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Feu Mister Mercure

Albertine Ralenti (Coloriste), Hervé Bourhis (Scénariste, Dessinateur)
Cycle/Série : 
Langue d'origine : Français
Aux éditions : Collection :
Date de parution : 30/04/2005  -  bd
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Feu Mister Mercure

Nouvelle collection chez Dupuis, Expresso, promet de grands moments de bande dessinée avec au catalogue des rééditions comme les deux premiers tomes de Green Manor de Bodart et Vehlmann ou La Fille du professeur de Sfar et Guibert et des inédits à l’instar de Central Park de Durieux et Cornette ou le premier tome de Salvatore de Nicolas de Crécy. Et si vous aimez votre expresso bien fort et bien serré plongez-vous dans les deux albums « Double Expresso », Prestige de l’uniforme de Loo Hui Phang et Micol et Comix Remix de Bourhis.

Bourhis, né en 1974, est tombé dans la marmite des super-héros quand il était petit. Elevé au mensuel Strange dès 1984, il écrit son premier scénario à sept ans au titre à l’orthographe toute personnelle : Goldorak et les savants de Wachigtone. Il lui faudra attendre 2002 pour que son premier album - qui remporte le prix René Goscinny-, Thomas ou le retour du Tabou, soit publié aux Humanoïdes Associés. Puis publication chez Dargaud dans la collection Poisson Pilote du Stéréo Club avec Spiessert au dessin avant d’assouvir une envie qui le taraude depuis longtemps : raconter des histoire de super-héros. C’est maintenant chose faite, et bientôt sa seconde envie sera réalisée, une histoire de viking est d’ores et déjà prévue pour la collection Double Expresso.

« - Quelle mode grotesque de les appeler tous Mister ou Miss quelque chose…
- Lui, ils auraient pu l’appeler Mister Psychopathe.
- Il me semble l’avoir déjà vu dans une pub pour une sauce qui arrache… »

Bienvenue à Towertown, ville tenue d’une main de fer par la Corporation des super-héros, elle-même sous le joug de la terrible Miss Honolulu. Ceux qui étaient chargés dans le temps de veiller à la sécurité du citoyen lambda vendent aujourd’hui leur image à la publicité - la Corporation se prend d’ailleurs 50% de commission au passage - préfèrent cramer un taggueur plutôt que de le remettre aux autorités et torturent joyeusement un membre des Clandestins lorsqu’il a le malheur de tomber entre leurs mains. Les Clandestins, justement, sont un groupe de super-héros entrés en résistance.

Aujourd’hui Towertown pleure son héros, Mister Mercure, tragiquement décédé en mission. La Corporation des Super-héros, la Corpo pour les intimes, prend sous son aile la femme et surtout le fils du héros, John-John, qui pourrait bien avoir les mêmes capacités que son défunt père. Le garçon est envoyé, à son corps défendant, à l’université des Juniors bien que ses pouvoirs ne se soient pas encore révélés. Rapidement, les choses se compliquent. Les Clandestins tentent à plusieurs reprises d’enlever Madame Mercure et son fils afin, selon eux, de les protéger de la Corpo. Un petit film montre le zélé et un peu fêlé Mister Spice en train de carboniser Mister Mercure. Pour quelles raisons, si le film s’avère authentique, un membre de la ligue en aurait-il assassiné un autre ?

Super héros à la dérive

Si vous cherchez des aventures pleines d’héroïsme et de loyaux combats menés par des super-héros au sourire éclatant et à la moralité irréprochable, passez votre chemin. Hervé Bourhis se fait un malin plaisir de détrôner les héros en costumes ridicules et bigarrés qui ont fait, et font encore, les beaux jours de Marvel et DC Comics. Le jeu de mot du titre donne le ton de cette série décalée et drôle. Si tout à coup, les super-héros n’œuvraient plus pour le bien de la communauté mais pour leur compte personnel, s’ils se laissaient avoir par le grand Capitalisme, s’ils vendaient leur image en apparaissant dans des publicités ridicules où ils vanteraient les mérites de certaines boissons gazeuses ou de produits détachants, qu’adviendrait-il ? Ces velléités de pouvoir, qui passe par l’argent, sont symbolisées par Miss Honolulu aussi laide que son nom est évocateur de contrées lointaines et exotiques. Personnage secondaire absolument génial qui mérite que l’on s’y intéresse de près, tout comme la fascinante Ysalide.

Comix Remix nous entraîne de l’autre côté du miroir. Il dévoile la vie privée des Super-héros qui ont femmes et enfants, mais également les intrigues de couloirs. Bourhis en oscillant entre la parodie, la satire et l’hommage évite les écueils et offre une histoire non seulement rafraîchissante mais irrespectueuse et ironique. Voir des Super-héros qui ont rejoint la clandestinité parce que d’autres, les officiels, flirtent avec des idées fascisantes se livrer une bataille sans merci est jubilatoire. Une impression renforcée par le trait de Bourhis très jeté, sec et hachuré qui casse avec la rondeur et le réalisme habituels des productions américaines de comics. Avec son graphisme très « Poisson Pilote » et ses couleurs assez pâles, il fait finalement tout sauf du comics, pourrait-on dire. Bourhis a l’ambition de donner un coup de fouet au comics et c’est tant mieux !

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