Cédric Mayen, Arnaud Tribout et Thomas Bouveret sont trois copains d’enfance. Le premier est scénariste, ayant suivi des études de cinéma, et a écrit plusieurs courts-métrages. Les deux autres sont dessinateurs de passion et de formation. Inconnus du grand public, ils publient aujourd’hui leur premier ouvrage.
Les régulateurs de l’environnement se sont enfuis
Ruyga est un élémentaire de l’air. Tout comme ses congénères, il est enfermé dans le monde souterrain de Léolia et ses pouvoirs sont utilisés pour maintenir l’équilibre des éléments du monde des humains. Après avoir mené une évasion avec certains de ses amis, il est emprisonné. Libéré sous condition, il doit ramener ses anciens acolytes, afin de rétablir l’harmonie de l’environnement. Secondé par Lyllia, jeune élémentaire du feu, Ruyga retourne dans le monde extérieur et y fera des rencontres surprenantes.
Prometteur mais manque de maîtrise
D’une part, la technique de dessin avec pinceau et stylo plume est intéressante, oscillant entre les codes de la BD franco-belge et du manga. Toutefois, la réalisation des personnages manque de maîtrise. Même s’ils sont quelques fois correctement réalisés, les visages et les cheveux sont grossiers et archétypaux des mangas des années 80, alors que les BD et mangas actuels montrent une sensibilité et une diversité des personnages plus développées et recherchées. Les corps des personnages féminins sont aussi caricaturaux : grosse poitrine mal exécutée, grosses lèvres mais petite bouche, grands yeux prenant un tiers du visage. De plus, les ombres sont faites avec une technique de traits parallèles particulière de la BD, mais trop souvent exécutée dans l'ouvrage pour être agréable. Les vêtements manquent également de détails, voire d’imagination. Par contre, les décors (et les voitures) sont parfaitement exécutés et regorgent de détails sur Paris.
D’autre part, en ce qui concerne l’histoire – des élémentaires de l'eau, terre, feu et air qui contrôlent les paramètres environnementaux de notre monde mais qui sont emprisonnés dans un monde souterrain – l’idée est originale. Mais elle manque de développements : nous ne comprenons pas leur rôle réel, comment ils s'insèrent dans notre réalité, leur structure interne, pourquoi et comment ils sont retenus en esclavage, etc. De plus, leur monde extérieur correspond aux années 60-70 de notre époque, ce qui provoque un grand décalage qui fait que nous ne nous attachons pas au décor. Le récit se serait déroulé à notre époque, les auteurs auraient pu travailler sur un message écologique original dans le monde du manga et de la BD. Le seul point positif du récit repose sur son dynamisme et la présence de nombreuses scènes d’action qui pourront plaire aux garçons.
En conclusion, même s'il est très plaisant que des français se lancent dans le manga, ou dans un style mixte manga-BD, la qualité d'Element R n'égale pas celle des modèles japonais ou coréens. La suite démentira peut-être cette impression, surtout qu'une rapide inspection des sites respectifs des dessinateurs prouve leur potentiel artistique.
La Chronique de 16h16