Le jour d’après
Quelque part, un homme décide d’en finir avec la vie. Il s’en va et s’enferme dans une grotte, décidé à passer à l’acte. Mais finalement, il ne fait rien. Seulement, quand il ressort, il ne croise personne. Les paysages sont déserts. Arrivé dans la ville de Chrysopolis, il ne peut que constater une nouvelle fois sa solitude. Quelques coups de téléphone l’amènent à affronter la réalité : l’humanité a disparu à cause d’un cataclysme non-identifié (un virus ? la colère divine ?) et il en est le seul survivant. Il a largement de quoi survivre, les machines fonctionnent toujours il y a de la nourriture à profusion. Mais à quoi bon ? Ce suicidaire qui voulait fuir la vie se retrouve dans une solitude propice à toutes les réflexions… et si tout cela n’était qu’un cauchemar ?
Un roman très particulier
Dissipatio H.G., paru dans les années soixante-dix après la mort de l’auteur (ses livres, refusés de son vivant, furent publiés après sa mort, ce qui montre la bêtise de beaucoup dans le milieu de l’édition), est un roman difficile à catégoriser. On est ici dans un roman de l’après-fin du monde pour ce qui relève de l’hypothèse narrative. Mais Guido Morselli attache beaucoup d’importance aux ruminations du personnage et à ses retours sur son passé. Notre suicidaire a eu une vie qui l’a mené au bord du gouffre… mais ce gouffre est maintenant d’autant plus prégnant qu’il est plus seul que jamais. Ses considérations désabusées sur son monde, celui des années soixante-dix, sont au fond toujours valables en 2023. Cette réédition était donc bienvenue et constitue une expérience littéraire qu’on ne peut que recommander.
Sylvain Bonnet