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Deir El Medineh
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Deir El Medineh

Ce deuxième album prolonge la série des Gardiens du sang, signée Didier Convard, Denis Falque et André Juillard, qui se déroule avant l’affaire du Triangle secret, la première série mystico-fantastique à succès de Convard avant INRI et Hertz. Un album événement.

Dans le premier tome, un jeune généticien réputé, Jean Nomane, avait été recruté pour espionner les activités des gardiens du sang, à la recherche de l’immortalité, de Jésus aux dernières expériences sur les cellules souches, en passant par Cagliostro et la confrérie égyptienne de Deir El Medineh. Pris en flagrant délit d’assassinat dans un séminaire francilien, il était soupçonné du meurtre du cardinal Motteli. Poursuivi par la police et par les gardiens du sang, les véritables auteurs du crime, il tentait de sauver les participants au groupe Génome-1, seuls scientifiques de renom à même de s’opposer aux manipulations génétiques humaines de la Haute Loggia. Jean Nomade et les scientifiques dont il assurait la protection étaient pris dans la nasse. Liquidés un par un, leur disparition semblait inéluctable. Le jeune chercheur, qui avait cherché refuge chez son ex, semblait incapable de lutter contre la puissante organisation des gardiens du sang.

Désormais, la donne change…

La contre-attaque

Alors qu’ils tentent d’échapper aux gardiens du sang, le professeur Clarke et sa femme tombent dans un traquenard et disparaissent dans un accident de voiture en pleine forêt allemande. Le généticien parvient à s’en sortir par miracle et tente de rejoindre Jean Nomane par ses propres moyens. À Paris, ce dernier se cache dans l’appartement de Loïc, le patron de sa petite amie. Disposant du crâne de Cagliostro et d’une clé mystérieuse, il entre en contact avec un certain Monsieur Grégoire, qui l’avait recruté pour espionner les gardiens du sang.

Dès lors, Jean et ses amis vont pouvoir bénéficier de l’aide de la B.I.S. (Brigade d’Infiltration des Sectes, une agence des services secrets français). Ils reçoivent l’aide d’une faction dissidente des gardiens du sang, mécontente de la suppression systématique des scientifiques susceptibles de s’opposer aux projets de la Haute Loggia. Un mystérieux rectificateur en vient même à liquider la cellule parisienne des gardiens du sang, qui cherchait à éliminer Jean Nomane. Qui en est le commanditaire ? La B.I.S., qui agit à l’insu du Ministère de l’Intérieur ? Les gardiens du sang en dissidence ? Le groupe Mundus International qui semble tirer de nombreuses ficelles dans la quête crypto-religieuse de l’immortalité ?

Scénario au-dessus du lot

Rendons hommage au scénario de Convard, qui est le vrai point fort de la série. Si la qualité narrative des thrillers illustrés francophones a plutôt eu tendance à augmenter ces dernières années, le label « Triangle secret » figure incontestablement dans le haut du panier. Transposé en roman, en série ou en film, la trame des Gardiens du sang pourrait connaître un succès digne de Dan Brown. L’auteur n’est pas seulement un des premiers à juxtaposer des thèmes ésotériques, scientifiques et politiques, il les entremêle avec un art consommé de l’intrigue et du suspense. Très documentée, la série ne sacrifie pas le réalisme à un symbolisme théorique et, dans un contexte peu ordinaire, les situations et les personnages restent très crédibles. Dans une perspective historique, Le Triangle Secret contribue à rendre la BD plus adulte : on est nettement au-delà des classiques jeunesse (Blake & Mortimer, Lefranc, Harry Dickson) et un cran au-dessus, ne serait-ce qu’en raison des références historiques et culturelles, des bonnes séries paranoïaques à suspense (Largo Winch, XIII, A.D.N., Le Pouvoir des innocents, Les Enragés, …).

Après un premier tome haletant, où le héros était en fuite permanente et où les bons scientifiques disparaissaient un à un, on se demandait comment la série allait garder le rythme. Habilement, Convard desserre l’étau autour des personnages principaux. Il inverse le cours de la machination. Les gardiens paient maintenant le prix du sang. Mais il suggère que cette machination même peut être orchestrée par les principaux alliés des gardiens du sang. L’intrigue s’organise donc comme dans les bons thrillers ou les bons romans de SF autour de la recherche des principaux manipulateurs. À qui profitent les crimes ? Qui manipule qui ? Le scénariste prend le soin, en fin d’album, de justifier plus clairement les deux titres mystérieux de la série : Cagliostro est mis en scène face à la confrérie immortelle de Deir El Medineh.

Les lecteurs seront plus réservés sur la qualité graphique de la série. Le niveau d’ensemble reste très acceptable, mais le dessin ne brille pas ni par son originalité, ni par sa spontanéité. Les visages, pas très esthétiques, ne sont pas particulièrement expressifs. Le cadrage n’a rien d’audacieux. Ni les couleurs (Paul), plutôt sombres dans l’ensemble. Heureusement, le scénario est un ton au-dessus. Curieusement, ce deuxième album semble un peu plus bavard que le premier. À l’exception des scènes historiques finales, les dessins sont plus tassés, les cases plus petites.

Si vous aimez les récits intelligents, visionnaires et didactiques, cette série est faite pour vous.

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