De la pharmacie à la science-fiction
François Rouiller est un pharmacien suisse. Il s’est d’abord fait connaître avec un recueil d’illustrations Après-demains, (L’Atalante, 2002), ainsi qu’un essai sur les drogues et la toxicomanie dans la SF, Stups & fiction, (l’Atalante, 2002). Notons qu’il a obtenu le grand prix de l’imaginaire pour un essai publié en 2007, 100 mots pour voyager en science-fiction. Déjà publié en 2016, Métaquine® Indications est le premier volet d’un dyptique qui a remporté le prix Rosny aîné en 2017. On va vite voir qu’il s’agit d’une dystopie médicale…
Bientôt tous drogués ?
On découvre au fur et à mesure du roman plusieurs personnages confrontés au défi de la Métaquine®, un médicament commercialisé par la firme Globantis, censée guérir la plupart des troubles dont peuvent souffrir enfants et adultes. Ainsi elle assagit les écoliers dissipés, transforme les cancres en forts en thème et guérit les adultes cyberaddicts réduits à l’état de zombis. Mais tous ne veulent pas de cette drogue. Il y a Regis, ado qui veut sauver son imagination qui lui permet de survivre face à sa mère enfermée dans la réalité virtuelle. Il peut compter sur Sophie, sa vieille voisine, neuropsychiatre en retraite qui discerne bien les dangers de la Métaquine® bien alimentée en infos par un de ses anciens élèves. Mais la machine commerciale est en marche et la Métaquine® se répand… personne au sommet ne pense ou ne souhaite s’intéresser aux effets secondaires.
Une anticipation réussie
Quand on a en mémoire certains scandales récents liés à des médicaments finalement dangereux comme le mediator, on lit Métaquine® Indications avec beaucoup d’attention. C’est ici tout l’intérêt de la science-fiction, censée pour beaucoup d’entre nous (c’est mon cas) nous parler du monde d’aujourd’hui à travers une exploration du monde de demain. Percutant, Métaquine® Indications peut rebuter au début à cause du grand nombre de personnages. Cependant, plus on avance et plus ce problème disparaît. Voici donc un bon livre et on lira le second tome.
Sylvain Bonnet
