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Flashback

Dan Simmons ( Auteur), Corbis (Illustrateur de couverture), Patrick Dusoulier (Traducteur)
Langue d'origine : Anglais US
Aux éditions : Collection :
Date de parution : 14/05/2012  -  livre
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Flashback

Dan Simmons est un des piliers de la littérature de science-fiction et fantastique, il est l’auteur de nombreux romans, qui ont pour la plupart connu un fort succès mondial. Son cycle d’Hypérion a fait l’unanimité, de par son univers original mêlant de nombreux thèmes et postulats de science-fiction.

Flashback est son dernier roman en date, paru en 2011 en langue originale.

Un meurtre, un flic en déchéance, un monde en faillite

Faillite économique et morale, tel est le maître mot du monde de 2035. Israël a été rayé de la carte par une bombe atomique et Le Califat global étend peu à peu son règne international, ne rencontrant presque plus d’opposition mise à part celle du Japon ou de l’Inde. Les pays autrefois prospères comme les États-Unis ou l’ensemble de l’Europe sont désormais affligés par la pauvreté, le chômage et la violence, sans véritable gouvernement stable. L’Amérique, qui ne compte plus que quarante-quatre états et demi (la Californie est coupée en deux), survit plus ou moins grâce à l’aide qu’elle apporte à l’Inde ou au Japon dans leur soif de conquête, en leur prêtant sa jeunesse pour servir de mercenaires lors des différents conflits dans lesquels ils sont engagés. Parallèlement, la reconquista hispanique bat son plein dans les états du Sud américain, prenant possession d’un territoire de plus en plus large. Les grandes métropoles autrefois prospères ne sont plus que champs de ruines, lieux de débauche et de perdition.

Dans ce contexte, Nick Bottom, un ancien policier de Denver, a quitté l’uniforme après la mort de sa femme Dara dans un accident de voiture. Dévasté par cette perte tragique, il a perdu pied et est devenu accro au Flashback, une drogue qui lui permet de revivre à l’infini les moments heureux avec sa femme. A tel point qu’il a abandonné son fils, Val, à son grand-père George Leonard Fox, le père de Dara qui vit à Los Angeles. Val fait désormais partie d’un flashgang, un groupe de jeunes garçons adolescents qui commettent agressions, viols et autres violences afin de les revivre ensuite sous Flashback.

Mais Nick, qui aimerait se perdre à tout jamais dans les souvenirs enfuis, est subitement ramené à la réalité de sa pauvre existence lorsque le milliardaire japonais Hiroshi Nakamura vient lui demander d’enquêter à nouveau, six ans après, sur le meurtre de son fils Keigo. Nick avait déjà mené l’enquête sur cette affaire il y a quelques années, sans succès. Le crime n’a toujours pas été résolu depuis lors. S’il parvient à résoudre l’affaire, Hiroshi Nakamura lui promet assez d’argent pour passer le restant de ses jours sous Flashback ; s’il échoue, il risque la mort.

Pourquoi un milliardaire japonais, qui pourrait bien devenir le prochain shogun de la nouvelle sphère de coprospérité de la Grande Asie Orientale, et peut-être asseoir son pouvoir sur le monde entier, demande-t-il à un drogué sans avenir de résoudre le meurtre de son fils ? En quoi la mort de Dara, survenue à peu près au même moment, est-elle liée à cette affaire ? Quel secret avait découvert Keigo Nakamura lorsqu’il tournait alors un documentaire aux USA sur les accros au Flashback ? Le Flashback II, qui permettrait non seulement de revivre ses propres souvenirs, mais aussi de créer de faux souvenirs idéalisés, n’est-il qu’une rumeur sans fondements ou pourrait-il voir le jour ?

Mauvais rêve

Dans la veine actuelle des romans d’anticipation catastrophiques, Dan Simmons nous dépeint un futur bien sombre. Toutes les grandes sociétés occidentales sont parties à vaux l’eau et le Japon, l’Inde et le Califat global sont revenus à des méthodes moyenâgeuses pour tenter de prendre la place laissée vacante par les États-Unis et les pays européens. Le ton est donné et se révèle caricatural. Le roman est l’occasion pour l’auteur d’un pamphlet politique virulent, notamment une attaque contre la politique sociale mise en place par Barack Obama. Car si les États-Unis connaissent la déchéance dans cet univers imaginé par Dan Simmons, c’est suite aux mesures prises par le gouvernement actuel, qui dilapide ses ressources dans l’aide sociale.

Quel dommage que Dan Simmons ait décidé de laisser ce qu’il semblerait être ses opinions politiques par trop imprégner cet ouvrage, à tel point que l’histoire paraît presque secondaire, et que le véritable sujet du roman semble n’être qu’un avertissement sur ce qui pourrait attendre les Américains s’ils ne changent pas de gouvernement ; sans parler du malaise que suscite le regard porté sur les autres pays et nationalités, même si le mode de vie des Américains eux-mêmes est également dénigré.

Vraiment dommage, car sans ce contexte politique, qui nous met mal à l’aise et qui prend le pas sur le récit, les aventures de Nick Bottom auraient pu être considérées comme réussies, mêlant ainsi enquête et action. Un peu trop d’action type « combat avec gros bras » d’ailleurs, toujours dans la caricature, ce qui n’est pas non plus l’habitude de Dan Simmons. Le principe shakespearien était pourtant intéressant, lui. Dans Flashback on ne sait pas en effet où commence et où s’arrête la réalité, où débute la frontière entre le sommeil et l’éveil, et Nick Bottom, homonyme du personnage du Songe d’une nuit d’été, dont le lien à cette figure théâtrale est sans cesse rappelé dans le récit, connaît les affres du questionnement même de son existence. Une conclusion dickienne attend d’ailleurs les lecteurs.

Flashback aurait donc pu être un bon roman, sans cette propension aux scènes à sensation et, surtout, sans ce trop-plein d’idéologie manichéenne que le lecteur, malgré ses efforts, ne peut ignorer.

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