Un premier roman avec un titre en grec ancien

Les éditions La Volte aiment publier des romans engagés et qui prennent des risques. C’est le cas de Paideia de Claire Garand, autrice d’un roman de fantasy typé Young adult, Les maîtres de la lumière (Rroyzz, 2019), que nous n’avons, avouons piteusement, pas lu. Le titre intrigue quand on a fait un peu de Grec et de lettres classiques car il renvoie au concept d’éducation, à la fois spirituelle et citoyenne.

Dix petites mères

Soyons clairs : la Terre est foutue, l’humanité s’est auto-détruite… Sauf dix petites filles qui grandissent dans dix stations en orbite autour de la Lune. Avec elles, il y a un papa et une maman qui leur apprennent les sciences, l’histoire de la Terre, les langues… De temps en temps, ces parents décidément plein d’énergie essaient de remettre en état les installations lunaires détruites lors d’une guerre inutile. L’une des petites filles est moins intelligente que les autres (et subit les quolibets de leur sœurs) mais rêve d’autre chose. Car ces gamines sont modifiées génétiquement pour porter des embryons qui seront à l’origine d’une nouvelle humanité destinée à conquérir les étoiles. Et notre narratrice veut autre chose. Elle veut voyager jusqu’à Mars et au-delà. Ce roman est celui de sa difficile (impossible ?) émancipation.

Une histoire prenante et qui fait réfléchir

Lire Paideia est une expérience. Notre « héroïne » nous fait partager son quotidien, ses pensées intimes, celles d’une enfant grandie trop vite. Et oui, car elle voit le destin qu’on lui a fabriqué, sans penser à son libre arbitre : c’est d’ailleurs formidable que la moins intelligente des dix soit celle qui se pose finalement cette question. D’autres question se pose : tout se résume-t-il à nos gênes ? Être une jeune fille se résume-il à ses capacités reproductives ? Quid de l’individu ? Au fond, Paideia est un roman philosophique. À lire donc.

Sylvain Bonnet