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Esmeralda

Langue d'origine : Français
Aux éditions : 
Date de parution : 01/08/2018  -  livre
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Bernard Fischli - Esmeralda

Une Terre dévastée, des planètes accueillantes

Marko n'a plus rien à perdre, sur cette Terre du futur dévastée par les hommes, trop nombreux, trop destructeurs. L'avenir semble appartenir aux planètes lointaines, vers lesquelles s'embarquent des centaines, des milliers de colons chaque jour, et notamment vers Esmeralda, la planète verte.

Les conditions de vie sur place, après un trajet horrible et sans retour (il dure trois quarts de siècle), sont étonnamment difficiles, et les colons sont pris en charge par des militaires qui veulent les former « à la dure » pour leur sauver la vie face aux dangers d'Esmeralda, planète aussi belle que mortelle. Marko et ses compagnons, entre deux cours de survie, hésitent sur l'attitude à avoir face à ces soldats mystérieux : Esmeralda est-elle vraiment ce piège mortel qui rend les militaires aussi nerveux ? Les colons civils sont-ils tenus d'obéir aux soldats ? Ceux-ci ne cherchent-ils pas plutôt à les manipuler pour les garder sous leur emprise ? Que cache cette planète ? Y a-t-il vraiment autant de morts qu'annoncé ? Qu'est-il arrivé à Kranz ?

Les créatures d'Esmeralda

Et Marko découvre avec ses compagnons les merveilles mortelles d'Esmeralda : des êtres vivants, mi-animaux mi-plantes, ou les deux en même temps, ou aucun des deux – même les scientifiques ne savent pas face à ce déploiement d'ailes gigantesques qui ne bougent pas, de fruits énormes qui volent, de rochers qui digèrent ceux qui s'assoient sur eux, de troncs qui explosent, de lianes qui ont une intelligence animale. Le bestiaire fabuleux d'Esmeralda est fascinant, totalement nouveau, et l'homme n'est qu'une petite bête insignifiante face à lui.

Les colons sont finalement déplacés vers leur point d'attache permanent, et Marko découvre une autre réalité de la vie humaine sur Esmeralda : on y meurt de faim car l'agriculture et l'élevage sont un combat de tous les instants contre les espèces autochtones qui détruisent tout.

À moins que ?... Un ami de Marko, ingénieur scientifique de son état, lui fait remarquer qu'avec la surface de champs cultivés, les colons devraient pouvoir manger à leur faim. Tous ces doutes finissent par motiver Marko à se révolter, à chercher des réponses y compris par la force.

Ce qu'il va découvrir alors va le mener loin hors de la colonie moribonde, va le mener à des vérités qu'il ne pouvait pas soupçonner.

Un roman créateur d'univers

Ce roman se lit d'une traite, il est bien rythmé, assez bien écrit ; bref c'est une lecture agréable. Les personnages sont assez bien contruits même s'ils conservent quelque chose d'un peu caricatural.

On en vient au gros point fort de ce roman : Esmeralda et ses créatures, ses biotes incroyables, inouïes, au-delà de l'imagination. Ces créatures tiennent à la fois de l'animal et de la plante, elles ressemblent de l'extérieur à nos animaux et à nos plantes, mais elles sont radicalement différentes. Les « plantes » se déplacent et explosent pour libérer leurs graines, tuant tout sur leur passage. Les « rochers » digèrent leur victime. Les « animaux » sont fixes et se nourrissent en partie de photosynthèse. Les « arbres » lancent des aiguilles mortelles par leurs épines, comme des sarbacanes. Et ce ne sont que quelques exemples de ce qu'on trouve sur Esmeralda. Sur cette planète, les êtres sont immenses, d'un vert émeraude vif, indéfinissables, à la fois très beaux et mortellement dangereux. Pour le lecteur comme Marko, comment résister à tant de beauté, d'imagination, d'idées nouvelles et de dangers fascinants ?

Oui, mais...

Ce qui nous amène au gros point faible du roman : tout ce qui vient d'être dit sur Esmeralda est déjà dans le film Avatar... (Ceux et celles qui ont vu le film l'avaient probablement déjà deviné dès le début de cette chonique). Cela n'enlève rien à la beauté de l'univers créé, et l'amalgame fait entre animaux et plantes est plus sensible sur Esmeralda, mais l'idée d'un monde d'une beauté et d'une dangerosité sans égales, c'est déjà ce qu'on avait sur Pandora...

On a tout de même avec Esmeralda un scénario plus complexe, même si on retrouve la thématique des méchants militaires humains qui veulent asservir une planète qu'ils ne veulent pas comprendre, avec un sursaut salutaire des espèces autochtones qui vont s'allier avec ceux des humains qui en valent la peine, qui sont capables de s'adapter à leur nouvelle planète, quitte à évoluer vers autre chose que des humains.

D'accord, tout cela reste Avatar. Mais ne restez pas sur cette impression, Esmeralda est un beau roman qui vaut la peine d'être lu !

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