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Et quand je vous fais ça, vous sentez quelque chose ?

Robert Sheckley ( Auteur), Pierre Faucheux (Illustrateur de couverture), Ben Zimet (Traducteur)
Langue d'origine : Anglais US
Aux éditions : Collection :
Date de parution : 30/09/1977  -  livre
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Et quand je vous fais ça, vous sentez quelque chose ?

Cool, c'est finalement le mot qui définit le mieux la personnalité de Robert Sheckley telle qu'elle transparaît de ses livres, interviews et anecdotes contées par ses nombreux amis. Celui qui restera l'un des plus brillants humoristes de la science-fiction fut aussi l'un des auteurs qui, avec James Morrow ou Terry Pratchett, savent instiller dans leurs histoires une profondeur que nombre de leurs confrères réputés plus sérieux sont loin d'espérer atteindre. Bien qu'il ait également écrit une vingtaine de romans, y compris dans les domaines du policier ou de l'espionnage, c'est avec ses nouvelles de science-fiction caustiques et drôles que Robert Sheckley a gagné l'estime de plusieurs générations de fans dans le monde entier. Certaines d'entre elles font désormais figure de classiques du genre et les textes au sommaire de Et quand je vous fait ça, vous sentez quelque chose ? ne démentiront certainement pas cette affirmation...
 
Tourisme intergalactique et trips cosmiques
 
 Avec ce recueil de nouvelles publiées au cours des années soixante, nous entrons dans un monde bien particulier où les extra-terrestres se défoncent à l'aide de substances hallucinogènes, où les robots multifonctions baratinent des ménagères sexy et où les dieux de l'ancienne Égypte apparaissent à de gentils hippies sous acide pour leur révéler le mystère de la composition du Ragoût Cosmique. Avec les hippies, Robert Sheckley a d'ailleurs visiblement partagé un certain nombre de points communs si l'on en juge par le titre de certaines de ses nouvelles les plus stupéfiantes, comme Supertrip du tube digestif au cosmos via Mantra, Tantra et super-cocktail maison. Ce n'est donc probablement pas un hasard s'il s'est livré, comme le mentionne le titre d'un autre de ses récits, à d'intéressantes Remarques sur la perception de différences imaginaires, un texte qui constitue une très réjouissante expérience de pensée absurde. Ce travail sur la perception biscornue de la réalité mène naturellement à la conclusion que le recul nécessaire à une vision objective est impossible et c'est donc avec un plaisir dépourvu du moindre scrupule que l'auteur brouille les pistes. Avec lui, même des planètes aussi exotiques que Langranak peuvent paradoxalement sembler dépourvues d'intérêt. Robert Sheckley se balade en flâneur dans le cosmos, comme bon nombre de ses personnages, et chacune de ses histoires illustre la diversité des points de vue possibles. Cet intérêt pour les tentatives d'abolition des structures mentales, typiques du mouvement hippie, ne surprendront certes pas de la part d'un homme qui a vécu plusieurs années dans un camping-car avant d'émigrer à Ibiza pendant les années soixante-dix, lorsque l'endroit était encore un repaire de hippies et d'artistes. C'est d'ailleurs sur cette île que se déroule un autre récit illustrant encore une fois la subjectivité de toute perception du réel, Le pas de trois du chef, du garçon et du client.
 
Si les Terriens visitent des planètes étrangères, il arrive bien entendu aussi aux extra-terrestres de le faire pour des raisons strictement touristiques, ainsi qu'on le verra dans Les vacances de Monsieur Papazian. Comme il est toujours bon de tenter de se rapprocher le plus possible des populations autochtones et de leur mode de vie, rien de tel que l'adoption d'un déguisement humain pour faire l'expérience de la fameuse altérité radicale ! Une autre nouvelle, Le mnémone, illustre le versant révolutionnaire de la culture hippie en rendant compte du caractère subversif de la littérature et critiquant la censure dans un monde post Farenheit 451. La diversité des sources d'inspiration de l'auteur est grande, comme en témoigne La même chose pour toi, en double, basée sur une histoire juive que lui avait racontée son dentiste... On apprendra ici qu'il faut se méfier de l'abondance car celle-ci constitue trop souvent le début des ennuis. Il faut bien que le trop-plein se déverse quelque part, fut-ce un trop-plein de félicité... Il existe un nombre considérable de nouvelles de Robert Sheckley traduites en français, dans des recueils relativement faciles à trouver chez les bouquinistes. En attendant qu'un éditeur se décide à les réunir en deux ou trois forts volumes, ils valent tous largement la peine que vous vous donnerez à les dénicher.

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