China Miéville est né en 1972 à Norwich en Angleterre. Auteur multi-facettes, il officie à la fois dans la science-fiction, l'horreur, le fantastique ou encore le roman noir. Lui-même qualifie son travail de "weird fiction". Il a fait ses études à Cambridge, après avoir rapidement abandonné des études de Lettres, c'est finalement vers l'ethnologie qu'il s'oriente. À 18 ans, il part pour l’Égypte et le Zimbabwe afin d'enseigner l'anglais. Le Caire et son chaos urbain l'inspirera notamment pour la Cité-Etat Nouvelle-Crobuzon de son roman Perdido Street Station (2003) qui a reçu le prix Arthur C. Clark et et le grand prix de l'Imaginaire dans les catégories meilleur roman étranger et meilleure traduction.
Sur ActuSF on connaît déjà assez bien cet auteur, et moult chroniques vous en diront du bien. J'avais pour ma part découvert l'auteur avec le recueil Jake et autres nouvelles (Fleuve éditions) et je savais qu'il aimait bien s'aventurer dans de nombreux styles littéraires. Aujourd'hui nous le redécouvrons dans le Young Adult avec Lombres (Prix Locus du roman pour jeunes adultes) et illustré de sa main qui a profité d'une réédition chez Au Diable Vauvert cette année !
Une aventure écologiste dans un univers bien barré
Zanna et Deeba sont deux copines inséparables vivant à Londres. Un jour, Zanna se rend compte qu'elle semble être la cible de phénomènes étranges, jusqu'au jour où une étrange fumée la menace directement. Piquées de curiosité, les deux filles arrivent par hasard dans un Londres parallèle, Lombres, où tous les déchets et autres créatures bizarres vivent ensembles. On apprend alors à Zanna qu'elle est l'élue d'une étrange prophétie et qu'elle doit sauver leur ville d'une terrible menace.
Un hommage à Neverwhere de Neil Gaiman
Dans ce roman de China Miéville, tout est calibré en courts chapitres et illustrations guidant le lecteur dans un univers qui va toujours plus loin dans les prouesses imaginatives de l'auteur. Lombres de la récupération ? Une prophétie ? Une quête et des dangers à tous les coins de rues ? Il reprend les codes narratifs classiques d'une aventure plutôt orientée adolescente pour en faire ce qu'il veut et plonger dans le chaos d'un joyeux bordel. C'est déroutant, on ne sait vraiment pas dans quoi on va tomber d'une page à l'autre, mais une chose est certaine on ne s'ennuie pas une seconde tant la surprise est au rendez-vous !
Les illustrations sont très chouettes, elles apportent vraiment une plus-value au récit et stylistiquement c'est vraiment original, à en juger par tous les jeux de mots parsemés au fil de l'intrigue qui font vraiment sourire. On se dit à chaque fois "et mince, comment a-t-il pu penser à ça ?" Cela semble ainsi avoir été un travail de longue haleine pour le traducteur qui a dû suer à grosses gouttes pour trouver des équivalents à toutes les bizarreries linguistiques de l'auteur. Rien que pour ça, saluons la démarche car cela n'a pas dû être évident. Bref, voilà une parfaite illustration de tous les rouages de la littérature pour les jeunes.
Mais cela n'a pas suffit pour ma part à en faire un réel coup de cœur littéraire. Je pense que je préfère amplement la facette sombre de l'auteur. J'ai peiné à m'attacher aux protagonistes, la personnalité des jeunes filles ne m'a pas marqué plus que ça, et j'ai trouvé le ton un poil trop bienveillant même si bien sûr il y a du drame et de la baston à foison. Ce qui fait de moi la parfaite illustration de la personne dont je n'étais pas absolument pas la cible pour apprécier ce roman. Cela n'enlève donc toutefois en rien toutes ses qualités littéraires du bouzin et l'univers vaut vraiment qu'on s'y intéresse, pour un peu qu'on y adhère. J'ai trouvé des idées et détails très amusants, comme le petit personnage Caillet, cette brique de lait que j'ai associé rapidement à celle d'un petit chien de type chihuahua très mignon. Mais Pour ma part en tout cas, ça m'a laissé sur ma faim (à la différence de ma collègue Elodie qui en parlait en 2018 par exemple). Bref, il a tenté, et moi, ben, je vais retourner aux sombreries et autres horreurs littéraires car visiblement, c'est ce que je sais le mieux apprécier, voilà tout.