A l'occasion de la sortie d’Écarlate aux éditions Actusf le 20 mars prochain, Philippe Auribeau revient sur l'écriture de ce dernier roman.
Actusf : Écarlate sort prochainement aux éditions Actusf. Quelle a été l’idée à l’origine de ce roman ?
Philippe Auribeau : C’est un roman qui me trottait dans la tête depuis plus de dix ans. Durant mes études, j’ai étudié longuement le roman La Lettre écarlate de Nathaniel Hawthorne. Son atmosphère, en particulier sa façon de traiter subtilement les vieux mythes et superstitions, m’a inspiré l’histoire d’Écarlate.
Actusf : Pouvez-vous nous dire quelques mots sur son intrigue ?
Philippe Auribeau : C’est une histoire tortueuse qui commence par un triple meurtre dans un théâtre. Une équipe du BOI (l’ancêtre du FBI) enquête. Au fil des investigations, de vieilles superstitions ressurgissent et éclairent l’enquête d’une lumière inattendue.
Actusf : Thomas Jefferson et son équipe mènent l’enquête. Comment les avez-vous créé ? Ce sont-ils imposés d’eux-mêmes ? Ont-ils suivi la route que vous leurs aviez tracé ou vous ont-ils surpris ?
Philippe Auribeau : Ce sont des personnages que j’ai imaginés il y a longtemps, en particulier Thomas Jefferson, que je voulais l’opposé du détective hardboiled classique des années 20. C’est un personnage issu, à bien des égards, d’un monde protégé, et qui se confronte à une hostilité à laquelle il n’est pas préparé. Celle de l’Amérique d’après la crise. Les autres personnages, qui l’accompagnent, sont au contraire ancrés dans leur époque, et conscients de ses injustices.
Je les avais en tête depuis si longtemps qu’au moment de les mettre en scène, tout s’est enchainé assez naturellement. Malgré tout, leurs relations se sont étoffées au fil de l’écriture.
Actusf : Comment avez-vous composé votre univers ? Avez-vous du faire beaucoup de recherches ?
""Je voulais que la description de l’époque soit aussi précise que possible, même si je me suis permis quelques libertés pour servir le récit."
Philippe Auribeau : J’avais déjà effectué de longues recherches sur les États-Unis des années 1920-1930, dans le cadre de certaines de mes créations pour le jeu de rôle l’Appel de Cthulhu. J’avais notamment écrit un manuel d’environ 300 pages sur cette époque, ce qui me faisait une bonne base. Au final, je crois que je connais mieux cette période que celle dans laquelle je vis ! J’ai fait des recherches supplémentaires assez spécifiques, en particulier sur certains lieux, pour affiner le tout. Je voulais que la description de l’époque soit aussi précise que possible, même si je me suis permis quelques libertés pour servir le récit.
Actusf : Pourquoi choisir cette période de l’Histoire ? Est-ce parce que cela vous permet d’aborder des sujets qui vous semblent importants ou tout simplement de vous amuser et de divertir les lecteurs ?
"On y retrouve des problématiques – en particulier des discriminations - et des interrogations qui sont encore d’actualité de nos jours."
Philippe Auribeau : Situer mon histoire dans les États-Unis du début des années 30 a toujours été une évidence. Je tenais à l’atmosphère particulière qui régnait à cette époque, entre les conséquences de la crise de 1929 et les effets de la Prohibition. On y retrouve des problématiques – en particulier des discriminations - et des interrogations qui sont encore d’actualité de nos jours. Certains éléments de l’intrigue, que les lecteurs découvriront, sont encore très actuels. Je tenais à cette double lecture.
Actusf : Avez-vous eu des sources d’inspiration en particulier, littéraire ou/et cinématographique ?
Philippe Auribeau : Ma principale source d’inspiration, dans le ton et l’arrangement du récit, est la série True detective, pour son atmosphère sombre, un peu désabusée, et l’intelligence de l’écriture de Nick Pizzolato, qui nous laisse toujours à la merci de notre interprétation. Pour le style, je suis un grand admirateur de l’écriture épurée, quasiment journalistique, de certains écrivains américains tels Hemingway ou Hammet (pour le côté polar noir). Et bien entendu, par rapport à l’histoire et là où elle se déroule, je citerai Hawthorne et Lovecraft.
Actusf : Sur quoi travaillez-vous actuellement ? Peut-on imaginer une suite à Ecarlate ?
Philippe Auribeau : Je travaille actuellement sur un roman historique, avec un fond ésotérique. Il se déroule dans le Languedoc à une période trouble, il y a un peu moins de cent ans.
Quant à une suite à Écarlate, je ne l’envisage pas pour l’instant. Par contre, je compte bien revenir un jour prochain dans la sphère du policier. Certainement de nouveau dans les années 20-30.
Actusf : Où peut-on vous rencontrer dans les mois à venir ?
Philippe Auribeau : Il est difficile de répondre à cette question en raison d’un certain virus qui bouscule les plannings… Mais je vais tâcher de me rendre à différents évènements.
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