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Elbrön

Thierry Di Rollo ( Auteur), Elian Black'Mor (Illustrateur de couverture)
Cycle/Série : 
Langue d'origine : Français
Aux éditions : 
Date de parution : 31/08/2012  -  livre
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Elbrön

Thierry Di Rollo est né en 1958 à Lyon. Auteur avant tout de science-fiction, il publie son premier roman en 1997, Number Nine. Ses textes sont noirs et pessimistes, intransigeants envers la nature humain. En 2007, il s'essaie au polar et sera même publié dans la Série Noire de Gallimard avec Préparer l'enfer en 2011. Elbrön est la seconde partie d'un diptyque, débuté par Bangkreen, une fantasy atypique et sans concession qui bouleverse les codes du genre.
 
"Je suis Mordred, le premier des varaniers."
 
Mordred, le dernier des varaniers, pourtant réputé immortel, n'est plus. Des décennies ont passé, une guerre s'est terminée et des Arfans, Digtères et Shores ne restent plus que ces derniers, esclaves ayant retrouvé la liberté. Mais la paix est menacée : par-delà le temps blanc se dresse les Elbröns, morts revenus à la vie, assoiffés de sang et de vengeance. Qui pour se dresser contre ces créatures décharnées, fragiles mais redoutables ? Le salut pourrait bien venir d'une armure oubliée de tous, celle d'un guerrier qu'on disait ne pouvoir mourir...
 
Tout est une question d'équilibre
 
Les livres de fantasy se suivent et se ressemblent bien souvent... à quelques rares exceptions près. Elbrön en fait partie. Suite logique de Bankgreen, il nous plonge dès les premières pages dans l'univers familier et rigoureux de la planète mauve et noire. Les Runes continuent de comploter, les humanoïdes sont toujours impuissants face à leur destin et Bangkreen reste immuable, indifférente au sort des êtres qui la peuplent.
 
La galerie des personnages est assez réduite, peu reviendront plus de quelques chapitres. Et ne sont que prétexte, au final, à la trame générale. Tous, ou presque, sont soumis à une destinée funeste et ce n'est pas parce qu'on n'a que quelques cycles que l'on sera épargné. Les destins individuels ne comptent pas, la vie de ces humanoïdes trop éphémère pour vraiment compter. Comme dans tout univers de Thierry Di Rollo, le désespoir et la fatalité sont omniprésents : point d'échappatoire, point de salut à attendre ici, l'avenir ne sera pas plus radieux après cette histoire... mais certainement pire. Compassion ? Inexistante. Optimiste ? Inconnu. 
 
La violence de l'univers n'a pas non plus disparu. Elle va de paire avec cette noirceur, son compagnon logique : de part les Elbröns, déjà, dont la naissance et la vie (si ces concepts peuvent avoir un sens pour des morts revenus parmi les vivants) ne sont que douleur et dont le retour ne peut se terminer que dans un bain de sang. Et avec Mordred, surtout, impitoyable, insensible, prêt à accorder une mort moins atroce - tout est relatif quand on le connaît un peu - à ceux dont il juge le trépas horrible. Le dernier des varaniers, la Mort personnifiée.
 
On appréciera ou pas, mais Elbrön présente une différence de taille par rapport à Bankgreen : beaucoup plus linéaire, moins elliptique, les non-dits sont rares et le récit en devient bien plus compréhensible. Là où la trame pouvait parfois paraître nébuleuse dans le premier volume, elle est, là, au contraire, limpide. Peut-être un peu trop : ces zones d'ombre, faisant appel à la perspicacité du lecteur et donnant à l'histoire une force particulière, faisait aussi le charme de Bankgreen
 
Lire Elbrön, c'est avant tout plonger dans une ambiance particulière, peuplée d'images fugaces, de tableaux insaisissables, sur lesquels plane une inéluctabilité douce-amère. Au-delà de l'histoire, classique, c'est avant tout l'atmosphère qui retient l'attention : dérangeante, malsaine, poétique... irrésistible, elle ne peut laisser indifférente.
 
Avec ce diptyque, Thierry Di Rollo offre à la fantasy l'un de ses plus beaux univers, de ceux qu'on ne voudrait jamais quitter. A regret, on abandonne Bankgreen à ses ombres... en se disant que, bien que sombre et torturé, le voyage fut exaltant. A quand un prochain roman ? On se languit déjà.

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