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Felicidad

Jean Molla ( Auteur)
Langue d'origine : Français
Aux éditions : Collection :
Date de parution : 31/03/2005  -  jeunesse
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Felicidad

Professeur de lettres, Jean Molla est un auteur jeunesse prolifique. Il commence à écrire son premier roman en 2000 et depuis, il ne s'arrête plus: Cybér@, La Sorcière du Net, Sobibor, L'Attrape-mondes, etc. Il a également reçu le Prix du meilleur polar jeunesse francophone (2004) pour son roman Que justice soit faite. Cette fois-ci, Jean Molla revient avec une intrigue de science-fiction, un hommage réussi au roman Blade Runner de Philip K.Dick.

"Le statut des parahumains est complexe à définir.
[...] Si l'on part du principe que ce sont des machines biologiques, on aura tendance à les considérer comme des choses.
[...] Si l'on considère que leurs fonctions vitales et leur mode d'existence en font des organismes vivants à part entière, on décidera que leurs droits s'inscrivent dans le cadre juridique réservé aux animaux domestiques."


"Felicidad", un mot espagnol qui signifie le bonheur. C'est aussi la capitale fédérale de la Grande Europe. Une ville où le bonheur est obligatoire, où la liberté est soi-disant totale, et le contrôle de l'état dictatorial. L'intérêt de chacun est prioritaire à condition qu'il ne soit pas en contradiction avec celui de l'Etat.
Pour parfaire ce bonheur sur mesure, les hommes ont créé des esclaves pour réaliser toutes les tâches ingrates, dévalorisantes: les parahumains. Machines biologiques évoluées issues du génie génétique, elles ont l'apparence humaine et sont capables d'imiter la pensée humaine. Elles sont contrôlées par une puce qui les empêchent de se révolter et leur mouvements sont surveillés grâce à des mouchards implantés dans leur organisme.
Jusqu'au jour où des Delta 5, parahumains évolués, se révoltent et s'enfuient. Leur créateur, Choelcher, un généticien de talent, meurt lors de son interrogatoire et le ministre du bonheur est retrouvé peu de temps après assassiné. Maxime Bérard, le ministre de la sûreté intérieure, confie l'enquête à son meilleur élément: le lieutenant Alexis Dekcked. Mais, l'affaire semble beaucoup plus complexe et les enjeux extrêmement graves.

"Qui détient le pouvoir réel? Les maîtres humains, ou bien leurs dociles esclaves, ces parahumains qui par leur étonnante puissance de travail permettent à la société de fonctionner?"

Jean Molla nous emmène à travers une très bonne intrigue, rondement ficelée. Hommage à un grand auteur de science-fiction, Philip k.Dick, et son roman Blade Runner (adapté au cinéma par Ridley Scott), ce roman fourmille d'évocations à d'autres livres ou films. Par exemple, les nouvelles du recueil Les Robots d'Isaac Asimov. Dans ces récits, un des héros d'Isaac Asimov est un policier qui enquête sur des meurtres ou délits soit-disant commis par des robots. D'ailleurs, dans l'adaptation cinématographique, I-Robot, l'humanisation des robots et l'accès à la liberté pour ces machines sont des thèmes-clé du film.

De même, à la lecture de Felicidad, on note les rapprochements avec la société décrite dans Brazil, film de Terry Gilliam, ou bien encore avec Le Meilleur des mondes d'Aldous Huxley. Cette quête absolue du bonheur au risque d'oublier qu'on est manipulé, que l'on perd sa liberté de penser, d'agir, d'être tout simplement. Ainsi, on peut trouver moult parallèles avec de célèbres romans ou films. Mais, n'est-ce pas un sujet redondant car tellement proche de nous. Cette réflexion sur la condition humaine, sur les progrès technologiques, ne la vivons-nous pas tous les jours? Ainsi, Jean Molla joue une double-carte: faire réagir ses lecteurs sur leur devenir, le devenir de notre société, mais aussi, leur donner envie de lire d'autres romans devenus aujourd'hui classiques qui abordent le même sujet: Blade Runner bien sûr, 1984 de G. Orwell, etc.

En plus d'être, un roman de réflexion, l'auteur a su y mettre de l'action: une enquête difficile avec des rebondissements, des manipulations. Jean Molla a le don pour écrire les polars, mener le lecteur par le bout du nez et le surprendre là où il ne s'y attend pas. Bien écrit avec un rythme soutenu, Felicidad se lit d'une traite et la fin vous laisse un arrière-goût de malaise. Le lecteur aurait-il été lui aussi manipulé... Allez, bonheur à vous!

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