Harlan Ellison est essentiellement connu pour ses délires provocateurs, sa mystification permanente, son petit protégé Dan Simmons (rien que ça !) et ses anthologies Dangereuses Visions. Dans Dérapages, il continue d'explorer un genre qu'il connaît bien et dans lequel il excelle : la nouvelle.
21 récits étranges
Entrer dans l'esprit d'un psychopathe amant de sa meilleure amie, survoler San Francisco sous la forme d'un dragon redresseur de torts spatio-temporels, trouver un homme dans son salon, chargé par une femme de faire déguerpir un mari dont elle ne veut plus, suivre un nazi dans ses souvenirs macabres ou encore tomber sur une femme capable de domestiquer les créatures fantastiques…
Etrange mais décevant
Le sommaire est bien plus alléchant que les nouvelles, au final. Harlan Ellison dérape, oui, mais vers sa vie personnelle, avec ce sens de la mise en scène et du culte de la personnalité qui lui est propre. Le clown mégalo n'est cependant pas à la hauteur et manque singulièrement de recul. Au final la plupart des nouvelles agacent au lieu d'émerveiller.
D'un point de vue stylistique, le dérapage évident et voulu de Ellison reste un peu faiblard, pour qui connaît Jakobson. Pour les autres, ça restera parfois assez obscur.
De bonnes nouvelles, tout de même, viennent relever le niveau : Les cauchemars rêvent aussi (titre exécrable, bon texte), Minuit dans la cathédrale engloutie et L'arôme persistant du bois brûlé. Pour le reste, quelques délires de typo viennent justifier que le recueil s'appelle Dérapages et on a bien du mal à suivre le mouvement, la plupart du temps, pour cause d'ennui profond et de refus de se prêter au jeu du grand homme délirant. Le dernier défaut de ce recueil réside dans la quasi impossibilité de piocher une nouvelle différente, par ci par là.
Etrange donc intéressant
Cependant, Ellison ne peut laisser indifférent. Son style est bien trop marqué pour qu'on puisse en critiquer l'essence en faisant foi d'une subjectivité exacerbée. Un auteur qui transparaît tellement dans son écriture ne peut pas être un total falsificateur et un mauvais… Les amateurs de SF très classique ne seront peut-être pas séduits par ces complexes Dérapages. Les autres connaissent, ils se reconnaîtront !
La chronique de 16h16 !