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Claus et Simon, Rois de l'évasion

Jérôme Bosch (Coloriste), Julien/CDM (Lettrage), Acuna (Dessinateur), Arcas (Scénariste)
Langue d'origine : Espagnol
Aux éditions : 
Date de parution : 31/01/2005  -  bd
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Claus et Simon, Rois de l'évasion

De Acuna et Arcas, on sait peu de choses sinon qu'ils nous viennent d'Espagne où les aventures de Claus et Simon sont publiées dans un format comics beaucoup moins léché que l'album de la traduction française à la couverture vernissée.

Le prix de la liberté

Claus le clown et Simon le lézard sont des duettistes : ils font des spectacles de combat théâtral. Mais les temps sont durs pour les artistes. Aussitôt acceptent-ils avec enthousiasme et gratitude la proposition qui leur est faite de travailler dans le milieu de l’évasion à Cosmos City. Une fois passée l’euphorie de ce contrat juteux, ils découvrent que la Casta et la Corporation se partagent la plus grande ville du monde et que si on n’est pas avec l’une, on est avec l’autre. Le spectacle repose sur des arrangements et autres magouilles et les puissants tiennent la vie humaine pour dérisoire comparée aux profits générés par les paris… Impossible de rester indépendants et vivants ? Il est des chaînes plus difficiles à briser que les accessoires utilisés dans les shows de l’évasion…

Visuellement déjanté

Pour obtenir un cocktail visuel décapant, les auteurs ont forcé la dose de références au cinéma et aux comics dans leur shaker : des films de gangsters et leurs hommes de main avec la panoplie complète (chapeau, imper et mitraillette) et cerveaux restant dans l’ombre aux atmosphères de long-métrages d’anticipation (Mad Max, IA, etc). A ces clichés américains, ils ont rajouté des références japonaises : des scènes folkloriques du pays du Soleil levant ouvrent l’album et une parodie de Bioman et autres justiciers nippons en combinaison moulante le clôt.

Des teintes quasi phosphorescentes et des couleurs métallisées et très tranchées donnent le ton de l’univers futuriste. Le dessin va de l’hyperréaliste (certaines cases semblent être des photos retravaillées) à la caricature assumée. Dans la foule hybride du XXIIème siècle, on trouve des personnages totalement délirants ainsi des animaux humanoïdes (à commencer par Simon) ou encore des petits hommes nerveux et difformes en uniforme (flics, conducteurs…).

Les onomatopées sont lourdes graphiquement, composées de lettres bariolées au contour rehaussé par une teinte plus pâle, elles débordent régulièrement des cases, elles parasitent et amplifient  <!--[if !supportEmptyParas]-->la narration comme les marques et autres messages publicitaires ont envahi les éléments urbains (vêtements, accessoires, bâtiments).

Scénaristiquement léger


Il semble que l’histoire ait eu du mal à se débarrasser des contraintes des genres qu’elle pille et compile allègrement. De temps à autre, une idée la fait décoller : on apprécie par exemple l’effet de mise en abîme quand Claus et Simon lancés par leur impresario deviennent des icônes et se retrouvent sur des tas de produits dérivés et notamment héros de comics. Sinon la galerie de portraits si savoureuse à l’œil manque un peu d’épaisseur et de subtilité : les méchants le sont vraiment, seuls les gentils ont le sens de l’honneur et de l’amitié et les héros sont somme toute des losers : comme ils l’avouent benoîtement, ils détestent prendre des risques et des décisions. Simon est avant tout préoccupé par la nourriture ; quant à Claus, il est amoureux d’une lesbienne et harcelé par une hystérique !

Avec Escapo, paru en 2002 chez Vertige Graphic, Paul Pope, sur le même thème (le roi de l’évasion) et nourri des mêmes références visuelles avait développé une intrigue à résonance métaphysique, plus sombre et sobre, plus profonde aussi.

Mais l’aspect visuel de la BD est tellement explosif qu’on ne s’appesantira  pas davantage sur la superficialité de l’histoire, les auteurs ne se prenant visiblement pas au sérieux. D’ailleurs, reproche-t-on aux feux d’artifice de n’être que de la poudre aux yeux ?

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