
Et par le genre, enfin. Car si George Martin a déjà écrit quelques nouvelles de fantasy, ses genres de prédilection sont restés pendant de longues années la science-fiction, le fantastique et l’horreur. Pour quelqu’un n’ayant pas beaucoup écrit dans cette catégorie, Martin a bel et bien révolutionné le genre par la dimension, la puissance et l’originalité de son cycle...
L’histoire
Pendant des siècles, la famille Targaryen a régné sur le Royaume des Sept Couronnes. Mais la folie du roi Aerys II et l’enlèvement par son fils de Lyanna Stark plongent le royaume dans une guerre civile qui ne prendra fin qu’avec le régicide d’Aerys par Jaime Lannister. Robert Baratheon est alors désigné roi et se marie, pour des raisons politiques, à Cersei Lannister. Les survivants de la famille Targaryen, Viserys, l’héritier du trône, et sa sœur Daenerys se voient contraints de s’exiler de l’autre côté de l’océan, sur le continent Essos.

Au Nord, au-delà des terres des Stark se trouve le Mur, qui protège les Sept Couronnes des tribus de sauvages. Jon Snow, fils bâtard d’Eddard Stark, s’est engagé dans la Garde de Nuit, une milice chargée de garder le Mur et composée des plus vils habitants du royaume – assassins, violeurs, voleurs. Or, les rumeurs se répandent sur le retour des Autres, d’antiques êtres censés avoir disparu depuis des siècles et vivant de l’autre côté...
Au même moment, dans les Cités Libres, la jeune Daenerys est vendue par son frère à Khal Drogo, un seigneur barbare qui lui promet en échange de cette union une armée pour envahir Westeros et reconquérir le trône.
Ces événements, et bien d’autres, vont se mêler afin de raconter la lutte de ces différents protagonistes pour le contrôle du pouvoir et la mainmise sur le Trône de fer.
Mais attention... L’hiver vient.
Les thèmes

Intrigues, complots, traîtrises, alliances et guerres. Ici le pouvoir se conquiert sur les champs de bataille, meurtriers, et durant les festins, qui peuvent se révéler l’être tout autant. Les romans font la part belle aux personnages, à leurs côtés sombres et à leurs évolutions. Caractères tout en nuance de gris, ils sont profondément humains, jusque dans leurs nombreuses erreurs. Homme, femme, noble, chevalier, simple guerrier et même enfants, tous se côtoient et tous ont leur rôle à jouer. Et George Martin ne recule pas devant la difficulté à inventer des personnages atypiques.
« Le personnage « point de vue » le plus difficile fut Bran, pour deux raisons. La première : son âge. Il est le plus jeune et il est difficile d’écrire du point de vue d’un enfant. Ce n’est pas impossible mais cela ralentit un peu l’écriture. Il faut penser à tout ce qui se passe et se demander : “Comment un enfant de huit ans verrait ça ? Comment il le décrirait ? Il n’utiliserait pas le même vocabulaire qu’un adulte. Il pourrait ne pas comprendre certaines choses, même s’il les voit ou les entend. Il pourrait ne pas comprendre le contexte dans lequel s’inscrit ce qu’il voit ou entend”. Cela rend l’écriture un peu plus lente et requiert un peu plus d’attention. (...) La seconde vient du fait que Bran est probablement, dans les premiers livres, le personnage le plus lié à la magie, et la magie est centrale en fantasy. (...) Trop de magie et elle peut s’emparer du livre. On perd beaucoup du drame humain quand les personnages résolvent leur problème en utilisant un sort ou une baguette magique. C’est quelque chose qui peut être évité, et j’ai essayé de le faire du mieux possible. Cela demande beaucoup d’attention. Pour toutes ces raisons, les chapitres de Bran ont été ceux qui m’ont paru prendre le plus de temps et ont impliqué le plus de difficulté.3 »
Violences, meurtres, amputations, viols, rien n’est épargné aux personnages... et aux lecteurs. Les principales critiques proviennent de cet hyper-réalisme, qui peut mettre mal à l’aise, tant les protagonistes sont parfois malmenés.

