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Dossier Juan Miguel Aguilera
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Dossier Juan Miguel Aguilera

Galaxies prend des risques. Pour son 22ème numéro, la revue de science fiction a mis à l'honneur un auteur peu connu chez nous : Juan Miguel Aguilera. Une stratégie étonnante quoique fort honorable qui malheureusement ne leur apportera sans doute pas de nouveaux lecteurs. On peut d'ailleurs noter que ce n'est pas la première fois que Galaxies met en avant un auteur peu connu. La revue l'avait déjà fait avec Terry Bisson, Robert Reed, Andreas Eschbach (qui n'avait sortit qu'un seul livre chez nous à l'époque) et quelques autres. Il faut donc de temps en temps un peu de curiosité pour lire Galaxies. Rien de dramatique donc car ces dossiers " découvertes " s'accompagnent souvent d'un flair épatant.

Un flair étonnant

Et c'est une nouvelle fois le cas dans ce numéro 22. Si Juan Miguel Aguilera n'est pas encore complètement connu chez nous, il ne devrait pas tarder à l'être. En effet le roman de cet espagnol qui vient de paraître aux éditions du Diable Vauvert (La folie de Dieu) croule sous les louanges. De plus la nouvelle publiée dans ce numéro de Galaxies est remarquable et bien sympathiques. Elle évoque la colonisation de comètes par les humains lors de la conquête spatiale. Mais sur l'une d'entre elle se trouve de bien mystérieux extraterrestres. Englobée dans une histoire d'amour, La forêt de glace nous parle aussi de communication et de premier contact entre humains et extraterrestres. Plus doucement, Juan Miguel Aguilera met en scène la rencontre troublante entre deux anciens amants ne vivant pas la même notion de temps. En résumé, Galaxies nous propose de découvrir un auteur prometteur. Tant mieux, nous aurons quelques longueurs d'avances sur ses prochains romans.

OVNI littéraire

En ce qui concerne le reste du numéro, on s'arrêtera d'abord sur l'étonnante nouvelle collective et européenne Raven, jamais plus. Cinq auteurs (Paul J.McAuley, Andreas Eschbach, Valerio Evangelisti, Rodolfo Martinez, Jean-Claude Dunyach) se sont prêtés à un petit jeu littéraire, chacun écrivant un morceau de la nouvelle. Le résultat est surprenant. Pour paraphraser la revue, c'est un véritable OVNI littéraire qu'il serait bien difficile à résumer. Sachez juste qu'une espère de grosse brute barbare à la Conan se voit obligée d'exécuter quelqu'un, accompagné par un petit singe qui ne cesse de parler. Sa lecture n'est pas désagréable même si l'on est loin du chef d'œuvre. Et si la démarche est intéressante, l'intérêt est bien relatif.

Belmas excellent, Silverberg décevant

Les autres nouvelles sont assez hétéroclites. Terry Bisson milite une nouvelle fois contre la peine de mort avec Du haut de sa croix. Pour des raisons pseudo-scientifiques, l'Eglise arrive à persuader un condamné à mort aux Etats Unis d'être crucifié comme Jésus. Les religieux veulent rejouer les derniers instants du Christ. Bien sûr on est ici dans la satire et l'ironie de Bisson est cinglante. De leur côté, Claire et Robert Belmas proposent ce qui peut prétendre au titre de " la meilleure nouvelle du numéro 22 de Galaxies ". Leur histoire nous conte le retour à la vie d'un homme surentraîné des services secrets et la belle histoire d'amour qu'il a laissé avant d'être emprisonné pour un crime qu'il n'a pas commis. Une longue nouvelle bien sympathique possédant son lot de surprise. La seule vraie déception vient de l'histoire de Robert Silverberg. Le voyage sur une planète d'un groupe de deux hommes et de deux femmes n'est pas franchement palpitant. Il manque singulièrement d'action. A oublier.

Un bon numéro

Au final, nous dirons qu'il s'agit d'un bon numéro de Galaxies. On saluera surtout le risque de consacrer le dossier principal à un auteur inconnu. Et puis on se fera plaisir en lisant les nouvelles de Terry Bisson et de Robert et Claire Belmas. A noter aussi l'interview de William Gibson dans laquelle il affirme : " le cyberpunk est une invention journalistique ". Etonnant non ?

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