Un homme qui a plusieurs cordes à son arc
Anthologiste, critique réputé et redouté à Fiction (ça commence à dater) et à Bifrost, Claude Ecken est aussi auteur de romans et de nouvelles, tant en science-fiction que dans le policier. On lui doit des recueils de nouvelles comme Le monde, tous droits réservés (Le Bélial, 2005) et Au réveil il était midi, publié en 2012 déjà chez L’atalante et qui remporta le prix Masterton en 2013. Il a été réédité l’année dernière.
Un recueil d’anticipation politique
Dix ans se sont écoulés depuis la sortie de ce recueil qui s’inscrit dans le courant de l’anticipation. Ici, pas de fusées ou d’alien, encore moins de voyages dans le temps. Les textes proposés relèvent de l’anticipation sociale et politique. Que se passe-t-il lorsqu’on voit notre société et qu’on l’imagine d’ici dix ou vingt ans ? Voyons quelques histoires.
Une société à la dérive
Dans Je vous apprendrai la haine, on découvre un vieil homme et un jeune issu de l’immigration, enfermés ensemble dans une cellule par des policiers bas de plafond. Ils finissent un texte de rap écrit initialement par le jeune. Texte engagé contre les violences policières. Dans Sparadrap et bout de ficelles, c’est la peinture des précaires, malmenés par un état gangrené parle le néolibéralisme et qui n’a plus rien de social. Dans La morale de l’histoire, on voit une enseignante, ancienne gogo dancer, en proie au chantage d’un parent d’élève qui connaît son passé, tout en voyant une de ses collègues se suicider. Son face-à-face avec l’institution se terminera par un réquisitoire. Pierre Martino, un cas décrit la lente dérive d’un jeune homme que la société, cela est clair, pousse vers la sortie de route et le meurtre.
Un recueil engagé donc, dans la tradition de la Science-fiction politique. Une réussite aussi.
Sylvain Bonnet
La chronique de 16h16 !