L’une des particularités des livres provient de la narration : chaque chapitre suit en effet les événements selon le point de vue de l’un des personnages. Les événements majeurs sont mis au premier plan ou relatés en toile de fond, suivant si le protagoniste y participe ou non. De nombreux arcs personnels peuvent ainsi être développés. L’on suit donc, quelque soit l’endroit géographique où est raconté le chapitre, l’histoire globale et les ramifications de l’intrigue. Rien n’échappe au lecteur. G. R. R. Martin confie d’ailleurs que son travail en tant que scénariste pour la télévision a influencé l’écriture du Trône de fer :
« Une des choses que vous apprenez à la télévision est le découpage en acte, afin d’inciter les spectateurs à regarder la suite après la publicité. Un script d’une heure est découpé en plusieurs actes et vous cherchez à ce qu’ils se terminent à chaque fois, pas forcément avec un cliff-hanger mais avec un retournement de situation, une résolution ou une découverte. C’est également un bon procédé pour un livre. Après avoir travaillé à Hollywood, je pense être plutôt bon à ça. C’est une construction que j’ai adopté avec les chapitres du Trône de fer. Cela fait du roman un page-turner. “Que va-t-il se passer ensuite ?” C’est une phase par laquelle je veux que tous mes lecteurs passent.5 »
Les personnages
Voici une liste non exhaustive des personnages les plus importants du Trône de fer :
Eddard Stark : seigneur du Nord, il est le père de Robb, Sansa, Arya, Bran et Rickon. Marié à Catelyn Stark, née Tully, il a également un fils bâtard, Jon Snow. Il n’était pas destiné à diriger mais la mort de son frère par Arys II Targaryen l’a nommé seigneur de Winterfell. Dans le premier tome, il est nommé Main du roi et se voit contraint de rejoindre Port-Réal, laissant ses terres sous la responsabilité de son fils aîné et de sa femme. La devise de la maison Stark est : « L’hiver vient ».

Sansa Stark : fille aînée d’Eddard et de Catelyn, elle est l’archétype parfait de la jeune demoiselle qui ne rêve qu’aux preux chevaliers et aux belles toilettes. Elle se comporte comme une vraie dame et connaît les usages de la cour : broderie, danse, étiquette. Elle s’entend très mal avec sa sœur et n’est proche d’aucun de ses frères.
Arya Stark : fille cadette d’Eddard et de Catelyn, elle est l’antithèse de Sansa. Garçon manqué, elle préfère passer son temps à s’entraîner au maniement de l’épée plutôt que de rester sagement à apprendre la broderie. Elle s’entend très bien avec son demi-frère Jon, qui lui offrira sa première épée, baptisée « Aiguille » par dérision. Intrépide, elle n’a pas la langue dans sa poche et ne recule devant rien.
Jon Snow : fils bâtard d’Eddard, ce dernier refuse à dévoiler l’identité de sa mère, n’hésitant pas à brouiller les pistes. S’il s’entend bien avec ses frères et Arya, sa relation avec Catelyn reste houleuse, celle-ci le rejetant. Malgré une éducation aux côtés des enfants Stark, conscient que sa place n’est pas à Winterfell, il finira par s’engager dans la Garde de Nuit, marchant dans les traces de son oncle, Benjen, patrouilleur de la Garde.
Jaime Lannister : fils de Tywin Lannister, frère jumeau de Cersei Lannister, il est connu comme le régicide, celui qui tua Aerys II Targaryen. Arrogant et habile à l’épée, il fait partie de la Garde Royale, mais préfère arborer les couleurs de sa maison, rouge et or, plutôt que le blanc de la Garde. La devise de la maison Lannister : « Je rugis. » (Mais la plus connue reste l’officieuse : « Un Lannister paye toujours ses dettes. »)
Cersei Lannister : femme de Robert Baratheon, roi des Sept Couronnes après la guerre civile qui a vu le régicide d’Aerys II. Elle est la fille de Tywin Lannister et la sœur jumelle de Jaime Lannister. Elle a trois enfants, Joeffrey, Mircella et Tommen. Inflexible et ambitieuse, elle enrage d’être cantonnée au rôle de « femme de ».
Tyrion Lannister : frère cadet de Cersei et Jaime, sa naissance entraîna la mort de sa mère, Joanna Lannister, décès que ne lui pardonnera jamais son père. Nain, difforme, il compense son infirmité par son intelligence et sa ruse. Son mauvais caractère l’entraîne souvent dans des situations périlleuses. Mal aimé de sa famille, seul son frère Jaime lui témoigne de l’affection.
Robert Baratheon : roi des Sept Couronnes après la mort d’Aerys II Targaryen, il a deux frères cadets, Stannis et Renley. Bon-vivant, porté sur la boisson, sa forte carrure s’est peu à peu empâtée. Promis à Lyanna Stark, sœur d’Eddard, il finira par être marié à Cersei Lannister, pour qui il n’a aucune affection et qu’il n’hésite pas non plus à rudoyer.Iil n’apprécie pas non plus énormément Joffrey, son fils aîné. Il demande à Ned Stark, son ami de toujours, de devenir la Main du roi, à la mort de Jon Arryn. La devise de la maison Baratheon : « Nôtre est la fureur ».
Daenerys Targaryen : sœur de Viserys Targaryen, l’héritier du trône, elle descend de la prestigieuse lignée des Targaryen, les « rois dragons », ayant régné sur les Sept Couronnes pendant trois siècles. Elle sera mariée de force à un seigneur barbare en échange d’une armée pour que son frère puisse reconquérir son titre. Timide et fluette, elle ne rêve que d’une vie tranquille. Malgré son effacement au profit de son frère, elle reste bien plus lucide que lui sur ses chances de succès et ses alliés potentiels. La devise de la maison Targaryen : « Feu et Sang. »
Theon Greyjoy : pupille et otage de la famille Stark, il grandit au côté des enfants d’Eddard. Séduisant, tombeur des dames mais jeune homme arrogant, c’est un archer très doué. Il descend des Fers-Nés, ces hommes vivants sur les Îles de Fer. Il souffre de sa condition, ne s’étant réellement lié d’amitié qu’avec Robb. La devise de la maison Greyjoy : « Nous ne semons pas ».
Samwell Tarly : jeune garçon rondouillard et un peu empoté, mais très éduqué, envoyé sur le Mur par son père à cause de sa couardise et sa peur des armes, il devient rapidement l’ami de Jon Snow, au côté duquel il essaye de s’améliorer.

