Actusf : Est-ce que la qualité d'une traduction rentre en ligne de compte dans ta décision de reprendre ou non un roman ?
Pascal Godbillon : Non, pas vraiment. Je m'explique : si une traduction me semble maladroite ou datée, ça va me poser problème. Mais je vais alors, si possible, lancer une révision de traduction (après m'être assuré que c'est bien la traduction qui pose problème, et pas le texte original – sait-on jamais ? – ou ma lecture – c'est envisageable aussi !). Cela étant, si pour une raison quelconque (le coût, par exemple), je ne peux pas faire la révision et que je tiens ABSOLUMENT à publier le livre... je le ferai quand même, sauf si le texte est vraiment illisible.
Actusf : Révises-tu ou fais-tu réviser certaines traductions pour des reprises en poche ? Et si oui pourquoi ? Est-ce que c'est parce qu'elles ne sont pas bonnes ? Ou est-ce qu'elles ne correspondent plus à notre époque ? Cela veut-il dire qu'il y a une notion de « modernité » dans la traduction ?
Pascal Godbillon : J'ai presque déjà intégralement répondu à cette question. Et donc, oui, je pense qu'il y a une notion de « modernité » dans la traduction. Parce que le français de l'époque n'était pas le même, déjà. Mais on me dira que la langue originale non plus n'était pas la même (et on n'aura pas complètement tort). Donc, aussi parce que les méthodes de travail ont pu changer : rémunération peu gratifiante à l'époque (?), pratique de la coupe sans scrupule (voire demandée par l'éditeur)... Je me demande si la notion de genre « populaire » n'avait pas son rôle à jouer, à l'époque. La SF était un produit de consommation de masse, « non culturel », donc l'attention accordée à ces problèmes n'était pas aussi importante qu'aujourd'hui. Simples hypothèses de ma part...
Actusf : Y'a-t-il des trucs qui sont révélateurs de la qualité d'une traduction ?
Pascal Godbillon : Des trucs... Oui et non. Je ne sais pas, c'est un réflexe de lecteur. Si, à la lecture, ça ne coule pas tout seul, c'est qu'il y a un problème. Des phrases bancales, des répétitions, des successions de relatives ou de « et », des « dit-il » toutes les lignes, des anglicismes, des faux-amis (decade/décennie)... Il m'est arrivé de ne pas comprendre certaines phrases. Bon, enfin, ça dépend des livres, mais « ça se sent ».
Actusf : La révision d'une traduction est-elle payée comme une traduction directe ? Et à qui confies-tu ce travail en général ?
Pascal Godbillon : Pour Folio SF la révision de traduction est payée au forfait. Le plus gros du travail a déjà été fait, on est sur de la réécriture. Bien sûr, plus le travail est important, plus le montant du forfait est élevé. Ce qui explique que les traducteurs, dont c'est le gagne-pain, préfèrent ne pas faire de révision de traduction, moins bien payée. Je fais donc appel à des gens qui ont déjà fait des révisions ou des traductions pour Folio SF et dont j'ai pu apprécier le travail. Sur un travail de révision à venir, je viens de faire appel à quelqu'un dont ce sera la première expérience de révision/traduction (puisqu'il y aura aussi des parties inédites). C'est quelqu'un que je connais bien, en qui j'ai totale confiance. Dans ce cas, c'est purement une question de feeling. Mais je peux me planter. Cet essai aura valeur de test et s'il est positif, il n'y a pas de raison de ne pas continuer.
Actusf : Tu as assez peu d'inédits dans ta collection de poche, comment choisis-tu les romans que tu souhaites traduire et les traducteurs ? Les choisis-tu en fonction des auteurs ? (untel ayant par exemple plus de facilité avec tel auteur)
Pascal Godbillon : Le premier critère de choix pour les inédits, c'est la taille ! C'est idiot, mais beaucoup plus de 200 pages, je ne prends plus. Pour des questions de coût, tout bêtement. Donc, fatalement, ça restreint les choix. Après, c'est comme pour n'importe quel ouvrage : coup de cœur, adéquation avec le reste du catalogue, auteur « maison »... Bref, ce qui fait qu'on publie un livre ou pas. Et le choix du traducteur se fait, effectivement, en fonction de l'auteur (voir ci-dessous).
Actusf : Quels sont les inédits que tu prépares dans ta collection dans les mois qui viennent ?
Pascal Godbillon : Le seul inédit en traduction prévu pour l'instant est Escape from Hell ! de Hal Duncan. Et c'est donc, tout naturellement, à Florence Dolisi, qui a traduit Vélum, que j'ai demandé de le traduire. Lorsque l'auteur n'a pas de traducteur attitré, comme Cory Doctorow, eh bien on essaye de se demander qui pourrait être en adéquation avec le bouquin, avec le ton, la langue, le genre... C'est une expérience alchimique assez intéressante. Et quand elle prend, c'est réellement fascinant. Voir ces « couples » magnifiques que peuvent former certains auteurs/traducteurs.
