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Comme dans les westerns

Frederik Peeters (Dessinateur), Albertine Ralenti (Coloriste), Pierre Wazem (Scénariste)
Cycle/Série : 
Langue d'origine : Français
Aux éditions : 
Date de parution : 28/02/2005  -  bd
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Comme dans les westerns

Il faut lire Koma. C’est un leitmotiv que je traîne depuis que j’ai ouvert La Voix des cheminées (Koma-1) et Le grand Trou (Koma-2). L’existence d’une telle série est une des preuves les plus patentes de la bonne santé de la bande dessinée francophone. Ses auteurs, Pierre Wazem et Frédérik Peeters, sont pourtant loin d’avoir atteint la gloire des Van Hamme, Jodorowsky ou même de leur compatriote Zep. Mais rares sont les libraires, (les vrais s’entend: ceux qui lisent les livres qu’ils vendent et ne se contentent pas de mettre en tête de gondole ceux qui leur assurent les meilleurs ventes) qui ne vous recommanderaient pas cette série qui, sous sa naïveté apparente, n’a rien de puéril. Fer de lance de la collection Tohu Bohu (des Humanoïdes Associés), Pierre Wazem s’est fait connaître de ce côté du lac Léman en tant que dessinateur du Chant des Pavots, puis en auteur complet de Bretagne et Comme une rivière. Avec Koma, il assure cette fois le scénario, tandis que Peeters (Les Pilules Bleues) se charge du graphisme. Comme dans les westerns est le troisième tome de cette heureuse collaboration.

"Rigolo tu connais ? Vous rigolez jamais ici ?"

Addidas a retrouvé la trace de son père. Prisonnier condamné à creuser dans le grand trou, il n’a, semble-t-il aucune perspective d’embellie. Pas d’autre solution pour Addidas que de le secourir, en remontant à la surface. Oui, mais pas toute seule: son nouveau copain, le monstre de sa machine, l’accompagnera là-haut. Juste le temps de sauver Jim, le fils McMullan, des griffes des autres monstres souterrains, et les voilà au grand air. Un monde tout neuf pour la créature souterraine.

Pour localiser le grand trou, pas de meilleure façon que de demander au commissariat. Sûr qu’avec son nouvel ami, le monstre, elle saura tirer les vers du nez du commissaire... Dingue ce qu’elle peut être coopérative des fois la police. Sauf que de son côté, Julius, le papa d’Addidas a trouvé le moyen de jouer la fille de l’air. Tout seul. Et quand la petite atteint enfin le grand trou, son père a disparu.

"Il faut faire une diversion"

C’est l’expression phare de ce troisième opus qui continue d’allier avec bonheur l’humour, la tendresse et le rêve. Non la bande dessinée helvétique ne se limite pas à Titeuf. Non pas que je n’aime pas Titeuf, attention. Mais le gouffre est profond. Ici, on n’est jamais dans la régression d’une certaine génération gloubiboulguesque qui se balance du popcorn en regardant les vieux épisodes d’Albator. Avec Koma, on navigue plutôt dans l’univers onirique des auteurs pour lesquels l’enfance est un joyau, un peu à la manière de la poésie des chansons de Dionysos. A l’instar du groupe de rock, Wazem et Peeters usent du western comme d’une référence scénaristique apolitique, une carte postale au premier degré. Addidas ne comprend pas tout, mais elle comprend assez. Tout le reste n’est qu’enluminure et cynisme.

"Con c’est quelqu’un qui comprend pas vite ou qui veut pas ou qui peut pas ou qui croit pouvoir mais en fait il comprend rien du tout..."

L’histoire de ce troisième tome se déroule au même rythme que ses phylactères: sans ponctuation. La fuite de Julius, les diversions d’Addidas se composent avec une adresse et un humour rares. La terreur déclenchée dans le commissariat par le monstre d’Addidas, par exemple, est mise en scène avec une drôlerie exquise. Le dessin de Peeters colle toujours parfaitement au ton faussement naïf de cette série qui ne cesse de faire le bonheur de ses lecteurs. Troisième petit bijou en trois tomes: chapeau messieurs.

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