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Face au dragon, le dernier roman d'Isabelle Bauthian
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Face au dragon, le dernier roman d'Isabelle Bauthian

Actusf : Comment est née l’idée de ce roman ?
Isabelle Bauthian : L’idée de base est partie d’une image : un chevalier en armure qui, chaque jour, monte au sommet d’une colline pour attendre un dragon qui ne vient jamais l’affronter. Peu de temps après qu’elle me soit venue à l’esprit, un ami m’a proposé de l’accompagner sur le NaNoWriMo. L’expérience ne m’avait jamais tentée, mais je suis sympa comme ça, moi, je soutiens les copains, allez, on prend cette histoire de dragon, et vogue la galère !
Quelques réflexions et une dizaine de relectures plus tard, le projet est devenu un tout petit peu plus ambitieux que prévu.



Actusf : Qu’est-ce que vous avez eu envie de dire ? De raconter ? Pouvez-vous nous en dire quelques mots ?
Isabelle Bauthian : mesure, disons, du premier jet du premier quart. J’ai été assez étonnée, parce que je m’attendais à ce que le résultat soit brouillon et nécessite beaucoup de reprises, mais, sur ce point, ça a été carré dès le départ : j’ai écrit un hommage aux potentialités de l’esprit critique.
Je pense que, comme il s’agissait de mon premier livre principalement à destination des jeunes adultes, j’ai spontanément créé l’héroïne qui m’a manqué, à moi, dans ce que je lisais et regardais à cette époque : une ado mature, mais inexpérimentée, dotée de grandes facultés d’analyse, qui vit des aventures enlevées. Quand j’ai montré le résultat à des amis d’enfance, certains m’ont remerciée, et je me suis aperçue que je n’étais pas la seule à avoir souffert de cette absence de représentation.

Actusf : Comment voyez-vous votre héroïne Polyxène, alias Poly ?
Isabelle Bauthian : Poly est une jeune femme qui souffre du décalage entre sa maturité précoce et son inexpérience, et de l’image que son entourage a d’elle alors qu’elle estime ne pas faire mystère de ses idées et de ses sentiments.
On a souvent, en littérature jeunesse, « la geekette », « l’introvertie du lycée », « l’intello qui adore les bouquins et que la bibliothécaire appelle par son prénom »… Poly a certaines similitudes avec ces archétypes, mais, la différence, c’est qu’elle a vraiment conscience de ce qu’elle est et de ce qu’elle veut, même si elle ne sait pas comment tirer parti de son potentiel. Elle n’est pas un souffre-douleur, mais elle supporte mal l’irrationalité des gens qui l’entourent, leur incapacité à prendre du recul alors que ça lui est si naturel. Son côté enfant, c’est cette difficulté à accepter que le monde n’est pas une série de solutions simples à des problèmes terre à terre.

Actusf : Vous écrivez de la fantasy. Pourquoi ce genre plutôt qu’un autre ?
Isabelle Bauthian : J’écris dans différents genres en bande dessinée, mais oui, en roman, je n’ai pour l’instant été publiée qu’en fantasy, et je pense que cela restera mon genre de prédilection. La raison principale, outre un goût pour les mondes imaginaires qui invitent au voyage, c’est que j’aime discuter de problématiques très actuelles en les plaçant dans un autre contexte. C’est un procédé qui facilite, je crois, la prise de recul tant de l’auteur que du lecteur. On peut plus difficilement se cacher derrière des « oui, mais un jour il s’est passé cette anecdote-ci grâce à laquelle je vais dévier le débat » ou des « ok mais dans cette culture, on fait comme ça, et ces gens-là sont pas comme nous » La page est vierge, et les sujets deviennent plus généraux, plus fondamentaux.

Actusf : Avez-vous des inspirations en particulier ?
Isabelle Bauthian : J’ai des artistes qui me mettent d’humeur créative, d’autres dont l’approche me semble intéressante, mais je ne me réclame pas d’une filiation particulière. Il y a, dans mes influences, la littérature française du dix-huitième que je dévorais ado, des quêtes épiques de fantasy, des romans new-yorkais contemporains, des shojo et shonen manga… Je pense qu’en cherchant bien on pourra trouver des références, mais j’avoue que je préfère consacrer mon temps à les digérer.

Actusf : Sur quoi travaillez-vous ? Y aura-t-il une suite ?
Isabelle Bauthian : En roman, je travaille en ce moment sur un livre de science-fiction pour adolescents, dont je ne peux pas encore trop parler et, surtout, le troisième livre des Rhéteurs, aux éditions ActuSF. On y verra une jeune ministre essayant par tous les moyens de sauver son pays en guerre.
En bande dessinée, je viens de signer ma première série de fantasy d’aventures, avec Rebecca Morse au dessin, et de terminer le scénario d’un album de vulgarisation sur la pensée scientifique (oui, j’ai quelques marottes), avec Gally.
Je n’ai pas prévu de suite à Face au Dragon. Ça ne signifie pas qu’il n’y en aura jamais, la fin offre des possibilités. Mais il faudrait que je travaille sur le fond, pour ne pas donner l’impression de juste tirer sur la corde.

Actusf : Cette année est riche en sorties pour vous avec aussi Grish-Mère aux éditions Actusf. Pouvez-vous nous en dire un mot ?
Isabelle Bauthan : Grish-Mère est le second roman se déroulant dans le monde des Rhéteurs, après Anasterry. Les deux livres sont indépendants, et l’on suit cette fois Sylve, un serviteur d’élite menacé de mort pour avoir laissé un voleur dérober une icône à son maître. Pour laver son honneur, il poursuit le malfaiteur jusqu’à Grish-Mère, le seul état matrilinéaire de son pays, et doit s’allier à la puissante Guilde des Épiciers. C’est un double choc culturel pour lui, qui vient d’une société ultra-patriarcale qui méprise les roturiers. Le roman parle de vengeance, de féminisme, des valeurs selon les classes sociales, mais surtout des limites de l’érudition... Il y a aussi du sang, de la tripaille et des gros mots.



Actusf : Aura-t-on la chance de vous croiser en dédicace dans les mois à venir ?
Isabelle Bauthian : Je serai le 13 avril en conférence/dédicace aux rencontres « Regards croisés », au Mans, à la médiathèque de l'ESPAL. Il y aura sans doute d’autres dates, notamment pour Face au Dragon, mais je ne les ai pas encore. J’avoue avoir un peu levé le pied sur les festivals non rémunérés, mais je continue à participer à quelques-uns chers à mon cœur.

Depuis le 8 octobre, participez à la campagne de financement sur Projets Sillex pour le lancement du projet Face au dragon !

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