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Flashback
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Flashback

Dan Simmons est depuis Hypérion un géant de la science-fiction mondiale. La liste de ses succès et de ses romans marquants est longue, que ce soit en SF donc mais aussi en fantastique, en polar et en thriller... On citera Les Fils des ténèbres, Le Chant de Kali, Les Chiens de l'hiver, Terreur ou plus récemment l'excellent Drood qui nous emmenait sur les traces de Charles Dickens. Un géant donc mais dont la réputation va prendre un sérieux coup dans l'aile avec Flashback...
 
Nick, ancien flic à la dérive
 
Depuis la mort de sa femme, Nick est à la dérive. Il passe son temps à prendre du flashback, une drogue qui lui permet de revivre ses meilleurs souvenirs. Peu à peu il se referme sur lui-même, oubliant ses amis, ses anciens collègues et son fils qui vit loin avec son grand-père.
 
Tout change quand un richissime homme d'affaire japonais lui demande de réactiver l'enquête sur la mort de son propre fils, tué par un mystérieux meurtrier six ans plus tôt à une époque où la femme de Nick était toujours vivante.
 
Flanqué du chef de la sécurité de son commanditaire, Nick va devoir se reprendre en main, avec au bout de l'affaire l'espoir de se payer assez de drogue pour retrouver son grand amour encore et encore pendant des années.
 
Un polar classique et bien mené mais un background qui gratte...
 
Au premier abord, tous les éléments sont réunis pour avoir un bon polar futuriste classique. Le Flashback remplace ici les bouteilles d'alcool que des détectives des années 50 ou 60 s'enfilaient pendant leurs enquêtes, pour oublier un sombre passé et leur déchéance. Rien de bien nouveau sous le soleil si ce n'est que cette nouvelle drogue lui fait revivre ses moments de bonheurs avec sa femme, renforçant la cruauté de sa perte. Il n'a avec le Flashback aucune chance de refaire sa vie, restant coincé dans son histoire d'amour. Bref, c'est encore plus noir que ce que nous connaissions dans ce type d'histoire.
 
De ce point de vue, le roman est efficace. Le duo entre Nick et le taciturne japonais qui l'accompagne fonctionne plutôt pas mal, avec un peu d'humour et surtout beaucoup d'action, d'interrogatoires, de déductions et de coups bas.
 
Là où le bas blesse, c'est le background et les commentaires politiques du narrateur. En gros, les Etats-Unis sont en pleine déliquescence morale et financière en 2035. Son influence internationale a été réduite à néant par une crise profonde dont le point de départ est la politique notamment sociale menée par Obama. Résultat, en plus d'un chômage et d'une misère galopante, le flashback gangrène la société civile tandis que les Hispaniques menacent de reprendre la Californie et le Nouveau Mexique, que l'Europe est devenue musulmane et que le monde est désormais dominé par les Japonais et le Califat Global. Tout cela pourrait encore passer si l'ensemble ne s'accompagnait de saillies politiques ancrées bien à droite (très à droite).
 
La question de la séparation de l'auteur, de ses idées et de son oeuvre a souvent été posée. Peut-on lire sans arrière pensée des écrivains dont les opinions tirent vers les extrêmes ? Et peut-on lire la poésie des meurtriers ? Ceux qui penchent pour le "Oui" avancent souvent la neutralité de l'oeuvre comme condition. Ici l'oeuvre n'est pas neutre. Les convictions de Dan Simmons sont connues et portent plutôt vers les Républicains aux Etats-Unis. Elles donnent à ce roman un goût amer, nauséabond dans ce qu'elles impliquent de rejets de l'autre. Et elles sont tellement présents qu'il est difficile de passer outre.
 
On peut toujours dire que l'on apprécie le polar, mais l'on ne peut ignorer les positions idéologiques. Dan Simmons aurait mieux fait de s'abstenir. Elles en gâchent la lecture. Un roman à éviter donc...

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