Né à Leeds en 1964, Charles Stross a étudié les sciences de l’informatique et la pharmacie. Sa première nouvelle, The Boys, paraît dans Interzone en 1987. Il a écrit depuis de nombreuses nouvelles et plusieurs romans, dont Le Bureau des atrocités, Jennifer Morgue et le cycle des Princes-Marchands. Son nom est associé à la nouvelle vague d’écrivains de science-fiction britanniques qui explorent principalement la hard science et le space opera. Il est aussi réputé pour son humour.

 

 

Miriam Berstein, devenue la duchesse Helge Hildegarde en redécouvrant sa famille et son pouvoir de traverseuse de mondes, aimerait être capable de mener sa propre vie comme elle l’entend. Ancienne journaliste dans notre monde, elle en est exclue à cause de l’ancien secrétaire de son oncle qui a révélé au FBI non seulement la structure et le commerce du Clan, principalement de drogues, mais aussi leurs capacités extraordinaires. Affamée d’activités, elle a redécouvert un troisième monde, à l’âge de l’ère industrielle, où elle a créé une entreprise florissante grâce au transfert de connaissances entre son monde et le nouveau. Toutefois, les guerres intestines au sein du Clan font rage, d’autant plus que leur commerce s’est effondré. Miriam se retrouve alors cloîtrée dans son rôle de duchesse, forcée d’apprendre, de maîtriser et de respecter des codes d’un autre âge.

 

 

Dans ce troisième tome des Princes Marchands, nous retrouvons l’écriture fluide et légère qui fait le succès de Charles Stross.

Plus intimiste, plus obscur aussi, le récit développé dans cette suite se concentre davantage sur notre héroïne et sa place au sein du Clan. L’auteur approfondit en effet ici l’aspect politique de la vie dans la famille mafieuse, ses guerres de pouvoir, ses menaces, ses échanges, ses points forts et faibles, etc. Le lecteur n’explore donc pas de nouveau monde mais découvre les rouages et les zones sombres sous les paillettes de la richesse du Clan. Charles Stross déploie tous les éléments qui font la survie du Clan : l’augmentation du nombre de traverseurs de monde, les relations de pouvoir entre la famille et la royauté du deuxième monde, ainsi que les liens de solidarité plus ou moins forcés au sein même du Clan. Miriam se retrouve au centre de cette toile. Alors même qu’elle est cloîtrée pour apprendre sa condition de duchesse, évitant ainsi de donner un mauvais exemple aux autres membres de la famille, elle découvre un programme génétique contre nature servant les intérêts du Clan. Parallèlement, Miriam est poussée à former une alliance productive non seulement en termes de relations de pouvoir mais aussi en termes d’enfants potentiellement traverseurs de monde.

Par ailleurs, nous découvrons aussi dans ce troisième tome l’enquête des agents fédéraux dans notre monde qui, face aux révélations de l’ancien secrétaire de l’oncle de Miriam, doivent non seulement démanteler un réseau mafieux mais doivent aussi accepter, et exploiter, les pouvoirs du Clan. Charles Stross profite de cette branche parallèle de l’histoire pour présenter la paranoïa puissante d’une partie du gouvernement américain face à cette famille mafieuse qu’ils considèrent comme un Etat parasite et terroriste, à l’instar de certains pays arabes extrémistes, qui doit donc être éradiquée.

Au final, les nombreux récits et intrigues parallèles qui s’enchaînent dans ce troisième tome tendent à égarer le lecteur dans tous ces méandres. Grâce toutefois à la logique d’écriture de l’auteur, nous ne perdons pas le fil, même si la lecture devient moins fluide que dans les tomes précédents. Nous espérons fortement que Charles Stross démêlera dans le prochain tome les nœuds qu’il a formés dans celui-ci. En tout cas, nous attendons la suite avec impatience !