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CoCyclics : bêta-lecture et conseils d'écriture - novembre 2015
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CoCyclics : bêta-lecture et conseils d'écriture - novembre 2015

Publier un roman ? Depuis quelques années, on ne sait plus trop ce que cela veut dire. Difficile de s’y repérer, parfois, entre toutes ces méthodes pour « rendre son roman public ». Elles se multiplient avec leurs avantages, leurs déceptions parfois et... leurs arnaques, aussi. Petit tour d’horizon non exhaustif (et forcément subjectif, ce n’est que notre avis) pour s'y retrouver et peut-être éviter des déconvenues.
 
Les arnaques
 
Les entreprises en cause flirtent entre différentes techniques, jouent sur le mensonge et l’ambiguïté. Attention à bien lire les contrats, googler les noms et se renseigner sur des forums d’auteurs avant de signer s'il existe le moindre doute.
 
1) L'édition à compte d'auteur
 
C’est une pratique vieille comme le monde de l'édition. Des « prestataires » mentent délibérément à des auteurs amateurs en se prétendant « éditeur ». En réalité, ils gagnent de l’argent en faisant payer les auteurs  et non les lecteurs.
 
Parfois, on demande à l'auteur 3 ou 4000€. Parfois, seule l'impression est payante.
 
Parfois, c’est la couverture, ou la correction, ou une « aide personnalisée » en option.
 
Parfois aussi, le contrat se présente comme « participatif » : l'éditeur prétend financer une partie du projet et l'auteur « participe ». Inutile de se mentir : c'est la même chose. Le plus souvent, on essaye de faire croire à l'auteur que c’est normal dans le monde de l'édition, qu'il faut payer pour être publié. C'est FAUX.
 
Si l'auteur paye, il n'est pas « publié », il est imprimé. Le manuscrit ne sera pas réellement sélectionné, il n'aura pas réellement de lecteurs : contrairement à ce qu’ils essayent de faire croire, les éditeurs à compte d'auteur sont très peu diffusés en librairie, très peu relayés par la presse, etc. Les auteurs de ces maisons restent presque toujours inconnus et ne sont pas regardés comme des "auteurs publiés" par le milieu de la chaîne du livre.
 
Ils pourront aller en salon, (le Salon du livre de Paris ouvre grand ses portes à ces prestataires) mais en payant une fois de plus. Ils seront obligés, pour vendre leur roman, de jouer sur la naïveté des lecteurs qui ignorent la différence entre compte d’auteur et compte d’éditeur. Inutile d'espérer que cette forme d'édition soit un « tremplin » : bien souvent, mieux vaut ne pas être publié que d'être « publié » à compte d'auteur.
 
Pour lire un témoignage de l'intérieur, voir les très bons articles à ce sujet sur Espaces Comprises 
 
 
2) Les sociétés/ associations qui proposent de vendre un ouvrage en numérique (parfois en papier) « sans frais »
 
Phénomène nouveau et moins coûteux que le compte d’auteur, c’est pourtant une pratique à éviter, elle aussi. Ces sociétés sans savoir-faire éditorial acceptent à peu près tous les manuscrits qu'on leur propose sans sélection. Parfois, elles proposent des prestations payantes en option (correction, couverture), parfois tout est gratuit. Où est le problème, dans ce cas ? Eh bien, l'auteur sera effectivement « publié » gratuitement. Son livre sera disponible sur les plateformes de vente.
 
Mais comment donc se rémunère cette société ? Elle escompte que l'auteur va vendre lui-même son ouvrage à ses amis ou à sa famille. Elle-même ne fera aucune publicité pour son ouvrage et se contentera de toucher son pourcentage. En ratissant large, sur plusieurs centaines ou milliers d'auteurs, elle gagne suffisamment d'argent pour vivre, mais ne les aide quasiment en rien.
 
Ce type de prestataire indique qu'il fera la promotion de l'ouvrage sur des plateformes de vente en ligne. Souvent, cette promotion s'avère très décevante.
 
Les modes alternatifs de fabrication/diffusion de romans : avantages et déceptions
 
1) Les imprimeurs et sociétés d'impression
 
Des prestataires de service proposent d'imprimer l'ouvrage pour une somme forfaitaire. Pas de mensonge ici, l'auteur sait ce qu'il achète : une sorte de photocopie de qualité. Cette prestation est idéale pour offrir des ouvrages à ses proches ou le garder dans sa bibliothèque. On peut utiliser cette pratique pour faire de l'auto-édition papier (voir plus bas).

2) L'auto-édition
 
C'est le véritable phénomène littéraire des années 2010, bien que cette pratique existe déjà depuis bien longtemps. L'auteur fait tout lui-même : la mise en page, la correction, la couverture, la promotion, la diffusion, etc. On peut s'auto-éditer en papier mais aussi, bien sûr, en numérique, pour lequel le coût est quasi nul.
 
 
Il ne s'agit pas du tout d'une "arnaque". Avec cette solution, l'auteur reste maître de son ouvrage (aucun éditeur ne lui demande de corrections, il touche 100% des ventes sauf bien sûr le pourcentage de la plateforme de vente).
 
