Depuis quelques numéros, Bifrost replonge dans l’histoire de la SF et plus particulièrement de la SF française avec des dossiers tous plus passionnants les uns que les autres. Cette fois c’est à Michel Jeury de faire un retour sur le devant de la scène. Celui qui est connu en particulier pour le célèbre Temps Incertain a livré aux genres de l’imaginaire une trentaine de romans et plusieurs dizaines de nouvelles avant de se tourner depuis quelques années vers la littérature générale et les romans pour enfants avec sa petite fille Dany Jeury. Aujourd’hui encore il est considéré comme un monstre sacré de la SF en France pour son œuvre, sa puissance et l’influence qu’elle a eue. Autant dire que ce dossier est amplement justifié et mérité, même si sans doute les plus jeunes n’ont jamais ouvert un de ses romans.

Les verts, les bleus et les blancs…

Outre la passionnante interview qu’on pourra lire dans les pages de Bifrost, le véritable trésor de ce numéro n’est autre qu’une nouvelle inédite de Michel Jeury : La Source rouge avant un prochain retour dans le domaine du roman avec un livre intitulé Le Grand lien. Pour revenir à sa nouvelle, il nous entraîne au grè des interrogations de la jeune Tandi à la découverte d’une société qui ment à ses administrés en leur faisant croire des chimères. Une SF classique mais de bonne facture et qu’on avale d’une traite sans s’en rendre compte.

Aux cotés de Michel Jeury, on trouve au sommaire des nouvelles de Michael Swanwick et Luc Dutour. Ce dernier continue à explorer un univers steampunk débridé et drôle, mettant cette fois en scène Marcel Proust en ambassadeur de l’humanité. Rien de moins ! Disons que c’est dans l’air du temps. On aime ou on n’aime pas.

Quant au texte de Michael Swanwick, c’est sans doute le meilleur de ce numéro de Bifrost. L’exploration de Titan par quatre astronautes est passionnante, surtout lorsqu’ils prennent contact avec une nouvelle forme de vie. Pas étonnant que ce texte aie obtenu le prix Hugo 2003.

Pour qui aime l’histoire de la SF

On l’a dit, depuis quelques numéros, Bifrost met à l’honneur des auteurs qui ont marqué l’histoire de la science-fiction, et plus particulièrement dans le domaine français. Un choix qui passionnera ceux qui sont curieux de lire ces grands anciens. Les autres apprécieront sans doute simplement leur talent et leur savoir-faire. C’est de nouveau le cas avec Michel Jeury dans ce numéro. Les amateurs de belles lettres se régaleront en plus de Michael Swanwick, éblouissant, comme d’habitude. Et au final il n’y a pas grand-chose à redire sur ce numéro 39 de Bifrost. Du bon. Là aussi comme d’habitude.