Ce mois-ci, CoCyclics se penche sur les aides disponibles pour les écrivains en France, et comment les obtenir.
Ces aides peuvent être matérielles et/ou financières, mais il y a souvent quelques critères à remplir afin d’y être éligible.
Des institutions qui soutiennent les auteurs
Le CNL (Centre national du livre) est un établissement public du Ministère de la culture et de la communication. Il a pour mission de soutenir au niveau national tous les acteurs de la chaîne du livre.
Au sein de commissions spécialisées, le CNL rassemble 200 professionnels de la chaîne. Ces commissions se réunissent afin d’étudier les demandes de soutien déposées par les auteurs. Actuellement, on peut y remarquer la présence de personnalités du monde SFFF, tels que Fabrice Colin dans la commission « Littérature de Jeunesse », ou Stéphane Marsan dans la commission « Roman ».
En région, les DRAC (Directions régionales des affaires culturelles) interviennent dans plusieurs domaines, tels que l’économie du livre (par le soutien aux maisons d’éditions et aux librairies), la gestion du patrimoine, la lecture publique et la vie littéraire (par un appui aux structures d’animation littéraire, comme les résidences d’auteurs, dont on parlera plus loin).

En marge des services de l’état, de nombreuses associations œuvrent aussi pour l’aide aux auteurs.
Fondée en 1838, gérée et animée par des auteurs depuis lors, la SGDL (Société des gens de lettres) a pour mission de défendre le droit moral et patrimonial des auteurs, ainsi que leur statut juridique et social. Pour adhérer à la SGDL, il faut avoir publié au moins un ouvrage à compte d’éditeur. L’adhésion donne accès à une aide juridique et fiscale, un soutien judiciaire en cas d’abus caractérisé, une mutuelle… La SGDL propose aussi aux auteurs une protection des œuvres sous toutes leurs formes (service de dépôt des manuscrits sur papier ou en version électronique), des rencontres publiques (lectures, débats, forums), et décerne chaque année des grands prix de littérature.
La SGDL est à l’origine de l’AGESSA (Association pour la gestion de la sécurité sociale des auteurs). L’AGESSA sert de passerelle entre les auteurs et les caisses primaires d’assurance maladie. Si tous les auteurs cotisent, seuls les affiliés à l’AGESSA bénéficient des prestations liées au régime social des auteurs (dont l’assurance vieillesse). Cette affiliation n’est ouverte qu’à partir d’un certain montant de droits d’auteurs perçus sur les années précédentes (le seuil est de 8577 € en 2014).
Pour la littérature jeunesse, la Charte des auteurs et des illustrateurs pour la jeunesse existe depuis 1975. De la même façon que pour la SGDL, il faut avoir publié au moins un livre à compte d’éditeur pour adhérer à cette association. La Charte propose notamment une assistance juridique gratuite et des formations à ses membres. Elle permet aux écrivains et aux illustrateurs pour la jeunesse d’échanger et de faire entendre une voix collective sur des sujets divers, tels que les droits d’auteurs ou les cotisations retraite.
Enfin, la MEL (Maison des écrivains et de la littérature) a pour objectif de fédérer les écrivains et de les représenter, de les défendre et à travers eux, de promouvoir la littérature. La MEL organise des rencontres, propose sur son site un répertoire des bourses d’aides et des résidences d’écrivains, accompagne les politiques du livre vers l’école et la société civile. À ce titre, la MEL coordonne notamment un programme national de rencontres d’écrivains en milieu scolaire (l’Ami littéraire), ainsi que le programme « Le temps des écrivains à l’université et dans les grandes écoles » qui encourage les rencontres entre écrivains et étudiants.
Les bourses d’aides spécifiques aux romans
Les bourses d’aides sont d’abord pensées pour permettre à l’écrivain de dégager du temps libre, afin qu’il mène à bien son projet d’écriture. Les bourses peuvent être publiques ou privées, nationales ou régionales, généralistes ou thématiques. Elles exigent souvent une première publication à compte d’éditeur. Si ces aides peuvent parfois être cumulées, la sélection est difficile : elle se fait toujours sur dossier et le nombre de bourses proposées chaque année est très faible.

Au niveau national :
- Le CNL propose trois niveaux de bourse : les bourses de découverte, les bourses de création, et les bourses d’année sabbatique, auquel le candidat peut postuler en fonction du nombre de publications.
- La Fondation de France remet chaque année une dizaine de « Bourses déclics jeunes ». L’unique critère d’éligibilité concerne l’âge du candidat (entre 18 et 30 ans).
- La Fondation Marc de Montalembert réserve à des candidats de moins de 30 ans une bourse attribuée pour la réalisation d’un projet littéraire en lien avec la connaissance des cultures de la zone méditerranéenne.
- La bourse « Ecrivain » de la fondation Jean-Luc Lagardère est aussi réservée aux moins de 30 ans.
- La SCAM (Société civile des auteurs multimédias) offre des bourses pour l’écriture d’une œuvre transposant ou prolongeant une œuvre initialement réalisée pour le cinéma, la radio ou la télévision.
Au niveau régional, plusieurs conseils régionaux, des CRL (Centres régionaux des lettres / du livre) ainsi que des collectivités territoriales proposent eux aussi des bourses d’écriture ou d’aide à la création.
Les résidences d’auteurs
Les résidences sont des structures qui peuvent accueillir des écrivains de façon durable, et surtout en leur offrant un espace de travail favorable à la création. Individuelles ou collectives, pérennes ou ponctuelles, ces structures sont assorties d’une bourse et proposent un hébergement. De façon générale, les résidences comportent un projet de création et un projet d’action culturelle avec des rencontres et des ateliers.
De la même manière que pour les bourses d’aide à l’écriture, il est souvent requis de l’auteur une première publication à compte d’éditeur afin de pouvoir demander une résidence. Les dossiers de candidature sont sélectionnés avec soin car les places sont limitées.
Les institutions régionales sont des partenaires privilégiés pour les résidences. DRAC, conseils régionaux et structures régionales du livre sont ainsi susceptibles d’offrir du soutien, à la fois aux porteurs de projets de résidences, mais aussi aux auteurs accueillis par une structure. Le CNL propose quant à lui un crédit de résidence (d’une durée de 2 à 6 mois) aux auteurs accueillis et qui souhaitent obtenir un complément financier sur le temps de leur résidence.
À titre d’exemple, Ecrire à Brive est une résidence organisée par la ville de Brive (Corrèze), pour des auteurs de romans (adulte et jeunesse). L’auteur postulant à cette résidence ne doit pas vivre dans le Limousin, avoir publié à compte d’éditeur au moins une fois et en langue française. La durée d’hébergement peut aller jusqu’à 6 mois.
Pour en savoir plus, le site internet de la MEL propose un répertoire des bourses d’aide à l’écriture, ainsi qu’une base de données sur les résidences d’écrivains : http://www.m-e-l.fr/bourses-residences-ecrivain.php
Les aides à la création littéraire en France existent bel et bien, mais il faut garder à l’esprit qu’en recevoir n’est pas chose facile, la sélection étant au rendez-vous.
Selon ses besoins, chaque écrivain peut chercher et sélectionner la béquille qui lui convient. S’il réussit à l’obtenir, elle lui permettra d’avancer plus sereinement sur les sentiers éditoriaux et de participer ainsi à la promotion de toutes les littératures.
A bientôt pour une prochaine chronique CoCyclics
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