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Dossier Traduction : André-François Ruaud
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Dossier Traduction : André-François Ruaud

Actusf : D'abord, comment choisis-tu les romans que tu souhaites traduire ?
André-François Ruaud : J'ai en tête une liste assez longue de romans qui n'ont pas été traduits, qui en fait ont été négligés par l'édition française jusqu'à présent. Ce sont ces romans que j'essaye de faire peu à peu traduire – mais cette liste comprend aussi des romans déjà parus et oubliés, comme par exemple L'Été-machine de John Crowley.

Actusf : Comment choisis-tu ensuite les traducteurs ? Les choisis-tu en fonction des auteurs ? (untel ayant par exemple plus de facilité avec tel auteur)
André-François Ruaud : Je ne travaille qu'avec peu de traducteurs, et en fonction d'affinités personnelles.

Actusf : Quels sont en gros les délais que tu as pour faire faire la traduction d'un roman ?
André-François Ruaud : Entre un et deux ans, disons, mais pour le Chimère de Rosenblum la traduction a mis un peu plus de trois ans en définitive.

Actusf : Que demandes-tu à tes traducteurs ? D'être fidèle le plus possible au roman ?
André-François Ruaud : Je préfère effectivement une traduction assez proche du texte original.

Actusf : Quelles relations as-tu d'ailleurs avec eux ? Vous discutez beaucoup ensemble ou au contraire sont-ils totalement libres jusqu'au moment de rendre le manuscrit ?
André-François Ruaud : Ils sont libres, bien entendu. Les discussions préalables ne portent que sur des points précis, comme le titre.

Actusf : Comment d'ailleurs peux-tu te rendre compte, toi, si la traduction est bonne ou pas ? Y'a-t-il des trucs qui sont révélateurs de la qualité d'une traduction ?
André-François Ruaud : Je connais la version originale, et je la garde en mémoire quand je lis une traduction. Pour autant, une traduction doit être rédigée en bon français, dans une langue soutenue.

Actusf : Parlons sous :-). Combien sont payés les traducteurs aux Moutons électriques (en moyenne) ?
André-François Ruaud : Les traducteurs de Fiction sont tous bénévoles. Ceux des romans sont payés une somme forfaitaire tirée des droits de revente en poche, mais certains sont bénévoles complètement, aussi. Clairement, la rémunération ordinaire d'une traduction est hors de portée de nos moyens financiers.

Actusf : Est-ce qu'un jeune traducteur a ses chances s'il postule aux Moutons électriques, ou faut-il qu'il fasse ses preuves d'abord ailleurs ?
André-François Ruaud : Bien au contraire, beaucoup de jeunes traducteurs font dans Fiction leurs premières armes.

Actusf : Révises-tu ou fais-tu réviser certaines traductions ? Et si oui pourquoi ? Est-ce que c'est parce qu'elles ne sont pas bonnes ? Ou est-ce qu'elles ne correspondent plus à notre époque ? Cela veut-il dire qu'il y a une notion de « modernité » dans la traduction ?
André-François Ruaud : Il y a indubitablement une question de modernité de la langue d'une traduction, mais le problème principal est surtout que les traductions n'étaient quasiment pas contrôlées autrefois, et que par conséquent une majorité des œuvres classiques de science-fiction ont été massacrées. Les Simak par exemple sont pour la plupart non pas traduits mais à peine transposés, à la limite de l'illisible. J'ai moi-même révisé ou retraduit des romans, pour Folio SF, qui est une collection faisant un travail aussi remarquable que nécessaire en ce sens.

Actusf : Quels sont les romans étrangers que tu comptes éditer dans les mois qui viennent ?
André-François Ruaud : Look into the Sun de James Patrick Kelly, un roman de SF qui date de 1989 (Regarde le soleil), et The Wood Wife de Terri Windling, un roman de fantasy qui date de 1996 (L'Épouse de bois).

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