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Damnés

Stéphane Betbeder (Scénariste), Riccardo Crosa (Dessinateur)
Cycle/Série : 
Langue d'origine : Français
Aux éditions : Collection :
Date de parution : 25/07/2007  -  bd
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Damnés

Sanctuaire Reminded est l'adaptation en manga de la BD Sanctuaire, de Xavier Dorison et Christophe Bec. Stéphane Betbeder (scénariste de Alister Kayne entre autres) et Riccardo Crosa (dessinateur italien créateur de Rigor Mortis) se sont attelés à cette tâche pour la collection Shogun des Humanoïdes Associés. Ce deuxième tome, comme le premier, a été pré-publié dans Shogun Mag.

L’USS Nebraska au pied du sanctuaire

L’USS Nebraska, en mission dans les eaux territoriales syriennes, est tombé nez à nez avec l’épave du Youbrenin, sous-marin russe non répertorié échoué plus de soixante-dix ans plus tôt dans une grotte immergée, au pied d’un gigantesque sanctuaire oublié. Le commandant Hamish envoie une équipe explorer le vaisseau pour n’y découvrir que des cadavres. Lors de cette exploration, Mariam, la jeune journaliste invitée à bord, subit une hallucination horrifiante. De multiples questions se posent, qui se muent en inquiétude lorsque d’autres membres de l’équipage montrent un comportement anormal et dangereux. Petit à petit, l’influence d’une force inconnue terrée dans le sanctuaire semble se confirmer.

Une intrigue qui se met tranquillement en place

Damnés commence comme le premier tome, avec une introduction située dans le Youbrenin juste avant son naufrage. Les auteurs rejouent la même scène initiale mais en changeant de point de vue, donnant un peu plus d’informations sur l’origine de l’intrigue avant de retourner au présent. Le parallèle avec la situation de l’USS Nebraska prend alors tout son sens et l’on devine que l’imbrication entre passé et présent va s’amplifier et se complexifier au fil des tomes.

Une très bonne introduction, donc, pour un scénario qui se met en place doucement mais sûrement. Stéphane Betbeder prend le temps de développer son histoire sans que l’on s’ennuie, consolidant le contexte de l’intrigue en changeant régulièrement de point de vue, que ce soit à l’intérieur de l’USS Nebraska ou sur la base militaire de New London. Les informations sur l’énigme du sanctuaire nous sont révélées subtilement, en nous laissant deviner plus que ce qui est montré. Bien que l’histoire évolue peu globalement dans ce second tome, Betbeder parvient à instiller une tension qui progresse par paliers : montant lentement, elle arrive à un point culminant avant de retomber provisoirement en épaississant le mystère. Cela insuffle un rythme soutenu à l’histoire sans donner l’impression d’un schéma répétitif. Betbeder s’en explique d’ailleurs dans le traditionnel making-of à la fin de l’album, alignant ses références et évoquant sa façon d’aborder un scénario.

Toutefois, deux bémols sont à apporter. Le premier concerne la femme de June Everson, un officier du Nebraska. Sans raison, elle éprouve une sorte d’intuition à propos de son mari et agit en conséquence. C’est assez incohérent avec le reste de l’histoire et on a beaucoup de mal à y croire. Le second concerne les personnages principaux du premier tome, Jake Culkin en tête, qui s’effacent un peu trop devant l’intrigue : les liens que les auteurs avaient tissés entre eux et le lecteur dans Profanations s’en trouvent fragilisés. Espérons qu’ils soient de nouveau consolidés par la suite.

Des dessins toujours aussi précis

Malgré ces réserves, le scénario est de très bonne facture et les dessins renforcent notre plaisir de lecture. D’une précision étonnante, notamment dans les décors, ils illustrent l’intrigue avec un dynamisme certain, que ce soit dans les mouvements ou dans le découpage. Crosa utilise intelligemment l’espace de ses planches, adaptant son découpage aux sentiments et aux émotions qu’il veut provoquer chez le lecteur : panique et urgence pour les scènes de tension ou d’action, calme et lenteur pour les scènes de contemplation ou d’attente.

On notera en particulier la représentation subtile des hallucinations auxquelles sont en proie certains membres de l’équipage : comme dans l’introduction du premier tome, la limite entre fantasme et réalité est ténue et Crosa arrive à nous surprendre autant que les personnages.

Un manga de qualité

Damnés confirme les qualités qu’on avaient aperçues dans Profanations, que ce soit au niveau des graphismes ou de l’intrigue. La manière de développer le scénario, en prenant son temps, laisse augurer d’une série riche et consistante, alors que les dessins, s’ils conservent leur précision, promettent un plaisir visuel qui ne risque pas de s’atténuer. A la fin du volume se trouvent quelques pages du tome trois en preview : juste ce qu’il faut pour laisser le lecteur dans l’attente de sa parution.

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