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Critique macédonienne de la pensée française

Galia Ackerman (Illustrateur de couverture), Viktor Pelevine ( Auteur), Pierre Lorrain (Illustrateur de couverture)
Langue d'origine : Russe
Aux éditions : Collection :
Date de parution : 31/01/2005  -  livre
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Critique macédonienne de la pensée française

Viktor Pelevine commence à être connu en France, où il a déjà cinq romans et recueils de nouvelles traduits, mais cela est loin d'approcher la réputation qu'il a dans son pays d'origine, la Russie, où il est rangé parmi les auteurs cultes. Omon-Ra (1995), La Flèche Jaune (1995), Un Monde de cristal (2000), Ontologie de l'enfance (2000), La Mitrailleuse d'argile (2000), Homo zapiens (2001) ou L'Hermite et Sixdoigts ont été traduits en de nombreuses langues. Critique acerbe de la société russe moderne tombée sous la coupe de l'ultralibéralisme, il n'épargne pas non plus l'ex-régime communiste, ni les bases de la société occidentale...

Pêle-mêle...

Un Darwin qui, c'est le cas de le dire, prend à bras le corps le problème de la sélection naturelle...
Une scène dans un café viennois où le lecteur trouvera sans peine symbole sur symbole...
Une accumulation de références mythologiques avec des résultats pour le moins inattendus...
Une critique acerbe des philosophes français, avec leçons appliquées...
Un passage de l'autre côté. Mais s'il y a un autre côté de l'autre côté ?
Une adaptation réussie de l'économie ultralibérale par l'enfer....
Un essai de philosophie orientale aux conclusions qui ne peuvent pas en être...
Une expérience de cybersexe qui prend un tour inattendu...
Une croyance en la victoire qui peut créer l'arme de la vengeance...
Un homme qui va jusqu'au bout de ses croyances, peut-être pour les perdre...

Humour noir et tir à vue

Viktor Pelevine a une prédilection pour les personnages qui s'enferment dans des mondes illusoires qu'ils créent eux-mêmes, que ce soit la course à une richesse illusoire, l'enfermement dans une série de mensonges ou une idéologie perdue, ou la poursuite de rêves complètement fous (et pas au meilleur sens du terme). Mais, comme dans le cas du philosophe Kika, dans ces mondes le signifiant a dépassé sa signification -au point de ne plus rien vouloir dire du tout- de sorte que, en effet, l'allégorie de la caverne, qui revient à de multiples reprises dans les nouvelles, devient la seule représentation possible de la réalité. Représentation paradoxale, puisque, justement, cette allégorie représente le doute quand à notre capacité à approcher cette réalité, et par là même à la décrire, fût-ce par cette image... Le lecteur lui-même se piège dans sa recherche du sens, perdu dans cette galerie de personnages pas très recommandables mais d'autant plus humains, dans lesquels il risque de se reconnaître par moments. Pelevine intègre le monde moderne comme les classiques, qu'il s'agisse de science ou de mythologie, passant des mythes grecs aux idées chrétiennes ou à la philosophie orientale et de l'humour au lyrisme. Ici chaque nouvelle est un voyage différent, mais les paysages valent tous la peine d'être vus, et laisseront le lecteur interpellé longtemps après avoir refermé le recueil. Une expérience dépaysante à tenter absolument.

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