Chaque volume du Trône de fer étant assez dense, à leur parution en France ils ont été divisés en plusieurs tomes :
• A Game of Thrones : Le Trône de fer et Le Donjon rouge.
• A Clash of Kings : La Bataille des rois, L’Ombre maléfique et L’Invicible Forteresse.
• A Storm of Swords : Intrigues à Port-Réal, L’Épée de feu, Les Noces pourpres et La Loi du régicide.
• A Feast for Crows : Le Chaos, Les Sables de Dorne et Un Festin pour les corbeaux.
• A Dance with Dragons : Le Bûcher d'un roi, Les Dragons de Meereen et Une danse avec les dragons.
Pygmalion, l’éditeur français, a ensuite proposé une édition suivant le découpage original mais s’est arrêté au deuxième tome. L’idée a plus tard été reprise par J'ai lu, l’éditeur poche, dans un format semi-poche.
Adaptations
Fort de son succès, Le Trône de fer a été adapté sur de nombreux supports :
• un jeu de cartes dit évolutif dans l’univers de Westeros. Chaque joueur se retrouve à la tête d’une des illustres maisons de l’univers. Chaque partie met en scène batailles, luttes de pouvoir et complots par lesquels les joueurs tentent d’asseoir leur domination sur Westeros ;
• deux jeux de plateau : un wargame intitulé Batailles de Westeros qui, au moyen de figurines, permet aux joueurs de recréer certaines batailles présentes dans le Trône de fer et un jeu de stratégie, Le Trône de fer, où les joueurs doivent conquérir un nombre défini de châteaux ;
• deux jeux de rôle, dont l’un seulement a fait l’objet d’une adaptation en français, sous le nom Le Jeu de rôle du Trône de fer ;
• deux jeux vidéos, développés par le studio français Cyanide : un jeu de stratégie en temps réel et un RPG. A Game of Thrones : Genesis, le jeu de stratégie, est sorti le 30 septembre 2011. Le second, A Game of Thrones : RPG, est prévu pour le printemps 2012 ;
• des comics, qui adaptent les nouvelles à la fois du Trône de fer et de ses préquelles. Ils sont édités en France par Milady.
Mais l’adaptation la plus marquante, et celle qui a eu le plus de succès, a certainement été la série télévisée développée par HBO, la chaîne câblée américaine. Initiée en 2009, la première saison de la série Game of Thrones a été diffusée en 2011. George R. R. Martin a d’ailleurs écrit le script de l’épisode 8 et il est plutôt satisfait du résultat global :
« Oui, en fait, je suis plutôt content. C’est mon histoire. Oui, il y a des changements, des altérations. Je pense que c’est inévitable quand vous passez d’un roman à une série télévisée ou un film. Mais les modifications ont été nécessaires. Cela a toujours été mon grief avec beaucoup de films et séries adaptés de livres. Certains changements sont nécessaires simplement parce que le média est différent. D’autres sont fait parce que le scénariste, le studio ou la chaîne dit : « Ça, ça serait mieux ». Mais presque à chaque fois, ça ne l’est pas.6 »
Grand succès, ici aussi : treize nominations aux Emmy Awards et une seconde saison commandée après la seule diffusion du pilote. Elle débutera d'ailleurs à partir d’avril 2012.
Revue de presse
A Dance with Dragons :
« George Martin a écrit – écrit même, puisque la série n’est pas terminée – la plus grande série de fantasy épique de notre époque », Lev Grossman
« Oui, l’hiver vient. Tolkien est mort. Vive Martin ! », NY Times

« La PLUS impressionnante série de fantasy moderne, en terme de conception et d’exécution, est le Trône de fer de George R. R. Martin. Un chef-d’œuvre qui sera cité parmi les grandes œuvres de fantasy. », Contra Costa Times
« Parmi ceux qui écrivent dans la grande tradition de la fantasy épique, Martin est de loin le meilleur. (...) C’est un bon moment comme un autre pour le proclamer le Tolkien américain. », Time Magazine
« Magique... Le première incursion de George R. R. Martin dans la fantasy épique se trouve bien au-dessus des standards du genre. », Locus
« J’attends toujours le mieux de la part de George R. R. Martin. Et il réussit toujours. », Robert Jordan
« Une fable splendide et fantastistorique ! Impossible de m'en détacher jusqu'à l'avoir terminé... à l'aube. », Anne McCaffrey