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Google Démocratie
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Google Démocratie

Le 6 décembre dernier, le Googleplex français a été inauguré à Paris par le Président de la République. C’est à la fois un nouveau siège, un institut culturel et un centre de recherche et développement. L’actualité n’est pas si éloignée de Google Démocratie, roman d’anticipation écrit par Laurent Alexandre et David Angevin. Ces deux écrivains sont passionnés par l’intelligence artificielle et Google. Le premier est généticien et fondateur du site Doctissimo, le second, journaliste et écrivain. Leur roman écrit à quatre mains s’inspire de faits réels, et imagine le géant Google à la tête du monde. Troublant.

Google en maître du monde

 Plongée en 2018. Sergey Brain (il s’appelle brin dans le monde réel), le fondateur de Google, est devenu le maître du monde. Le co-fondateur, Larry Page, est mort. 20 ans après sa création, le réseau est connecté en permanence à tout et tout le monde. La numérisation des données, du contenu et des connaissances a fait plier les géants Microsoft et Apple. Toute l’économie est tournée vers Google. Seule l’Europe tente de résister. Médias, télécommunications, énergies, biotechnologies… Google investit des milliards dans les biotechs et les énergies nouvelles L’intelligence artificielle, dernière version de Google, est capable de répondre à toutes les questions de l’humanité…

Quand la fiction rejoint la réalité


Sergey Brin (le réel ) l’a annoncé en 2008 , il a la maladie de Parkinson. Les deux auteurs se sont inspirés de ce fait pour le point de départ de leur roman. Le contexte économique et social rappelle étrangement celui de 2011… Sur fond de crise et de précarité, Google est devenu un cerveau planétaire. Les Etats n’ont plus aucun pouvoir. Les millions de livres numérisés par Google Books et les données confiées par les internautes lors de leurs recherches ont créé un moteur de recherche utra-puissant : l'intelligence artificielle. Grâce aux évolutions de la thérapie génique et de la génétique, les clones et autres bébés choisis pour leurs gênes sont devenus courants. La maladie et la vieillesse n’existent pratiquement plus. Les hommes sont beaux et intelligents. Point final. La sélection darwinienne n’existe plus sauf pour Sergey Brain qui n’arrive pas à échapper à la maladie de Parkinson :  « Sergei pensait en priorité à sauver sa peau. En bon transhumaniste, il bandait en considérant la courbe exponentielle de la science. Le progrès serait un jour synonyme d’immortalité pour l’espèce humaine… »

Le monde est désormais divisé en deux : les transhumanistes (des groupes existent déjà aux Etats-Unis) et les bioconservateurs. Les continents qui n’ont pas suivi les avancées technologiques (l’Europe et l’Afrique) se retrouvent pauvres et misérables. Le G20 n'existe plus. Seul le G2 composé des Etats-Unis et de la Chine prospère.

Vu l’étendue de Google sur nos vies actuelles l’idée de départ de ce livre est intéressante : mettre côte à côte la politique et Google. Ce roman d’anticipation est vraiment troublant car il évoque un futur pas si lointain qui semble possible. Quand on se connecte sur le serveur Google, on ne peut s’empêcher de se demander où toutes ces informations sont compilées. Google est devenu malgré nous, une extension de nous-mêmes. Il devient difficile de s’en passer.

Si le sujet s’avère rapidement passionnant car universel il demeure néanmoins que l’écriture reste un peu « lourde ». Beaucoup de répétitions des faits, des actes qui doivent normalement contribuer à donner une sorte d’asphyxie de Google au lecteur mais qui au final l’agace un peu.

Immanquablement, l’histoire fait penser à 1984 d’Orwell. Peut-être que Google Démocratie deviendra également un classique étudié dans les lycées en 2020 ?

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