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Cthulhu, le mythe

Howard Philips Lovecraft ( Auteur), Maxime Le Dain (Traducteur), Sonia Quémener (Traducteur), Goomi (Illustrateur de couverture)
Langue d'origine : Anglais US
Date de parution : 31/01/2012  -  livre
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Cthulhu, le mythe

Howard Phillips Lovecraft est l'un des écrivains les plus connus dans le domaine de l'horreur.
 
Établissant une mythologie ancienne, oubliée des hommes mais résidant encore dans la noirceur de lieux étranges, il sera l'auteur d'une série d'écrits, dont le plus connu L'Appel de Cthulhu ouvre ce que son ami, August Derleth, nommera plus tard Le Mythe de Cthulhu, regroupant les textes basés sur les Grands anciens.
 
Lovecraft bâtit son panthéon noir et le rend encore plus tangible en écrivant le Necronomicon, sous le pseudonyme de l'Arabe dément Abdul Al-Hazred.
On retrouve des passages ou des allusions à cet ouvrage dans treize de ses romans.
 
" De grands trous sont creusés en secret là où les portes de la terre devraient suffire,"
 
"On peut concevoir la survivance de forces ou d'êtres semblables..., la survivance d'une époque infiniment lointaine où... la conscience se manifestait sous des formes qui se sont depuis longtemps retirées de la surface du globe devant le flot montant du genre humain..., formes dont seules la poésie et la légende ont conservé un souvenir fugace pour en faire des dieux, des monstres, et des créatures mythiques de toute espèce..."  Algernon Blackwood.
 
C'est cette note, trouvé dans les papiers du défunt Francis Wayland Thurston, de Boston, qui ouvre le récit sur une chose innommable... Sur l'appel qu'il entendit...
 
Mais d'autres les ont vus dans des villes décrépies; ont entendu ces murmures insondables et pénétrant. Le mythe est là tout près, dans les ténèbres, et attend...
 
"et les choses qui devraient ramper ont appris à marcher."

Cette année, les éditions Bragelonne et Sans-Détour se lancent ensemble dans le projet de regrouper les récits de ce mythe intemporel de l'horreur et du fantastique, sous le titre de : Cthulhu, le mythe.
 
On commence le recueil par l'introduction de Jérôme Bouscaut que l'on connaît surtout pour être l'auteur du JDR L'Appel de Cthulhu pour Sans-Détour... Il nous parle de Lovecraft, ses amis, ses amours et son univers en reprenant un premier texte rédigé par le défunt August Delerth, ami de H.P.Lovecraft, texte qui n'a rien de nouveau, sauf pour un jeune lecteur qui découvrirait le mythe (on retrouve cette préface dans deux anciennes éditions du Mythe de Cthulhu).
 
Jérôme Bouscaut évoque cet univers Lovecraftien comme il le ferait d'une liste de courses, s'attardant trop peu sur son impact sur l'auteur et sur la création de ces entités venues d'ailleurs. On reste sur une notre faim. Des questions restent en suspens comme : Pourquoi ce monde fascine toujours ? Quelle est l'histoire du Necronomicon ? Il nous énumère les inspirations que ce mythe a engendré à travers les époques dans la musique, le cinéma, les jeux vidéo et jeux de rôles dont on n'oublie pas bien entendu de mentionner fortement la 6ème édition du JDR publié par Sans-Détour en 2011... Bref, si vous connaissez un peu Lovecraft, cette introduction est aisément dispensable. 

Le vif du sujet...

Les oeuvres qui nous sont présentées dans ce recueil sont toutes de H.P.Lovecraft. C'est un fait important car souvent on se perd entre celles de ses disciples et les siennes. Ces nouvelles sont accompagnées de sympathiques illustrations et bénéficient d'une nouvelle traduction.
 
Les nouveaux traducteurs ont suivi le texte point par point, donnant une traduction complète et quasi fidèle des récits, mais qui reprend également la complexité des phrases, ce qui rend la lecture un peu plus ardue et moins chantante qu'avec la traduction précédente de Jacques Papy.
 
On soulignera aussi que certains titres ont également été changé comme L'Abomination de Dunwich qui devient L'horreur à Dunwich, ou Celui qui chuchotait dans les ténèbres qui devient Celui qui chuchotait dans le noir. Pourquoi toucher à des titres mythiques ? Dommage...

En revanche, les neuf nouvelles présentes dans ce recueil sont un choix judicieux. Proposées dans leurs ordres chronologiques, elles sont une véritable balade touristique dans l'univers de Lovecraft.
 
Au-delà des nouvelles les plus connues, on trouve également quelques raretés comme La Maison de la sorcière et Le Monstre sur le seuil. Ces deux nouvelles n'avaient à l'époque pas été très bien reçues parmi les correspondants de l'auteur. Lovecraft lui-même écrivit à Derleth, en parlant de la première nouvelle: "[...] bien que je ne pense pas que ce torchon soit aussi mauvais que vous ne le pensiez... Toute cette affaire me montre que ma carrière fictionnelle est probablement terminée."
 
Malgré ces avis sans concession, elles sont pourtant une clef de l'univers de Lovecraft, car elles montrent, dans leur pessimisme glauque et funèbre, comment les portes des anciens s'ouvrent pour engloutir notre monde, et qu'il n'y a pas d'échappatoire possible comme on peut le sentir dans la dernière nouvelle du livre :  Celui qui hante les ténèbres.

Durant ces récits à la première personne, le narrateur s'enfonce dans la folie et l'agonie, ce dont nous sommes les seuls témoins. Des secrets enfouis en Arabie ou dans les abimes de la mer, jusqu'aux terreurs nocturnes émergeant d'entre les murs d'une sinistre ville, H.P.Lovecraft nous entraine dans les profondeurs occultes de l'humanité, ne nous livrant pas ses secrets mais plutôt les peurs enfouies depuis un âge obscur.
 
Ce recueil se termine par un livret de 19 photographies, reprenant plus ou moins les lieux fictifs et réels des histoires de l'auteur. Il aurait été judicieux, pour une bonne compréhension et interprétation des clichés, de faire une réelle préface sur le sujet "Les terres de Lovecraft" avec un descriptif historique de ces lieux inspirés par d'autres villes, voir même un comparatif photographique pour certains endroits, et non de se contenter de les annoter. 
 
Cthulhu le mythe est un livre qui s'adresse aux personnes découvrant les oeuvres de H.P.Lovecraft, car il n'y a rien de nouveau à l'intérieur pour étancher la soif d'un passionné de l'auteur (même avec les nouvelles traduction). C'est un rien dommage.

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