuent avec une régularité quasi mécanique le récit (2 à 4 pages toutes les 100 pages). Et encore le narrateur ne cite-t-il les références scientifiques que pour expliciter ce qui se passe dans les autres parties du récit et la relation logique entre les trois plans. Les aventures de Nicolas Eymerich et celles qui ont pour cadre la ville brumeuse empruntent davantage au registre fantastique. La partie consacrée à l’inquisiteur est riche de rebondissements et les autres récits viennent l’interrompre aux moments fatidiques afin de tenir le lecteur en haleine. Cette fois-ci bien que toujours méfiant et sans scrupules (immoralité soulignée par la sainteté du reste de la « trinité grenouillère), Eymerich a un instant de faiblesse face à la fillette blonde.

Failles d’un somptueux et curieux édifice

Les réflexions du narrateur déjà mentionnées incitent à s’interroger sur l’imaginaire collectif, cartographié notamment par Jung, et largement exploité dans les littératures de l’imaginaire. Le recours à des substances hallucinogènes (biscuits de seigle et eau célestine) vient cependant instiller le doute quant aux fondements apparemment solides des récits enchâssés. A tous ceux qui se plaignaient d’une indigestion de Nicolas Eymerich, Evangelisti offre un savoureux festin nu !

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