Philippe Saimbert était encore un inconnu il y a deux ans. Ses polars de qualité chez Albin Michel, Break Point et Les Brumes hurlantes, et sa série Les Âmes d’Hélios chez Delcourt lui ont apporté une petite notoriété. Pour cette dernière, il collabore avec Roberto Ricci, un jeune dessinateur italien. Loin des séries consensuelles et doucereuses, Les Âmes d’Hélios présente un monde cruel et totalitaire, reflet déformé de notre quotidien.
Le dur chemin de l’apprentissage
Ylang poursuit sa formation de Dragon, elle a maintenant le droit de sortir d’Hélios, cité en pleine déliquescence. Après une mission sur Eridan dont elle est quasiment la seule survivante, elle revient avec d’importantes informations. Sa réussite fait s’accélérer son intronisation.
Dans d’autres artères de la cité, la vie est toujours aussi dure. La trahison et les pyrolyses sont légions, les chantages également. Le conseil de fanatiques religieux continue de diriger d’une main de fer la cité maudite et les mains ne cessent de se couvrir de sang.
Une série violente à l’univers implacable
Troisième volume des Âmes d’Hélios, Fer écarlate est toujours aussi noir et violent. Le lecteur découvre un peu plus le monde d’Eridan, planète refuge devenu prison, peuplé de créatures aussi monstrueuses que dangereuses. L’histoire étant vue à travers l’apprentissage d’Ylang, les auteurs nous font découvrir au fur et à mesure la cité d’Hélios. Dans cet album, Saimbert multiplie les scénettes et les lieux, le récit avance à grands pas et l’univers s’étoffe. La narration tend tout entière vers la dernière planche et l’ultime sacrifice demandé à la jeune héroïne. Avec une incroyable intégrité, Saimbert sait que ce monde ultra violent ne renoncerait devant aucune des horreurs.
Ricci affirme son talent en rendant superbement ce dédale couvert par la rouille et la salissure des âmes. Le vert jaune glauque, couleur du fanatisme fielleux et de la cruauté, s’insinue de plus en plus dans les planches, contaminant telle une fièvre les cases et les vies. Hélios, purgatoire des âmes meurtries et viciées, est le tombeau des personnages qui se débattent dans ce monde sombre, violent et acéré. Bien que la situation semble désespérée, l’acharnement de la mère d’Ylang à sortir sa fille de la misère permet d’entrevoir une lueur d’espoir, un espoir qu’Ylang elle-même entretient. Ce troisième volume comble les attentes du lecteur malgré les mystères qui planent encore autour d’Hélios et de son origine, d’Eridan et de ses énigmes, de la rébellion et des rôles clefs que seront certainement appelés à jouer certains des personnages secondaires comme Byrd ou Kash.
La chronique de 16h16