Pascal Godbillon : Non, pas vraiment. Je m'explique : si une traduction me semble maladroite ou datée, ça va me poser problème. Mais je vais alors, si possible, lancer une révision de traduction (après m'être assuré que c'est bien la traduction qui pose problème, et pas le texte original – sait-on jamais ? – ou ma lecture – c'est envisageable aussi !). Cela étant, si pour une raison quelconque (le coût, par exemple), je ne peux pas faire la révision et que je tiens ABSOLUMENT à publier le livre... je le ferai quand même, sauf si le texte est vraiment illisible.
Actusf : Révises-tu ou fais-tu réviser certaines traductions pour des reprises en poche ? Et si oui pourquoi ? Est-ce que c'est parce qu'elles ne sont pas bonnes ? Ou est-ce qu'elles ne correspondent plus à notre époque ? Cela veut-il dire qu'il y a une notion de « modernité » dans la traduction ?
Pascal Godbillon : J'ai presque déjà intégralement répondu à cette question. Et donc, oui, je pense qu'il y a une notion de « modernité » dans la traduction. Parce que le français de l'époque n'était pas le même, déjà. Mais on me dira que la langue originale non plus n'était pas la même (et on n'aura pas complètement tort). Donc, aussi parce que les méthodes de travail ont pu changer : rémunération peu gratifiante à l'époque (?), pratique de la coupe sans scrupule (voire demandée par l'éditeur)... Je me demande si la notion de genre « populaire » n'avait pas son rôle à jouer, à l'époque. La SF était un produit de consommation de masse, « non culturel », donc l'attention accordée à ces problèmes n'était pas aussi importante qu'aujourd'hui. Simples hypothèses de ma part...
Actusf : Y'a-t-il des trucs qui sont révélateurs de la qualité d'une traduction ?
Pascal Godbillon : Des trucs... Oui et non. Je ne sais pas, c'est un réflexe de lecteur. Si, à la lecture, ça ne coule pas tout seul, c'est qu'il y a un problème. Des phrases bancales, des répétitions, des successions de relatives ou de « et », des « dit-il » toutes les lignes, des anglicismes, des faux-amis (decade/décennie)... Il m'est arrivé de ne pas comprendre certaines phrases. Bon, enfin, ça dépend des livres, mais « ça se sent ».
Actusf : La révision d'une traduction est-elle payée comme une traduction directe ? Et à qui confies-tu ce travail en général ?
Pascal Godbillon : Pour Folio SF la révision de traduction est payée au forfait. Le plus gros du travail a déjà été fait, on est sur de la réécriture. Bien sûr, plus le travail est important, plus le montant du forfait est élevé. Ce qui explique que les traducteurs, dont c'est le gagne-pain, préfèrent ne pas faire de révision de traduction, moins bien payée. Je fais donc appel à des gens qui ont déjà fait des révisions ou des traductions pour Folio SF et dont j'ai pu apprécier le travail. Sur un travail de révision à venir, je viens de faire appel à quelqu'un dont ce sera la première expérience de révision/traduction (puisqu'il y aura aussi des parties inédites). C'est quelqu'un que je connais bien, en qui j'ai totale confiance. Dans ce cas, c'est purement une question de feeling. Mais je peux me planter. Cet essai aura valeur de test et s'il est positif, il n'y a pas de raison de ne pas continuer.
Actusf : Tu as assez peu d'inédits dans ta collection de poche, comment choisis-tu les romans que tu souhaites traduire et les traducteurs ? Les choisis-tu en fonction des auteurs ? (untel ayant par exemple plus de facilité avec tel auteur)
Pascal Godbillon : Le premier critère de choix pour les inédits, c'est la taille ! C'est idiot, mais beaucoup plus de 200 pages, je ne prends plus. Pour des questions de coût, tout bêtement. Donc, fatalement, ça restreint les choix. Après, c'est comme pour n'importe quel ouvrage : coup de cœur, adéquation avec le reste du catalogue, auteur « maison »... Bref, ce qui fait qu'on publie un livre ou pas. Et le choix du traducteur se fait, effectivement, en fonction de l'auteur (voir ci-dessous).
Actusf : Quels sont les inédits que tu prépares dans ta collection dans les mois qui viennent ?
Pascal Godbillon : Le seul inédit en traduction prévu pour l'instant est Escape from Hell ! de Hal Duncan. Et c'est donc, tout naturellement, à Florence Dolisi, qui a traduit Vélum, que j'ai demandé de le traduire. Lorsque l'auteur n'a pas de traducteur attitré, comme Cory Doctorow, eh bien on essaye de se demander qui pourrait être en adéquation avec le bouquin, avec le ton, la langue, le genre... C'est une expérience alchimique assez intéressante. Et quand elle prend, c'est réellement fascinant. Voir ces « couples » magnifiques que peuvent former certains auteurs/traducteurs.