Paul Dini est une figure du comics américain. Il a commencé sa carrière en 1984 sur des projets d'animation pour George Lucas et l'univers de Star Wars. Ce cinquantenaire est en fait surtout connu comme scénariste de la série d'animation Batman et de nombreuses aventures de ce même célèbre super-héros pour DC Comics. Une de ses histoires, Mad Love, a été récompensée par un Eisner Award.
Kenneth Rocafort est lui un dessinateur né en 1979. Il a travaillé dans de multiples domaines comme le théâtre, les jeux vidéos, la publicité ou l'illustration de jeux de cartes avant d'intégrer le monde des comics. Il a notamment signé Hunter Killer, publié par Delcourt.
C'est donc un scénariste aguerri et un jeune dessinateur plus que prometteur qui se sont associés pour réaliser Madame Mirage. Et le résultat est plutôt bon...

Un mirage pour vaincre le terrorisme

Dans un futur proche, le monde est tombé aux mains des terroristes. Pas officiellement, mais par la corruption, la fraude et les services qu'elles rendent aux nations, sans aucun contrôle, les organisations criminelles dirigent la planète. Mais malheureusement pour elles, un fantôme surnommé Madame Mirage fait son apparition pour appliquer une justice... définitive.

Une série qui pulse !

Écran de fumée rassemble les six premières aventures de Madame Mirage, qui forment une histoire complète au cours de laquelle le lecteur fait pleinement connaissance avec la super-héroïne. Il découvre notamment le passé de cette dernière, à l'origine de ses aspirations à libérer le monde des organisations terroristes.
Au cours des six chapitres qui forment cet album, Madame Mirage apparaît comme une héroïne véritablement attachante. Dans un futur où la plupart des super-héros sont devenus des criminels – les autres, les idéalistes, se sont vus enfermés dans une prison ultra-secrète ou ont été tués –, Madame Mirage est unique : une justicière aux méthodes certes expéditives, mais à qui la destruction d'une des plus importantes organisations criminelles mondiales ne fait pas peur.
On s'attache donc, au fil des pages, à ce personnage qui n'est pas seulement la plantureuse brune qui est en couverture.

Toutefois, il faut réussir à entrer dans la BD. En effet, le dessin de Kenneth Rocafort est particulier, un peu brouillon pourrait-on dire, et les visages, notamment, parfois plus esquissés que dessinés. Mais on plonge rapidement au milieu des pages, découpées avec dynamisme : les cases se superposent, s'imbriquent, les dessins s'en échappent souvent. Puis on s'habitue au style du dessinateur qui a indéniablement un sens artistique rare. C'est beau, vif, enthousiasmant, à l'image du scénario.

Ce dernier, s'il paraît dans un premier temps des plus classiques, est en fait de grande qualité, reposant de plus sur une idée de base originale. Car Madame Mirage semble d'abord être une bimbo brune à forte poitrine qui dézingue des criminels à tout va, ce qui n'est pas extraordinaire, voire assez affligeant. Mais Paul Dini n'est pas un scénariste renommé pour rien. Les apparences sont donc trompeuses : tout s'explique, même la caricature de femme fatale qu'est le personnage principal, et finement en plus ! Mais le lecteur devra découvrir le passionnant secret de Madame Mirage par lui-même...

Écran de fumée est un album de très belle facture, qui réunit une histoire complète passionnante, signée par un maître du comics et un dessinateur brillant. Madame Mirage est une série de super-héros que les amateurs du genre ne doivent pas manquer !