Cette année aura été marquée par Petit vampire, le héros de Joann Sfar destiné à la jeunesse. Après sept albums, dont le dernier Petit Vampire et les Pères Noëls verts (éditions Delcourt), un dessin animé diffusé par France 3 depuis les vacances de la Toussaint et une méthode d’apprentissage de la lecture, il ne manquait plus que les romans. C’est maintenant chose faite puisque les jeunes lecteurs vont pouvoir retrouver Petit Vampire et toute sa tribu dans de courts récits que Joann Sfar a illustrés et co-écrits avec sa compagne Sandrina Jardel. Espérons que Sfar gardera tout de même le contrôle sur son personnage. Jusqu’à aujourd’hui, il a réussi à s’impliquer à chaque fois dans toutes ses aventures, mais à trop se diversifier, il peut rapidement « vendre » l’âme de son gentil héros.

Où Petit Vampire et Michel rencontrent une cousine gothic-punk et l’oncle Tepesh

Dans la première nouvelle, L’Œil du Cyclope, Michel, le meilleur copain (bah oui, c’est facile, c’est le seul!) de Petit Vampire tombe sous le charme de sa cousine. Elle débarque à bord d’une montgolfière en forme d’œil qui doit toujours être alimentée en larmes pour ne pas se détraquer. Alors qu’Ophélia, qui a un super look gothic-punk, et Michel papotent, il va en arriver de belles à la pauvre montgolfière. Dans Docteur Marguerite, ce dernier se prend pour un médecin de la série télé Urgences. Il a décidé d’aller aider à accoucher une jeune femme dont le mari s’est trompé de numéro de téléphone. Bonjour, la catastrophe…. Enfin, Petit Vampire fait la connaissance de son Oncle Tepesh. Mais la réalité est bien triste, celui que Petit Vampire voyait comme un grand chef guerrier ayant mené de grandes batailles se révèle un homme bedonnant et pas bien intéressant. Jusqu’à ce que notre jeune vampire se retrouve dans la demeure de son oncle.

Un premier essai qui séduira avant tout les aficionados

Les enfants dont Petit Vampire est le héros préféré seront sans doute contents de le retrouver dans ces petits récits impertinents et drôles. Cependant, les adultes qui s’amusent en lisant la bande dessinée prendront beaucoup moins de plaisir à lire ces livres résolument tournés vers la jeunesse. Les dialogues sonnent justes et les situations sont souvent insolites, mais on peut regretter une narration peu maîtrisée, ou en tout cas pas assez pour que l’on puisse rentrer véritablement dans le récit. Pourtant, Sfar ne se contente pas d’illustrer les textes, ses dessins contaminent l’écrit et le font vivre en s’incrustant partout au détour de chaque coin de page. Il le transforme et lui donne du souffle. Comme à son habitude, Sfar fait appel au folklore pour mieux le détourner et jouer avec. Ainsi, Dracula se voit transformé en Oncle Tepesh, un vampire sans grâce et ventripotent, qui a perdu de son charisme et n’a plus rien de redoutable. Une distance que les enfants ne pourront peut être pas réellement apprécier mais qui a le mérite de créer un univers particulier et unique auquel ils seront certainement sensibles.