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Doctor Strange : une réalité à part

Steve Englehart (Scénariste), Frank Brunner (Dessinateur), Mike Friedrich (Scénariste), Anne Catteau (Traducteur)
Langue d'origine : Anglais US
Aux éditions : 
Date de parution : 12/10/2016  -  bd
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Doctor Strange : une réalité à part

Cet album fournit l’occasion de revenir sur des auteurs de comics aujourd’hui oubliés du grand public : Steve Englehart et Frank Brunner. Né en 1948, le scénariste Steve Englehart est un pur produit de Marvel pour qui il a écrit des histoires mémorables. D’abord stagiaire avec Neal Adams avec qui il a dessiné une histoire de Vampirella, il devient scénariste chez Marvel, d’abord sur des titres secondaires comme Amazing adventures (où il chronique l’histoire du Fauve, X-men en pleine mutation bestiale). En 1973, il devient scénariste d’Avengers suite au départ de Roy Thomas vers des fonctions éditoriales plus rémunératrices. Sur ce titre, il gagne l’affection des fans en imaginant la saga de la madone céleste, autour du personnage de Mantis, ancienne prostituée de Saigon, et par son ton volontiers iconoclaste. Parallèlement, il s’occupe de Captain America en transposant le scandale du Watergate, avec parfois le renfort d’un co-scénariste, Mike Friedrich (comme sur Doctor Strange).
 
Après moult conflits avec le staff de Marvel, Englehart part chez DC écrire la JLA et surtout  Detective Comics en compagnie du dessinateur Marshall Rangers (traduit chez Urban, foncez). Après une longue parenthèse, il reviendra à la fois chez DC (sur Green Lantern) et chez Marvel (sur Fantastic Four et Silver Surfer) pour finalement se confronter aux mêmes problèmes éditoriaux. Englehart participera à la fondation du label Valiant dans les années 90 avant de retomber dans une semi-obscurité dont il émergera dans les années 2000 pour signer Dark Detective où il retrouve Marshall Rogers. La mort de ce dernier nous privera d’une suite prometteuse...
 
Le dessinateur Frank Brunner a quant à lui effectué un parcours dans le monde des comics marqué par son goût par le fantastique : Tomb of Dracula, Strange Tales… Mais c’est son passage sur Doctor Strange qui va marquer les esprits, nous allons voir maintenant pourquoi.
 
Sauver notre réalité
 
Stephen Strange a commencé une quête devant le mener à l’affrontement avec Shuma-Gorath, adversaire dont il ignore presque tout. Après avoir assisté à la destruction d’une planète, le voici sur Terre où il retrouve son maître l’Ancien, dans un bien triste état… Mais celui-ci désire mourir, sans que son disciple ne comprenne pourquoi…
 
Jusqu’au moment où après un combat, l’Ancien décède et que de sa tête s’élève un murmure : Shuma-Gorath réside dans le cerveau et l’âme de son maître ! La partie s’annonce difficile pour Strange et marque le début d’un voyage qui le mènera au bout de la réalité et de ses dysfonctionnements.
 
 
Un classique intemporel
 
Sean Howe, dans La véritable histoire de Marvel, raconte qu’Englehart consommait pas mal de drogues à l’époque où il dessinait Dr Strange et ça se sent. Notre magicien préféré se retrouve à affronter son propre maître (afin de devenir adulte) puis remonte le temps jusqu’à la création du monde. Shuma-Gorath est-il Dieu, telle est la question qui taraude le lecteur et aussi Strange... Exactement le genre de problématiques de la contre-culture, celle à laquelle appartenait Englehart de par son style de vie (sa consommation de drogue était importante à l’époque).
 
Il aurait pu accoucher d’un récit incohérent mais ce n’est pas le cas, grâce aussi au graphisme précis et stylisé de Frank Brunner et bien encré par les « Crusty Bunkers », collectif rassemblant entre autres Neal Adams et Dick Giordano. Au final, voici un magnifique album qui rend disponible en français des épisodes autrefois publiés dans les années 70 (ça date, mazette). Et on aimerait que Steve Englehart ait des successeurs dans les comics actuels...

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