Inconvénient : les romans auto-édités sont très nombreux et beaucoup d'entre eux sont de mauvaise qualité (pas de sélection au départ, pas de travail sur le manuscrit). Chaque roman est donc perdu dans la masse et a du mal à se faire connaître. En clair, sauf si l'auteur est déjà connu, ou s'il a un grand talent pour le marketing et beaucoup de temps à y consacrer, il ne vendra probablement presque rien. Il risque de s'épuiser à faire la promotion de son ouvrage pour des résultats souvent médiocres. Bien sûr, ce n'est pas une règle absolue et certains auteurs inconnus arrivent parfois à faire un succès (voire un très gros succès) par ce biais. C'est très rare, mais cela peut arriver.
 
Attentions aux arnaques, comme ces prestataires proposant, moyennant rémunération, de placer un roman dans le top 10 d'Amazon et de lui faire de « faux » commentaires élogieux. L'auteur se rend complice d'une tromperie vis-à-vis des lecteurs (qui sont souvent très déçus) et il doit payer. Au final, sa place dans le top 10 ne durera que quelques jours...
 
3) Le crowd funding
 
Certains sites permettent de présenter un manuscrit et l'internaute peut « commander » à l’avance le livre imprimé dans l’hypothèse où les sommes récoltées sont suffisantes pour lancer son impression. A priori, pas d'arnaque dans ce système. Si le montant prévu n'est pas atteint, les sommes sont remboursées. Mais attention :
- L'auteur devra solliciter ses proches et passer un temps fou à rassembler des gens, les remercier, leur envoyer le livre une fois imprimé, etc.
- Si le montant récolté est suffisant, certes, le livre sera imprimé, mais qui s’occupera des corrections ? de la diffusion en librairie ? des contacts presse ?
 
Il y a de grandes chances pour que le livre ne trouve pas vraiment d'autre public que les donateurs.
 
L'édition à compte d'éditeur
 
C'est en général à cette seule voie que l'on pense quand on parle « d'édition ». Une société commerciale (ou une association, parfois) sélectionne un manuscrit parmi des centaines ou des milliers d’autres, elle propose de payer de sa poche pour la fabrication, la diffusion en librairie, les contacts presse, les contacts avec les prix littéraires, etc.  Elle peut parfois se charger de revendre les droits pour une publication à l'étranger, à un éditeur "de poche" ou -sur un gros coup de chance- à un producteur de cinéma. C’est cela qu’on appelle un « éditeur ». Ce n’est pas un philanthrope non plus, il se rémunère sur chaque livre vendu et l'auteur ne touche qu’un petit pourcentage. Mais au moins, l'auteur et lui ont un intérêt en commun : toucher un public, diffuser l'œuvre.
 
On raconte parfois qu'il est impossible de trouver un éditeur sans un réseau, sans être Parisien ou tel ou tel autre avantage : c’est FAUX. Il est difficile de trouver un éditeur pour un auteur inconnu, mais jamais impossible. Cela arrive chaque année. On peut augmenter (un peu) ses chances en se renseignant sur les éditeurs qui acceptent les manuscrits d'inconnus et ceux qui publient le genre d’ouvrage concerné.
 
[pub inside : pour aider les auteurs à trouver un éditeur, CoCyclics :]
 
 
Attention, même ce mode d’édition réserve parfois lui aussi des surprises ou des déceptions.
 
Inutile d'espérer devenir célèbre et millionnaire : à moins d’un gros succès, ce qui est rare, les ventes ne sont pas énormes et ne rapportent souvent pas assez pour en vivre. Mais cela arrive parfois. 
 
Parfois, il s'agit d'une toute petite maison, peu connue et mal diffusée. L'auteur va donc devoir faire une grande partie de promotion lui-même et il risque d'avoir un succès limité. Parfois, il s'agit d'une grosse maison présente dans des milliers de points de vente. Parfois, l’édition se fera en « papier », parfois uniquement en « numérique », parfois les deux. Mais le principe reste le même et, au final, le succès ou l'insuccès reste toujours assez imprévisible.
 
Très souvent, cet éditeur demandera d'effectuer des corrections sur le roman. Parfois pour le plus grand bien du roman, parfois non, à l'auteur de voir - mais le but de l'éditeur n'est pas de brider son génie, c'est, selon lui en tout cas, d'améliorer le roman.
 
Par ailleurs, certaines maisons ne payent pas leurs auteurs, ou en retard, certaines ne font pas bien leur part du travail, ne sont pas sérieuses, ont été montées par des amateurs… Mieux vaut bien lire le contrat avant de signer et ne pas hésiter à demander conseil autour de soi. Pas d’arnaque là-dedans, mais parfois des déceptions.
 
Cependant, l'édition à compte d'éditeur reste pour beaucoup d'auteurs une très grande source de satisfaction.
 
Conclusion
 
De manière générale : le meilleur moyen de réussir à gagner un lectorat, c'est avant tout d'écrire un bon roman. Certains auteurs se focalisent sur l’édition et oublient cette évidence. Il n’existe pas de méthode miracle pour y parvenir, mais on peut conseiller de lire, piocher des idées un peu partout, persévérer, travailler, se documenter, se corriger. Si cela est possible, on peut aussi faire relire le manuscrit à des gens capables de faire des remarques constructives (pub inside : sur CoCyclics, par exemple... ou par tout autre moyen).
 
Rendez-vous le mois prochain pour une nouvelle chronique.
 
CoCyclics
 
 

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