Pour son 35ème numéro, Bifrost a choisit de nous emmener dans les étoiles à l'heure où d'autres vont à la plage… Au programme donc trois nouvelles de space opéra avec des habitués de la maison : Thomas Day (déjà publié 11 fois dans Bifrost) et Michael Swanwick (publié 4 fois dans Bifrost) ainsi qu'un auteur un peu moins connu James Patrick Kelly. En plein été, la rédaction de la revue a choisit ce thème parce que selon l'édito d'Olivier Girard " c'est l'essence même du genre et que nous adorons-ça ". Le plaisir : voilà une excellente raison de revenir au space opéra le temps d'un numéro spécial.

Départ vers l'infini des galaxies

A tout seigneur, tout honneur, ce nouveau numéro de Bifrost s'ouvre sur une nouvelle de Thomas Day. Au fin fond de la Galaxie, le vaisseau d'un couple échoue en catastrophe sur une planète perdue. Heureusement c'est sans dommage pour la mère et l'enfant qu'elle porte. Mais son mari doit s'absente afin de trouver des secours. Commencent alors les véritables ennuis.

La solitude devant l'inconnu, c'est également de thème d'Annulé de James Patrick Kelly. Une révolutionnaire se voit contrainte de partir dans le futur à des milliers d'années de ses détracteurs. 20 millions très précisément. Et sans possibilité de retour. Que peut-on faire pour sa cause lorsque le temps a effacé toutes traces de civilisation sur sa planète ?

Et aussi curieux que cela puisse paraître, le troisième récit de ce numéro spécial Space Opéra est encore une histoire de solitude. Cette fois il s'agit d'une cosmonaute qui tente de rallier sa base sur le satellite de Saturne : Io. Mais sa tache est ardue. Elle est à des dizaines de kilomètres de son objectif avec une quantité d'oxygène limitée et un traîneau alourdit par le cadavre de sa coéquipière. Et voilà qu'une voix étrange l'interpelle dans sa radio…

Pas de bataille dans les étoiles

En terminant la dernière nouvelle, on se rend compte que finalement, les trois récits ont bien des points communs en dehors du Space Opéra. Tous mettent en scène des femmes face à leur solitude et au danger. Hasard ou choix délibéré du comité littéraire ? Qu'importe. Ces trois textes sont tous simplement excellents. Ils nous dressent trois portraits de femmes allant jusqu'au bout d'elles-mêmes. Et à chaque fois, l'alchimie fonctionne. Chacun des auteurs parvient à nous accrocher avec des récits de qualités. Et si l'on examine la partie " Carnets de bord ", on est ravi de retrouver une bibliographie du space opéra, un passionnant article sur la terraformation de Mars et un long texte de Robert Silverberg dans " Profession Science Fiction ". Que demander de plus ! Un numéro de très haute volée à ne pas manquer.