Et voici l’avant-dernier tome de la série Star Wars – Clone Wars dont l’action se situe après la bataille de Géonosis relatée dans le film Episode II, L’Attaque des Clones. Delcourt a décidé de publier l’intégralité du récit avant la sortie du film en 2005, d’où des volumes très rapprochés, les premier et deuxième étant parus respectivement en avril et juin. La famille ne cesse donc de s’agrandir puisque pas moins de huit séries sont disponibles chez l’éditeur. Il y a tout d’abord les adaptations en bande dessinée des films, les épisodes IV, V et VI de la première trilogie et les épisodes I et II de la deuxième. Les séries parallèles avec Star Wars – Jedi (deux volumes), Star Wars – Le Côté Obscur (trois volumes) et Star Wars – Clone Wars (trois volumes), les récits brefs, L’Ultime Commandement (deux volumes) et L’Héritier de l’Empire (deux volumes) et enfin l’adaptation en manga qui compte déjà sept volumes. Autant dire que les collectionneurs sont largement sollicités, et la bande dessinée n’est qu’une goutte d’eau dans l’Empire des produits dérivés…

La Bataille de Jabiim : premier véritable échec de la République

Quinze mois après la bataille de Géonosis, Anakin et son maître Obi-Wan Kenobi sont envoyés sur la planète Jabiim alors en pleine guerre civile. Le commandant séparatiste Alto Stratus a monté un coup d’Etat grâce à l’aide de la Confédération, le Comte Dooku lui envoie armes et hommes. Face à lui les loyalistes jabiimiens ont obtenu l’aide de la République mais les Jedis et les clones sont en mauvaise posture. En effet, une pluie torrentielle empêche les renforts d’atterrir, les troupes sont harcelées et la base refuge est attaquée. Les choses empirent encore lorsque Kenobi disparaît, laissant Anakin seul à la tête d’un groupe de Padawans inexpérimentés. Tous les généraux Jedis étant morts, les jeunes gens, sans Maître, sont livrés à eux-mêmes alors que l’ennemi est partout.

« Aidez-moi à faire souffrir les Jedis »

Ce troisième volet des Guerres des Clones se décompose en deux temps. Les quatre cinquième de l’album narrent la terrible bataille de Jabiim. Cet événement clef dans l’histoire de la République et dans le cheminement d’Anakin Skywalker est scénarisé par Haden Blackman et aux pinceaux l’on retrouve Brian Ching. Tout comme dans le deuxième volume, ils excellent dans l’art de mettre à mort leurs héros. D’ailleurs on observe des similitudes entre l’éradication du petit groupe de Jedis menée par Obi-Wan Kenobi relatée dans « Dans le rayon de l’explosion » (in Victoires et Sacrifices) et ce qui arrive aux Padawans sans Maître, dont fait partie Anakin, dans « Foudre et Tonnerre ». Les auteurs lèvent le voile sur le premier véritable échec de la République, les combats devraient en toute logique être au centre de l’intrigue. Pourtant, les auteurs prennent le temps de montrer les doutes des personnages, leurs prises de décisions, leurs instants d’intimité. Toute l’attention du lecteur est centrée sur Anakin, sur son mode de pensée qui lentement change, son esprit est de plus en plus tourmenté et on le sent glisser un peu plus vers le côté obscur au fur et à mesure des événements.

Dès les premières pages, Blackman met l’accent sur la perception qu’on les Jabiimiens des Jedis. L’image qu’ils ont d’eux se nourrit des rumeurs les plus folles, ils seraient des mangeurs d’enfants, couperaient sans pitié les femmes en deux avec leur sabre laser, bref ils seraient sans foi ni loi. En effet, les Jedis sont à la fois des guérisseurs et de redoutables guerriers, cette dualité est exacerbée par ces temps troubles.

Les aficionados du dessin de Jan Duursema et des scénarios de John Ostrander seront déçus, ils sont aux commandes d’une vingtaine de pages seulement. Anakin fait l’apprentissage de la tolérance et de la hiérarchie en partant en mission avec un Jedi Tusken. Sa rancœur envers ce peuple est telle qu’il tentera de tuer son nouveau maître. A travers cette histoire qui creuse encore le personnage, les auteurs nous font découvrir les faiblesses d’Anakin. Son désir de vengeance, son manque de maturité et sa brutalité contenue sont autant de déficiences qui l’entraînent vers la haine. La fin ouvre de nouvelles perspectives que l’on attend avec impatience dans le dernier tome.